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Frère Maurice-Marie GEORGE (1924-2009)

 

 

Né le 7 mai 1924, à Châlons-sur-Marne,

aîné d'une famille de huit enfants,

Maurice entre en 1945 dans la Congrégation des Frères Missionnaires des Campagnes

qui venait d'être fondée en 1943 par le Père Epagneul, à La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne).

 

Il a été en mission dans différents Prieurés de France, en particulier en Seine-et-Marne, dans l'Yonne, dans le Tarn-et-Garonne, avec comme activité principale un travail professionnel de plombier.

Dans l’Yonne dans les années 70-80, il a travaillé dans l’entreprise de M. Vée à Charny. Là il a eu la joie d’exercer son métier avec compétence et d’aider les apprentis pour leur formation.

 

Le Journal « Fraternité » lui doit beaucoup pour la rédaction des articles.

Chaque année il participait à l’organisation du Rallye Voiture qui permettait de mettre une très bonne ambiance dans le village.

 

En 2004, il quitte le Prieuré de Montricoux (Tarn et Garonne) pour entrer à la Maison de retraite du Neubourg (Eure) dans le but d'accompagner le Frère René-Marc Goeury (bien connu lui aussi à Charny), devenu assez handicapé (il décédera l'année suivante).

 

Resté seul Frère Missionnaire des Campagnes dans cette Maison de retraite, mais en lien avec les Frères de Bernay et de Canappeville, le Frère Maurice trouvait bien sa place, en participant activement à l’aumônerie et aux différentes activités proposées aux résidents.

Il se faisait aussi un plaisir de rendre service aux personnes ayant des difficultés pour se déplacer (en poussant leur petite voiture par exemple).

 

Hospitalisé à Evreux pour des examens médicaux, il est décédé subitement le 3 décembre 2009.

 

L'inhumation a eu lieu à La Houssaye-en-Brie (en Seine-et-Marne) le lundi 7 décembre 2009 dans ce village où se trouve la maison-mère de la Congrégation des Frères, et où le Frère Maurice avait fait son Noviciat en 1945.

 

 

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 1924-2009

Une vie entre conquête et don

1924-2002 Maurice GeorgeLe 7 décembre 2009, en l’église de La Houssaye-en-Brie, famille et amis, Frères du Chapître général et quelques Frères et Sœurs de divers Prieurés, ont célébré les obsèques du Frère Maurice. Sa sœur Solange a rappelé le terreau familial et des souvenirs de famille, puis à partir de quelques symboles, les 64 ans de vie dans la congrégation furent évoqués (1945-2009) ; une vie active jusqu’au bout :

• durant de longues années, en Seine-et-Marne et dans l’Yonne, il a éprouvé la rudesse du travail professionnel et missionnaire, comme plombier. Avec talent, il a su analyser les résistances au message évangélique et partager ses découvertes dans de remarquables articles.

• longtemps il a apporté une précieuse collaboration à l’équipe de rédaction de Chronique et au petit groupe “Patrimoine” qui autour de Sœur Ghislaine Aubé a voulu mettre en valeur les écrits et réflexions du Père Epagneul. Il prévoyait tout avec rigueur et minutie.

• A Montricoux (Tarn et Garonne), puis au Neubourg (Eure) il a accompagné le Frère René Goeury dans les mois difficiles de la fin de sa vie. A la maison de retraite du Neubourg sa présence discrète et rayonnante a été reconnue par les résidents et le personnel.

Toujours très présent à la vie quotidienne locale et à celle de la communauté chrétienne, chercheur de Dieu à travers les visages rencontrés et les dépassements personnels à assumer, il disait de lui :  …ainsi sommes nous lumière et ténèbres. Nous voulons une vie féconde, donnée, sans parvenir à nous oublier nous-mêmes. Longue quête jamais achevée ici-bas… Pour comprendre l’amour, il ne fallait ni sentir ni savoir : il fallait aimer… Enfin j’ai abandonné cette opiniâtreté à vouloir faire la conquête de Dieu. Si Dieu est quelque part, c’est dans les hommes qu’on peut le trouver. Son visage se cache sous chaque visage rencontré.

Le Frère Hubert De Goy a terminé son homélie par ces mots : C’est dans ce débat permanent entre conquête et don, aveuglement et foi, contrôle et accueil de l’imprévu, que Frère Maurice s’est acheminé vers cet ultime soir qu’il entrevoyait. Il a franchi cet horizon mystérieux où Dieu dévoile enfin son visage, il nous met à table et passe de l’un à l’autre nous servir lui-même. La part d’enfance, d’étonnement admiratif que Maurice a toujours gardé pourra s’en donner à cœur joie face à l’éternelle séduction de Celui qui a réuni son peuple en liesse.

Comme l’a souligné le Fr Claude Bocquillon, prieur régional :  A travers et au-delà des turbulences de la vie, les liens de fraternité sont restés forts, comme aux premiers jours. N’est-ce pas là un beau signe de ce Royaume du Christ au milieu de nous ? ce Royaume pour lequel Frère Maurice a engagé sa vie avec nous.

Chronique n°250, Mars 2010

 

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AUTOBIOGRAPHIE

 

Frère Maurice-Marie GEORGE

ou 64 ans de vie dans la CONGREGATION FMC

(1945-2009)

 

 

Il y aura bientôt soixante ans, le 2 octobre 1949, je faisais partie du groupe de Frères qui faisait profession ce jour-là. J'avais 25 ans. A défaut d'expérience, nous avions certes la confiance et l'enthousiasme des départs pour une grande cause. Nous n'avions pas trop d'idées préconçues quant aux moyens à mettre en oeuvre mais, comme les disciples, nous nous mettions à la disposition du Christ pour vivre ensemble en fraternité, tâcher de discerner ce qu'il attendait de nous, être envoyés par lui dans les campagnes, essayer d'être de modestes témoins de l'Évangile.

 

1944-1945, pour le pays et pour l'Église de France, c'était l'époque déjà de la liberté retrouvée et de la reconstruction envisagée. Nous étions du côté des modernes, un peu grisés par les perspectives infinies du "progrès". Les sciences scripturaires presque démuselées, une prière et une liturgie dépoussiérées, une catéchèse débarrassée du dogmatisme et revenant à l'Évangile, l'histoire (presque) affranchie des silences et des tabous, la foi en l'homme...

Naïveté ou instinct chrétien, en faisant nos premières armes de "missionnaires", nous n'éprouvions alors aucune prévention à l'égard de quiconque. Nous avions l'a priori d'aimer les gens, le culot de manifester de la sympathie pour toutes les catégories sociales, les domestiques de ferme comme les exploitants, les pratiquants comme les personnes soupçonneuses envers la religion ou même franchement hostiles.

 

Il faut savoir que dans les débuts nous nous sommes tous interrogés avec surprise - inquiétude, soupçon et déception pour certains - en constatant que le Père Epagneul, toujours si brillant dans les grandes perspectives et si méticuleux pour l'organisation de la vie religieuse et communautaire, nous "faisait confiance", comme il disait, quand il s'agissait du concret de la vie apostolique. Carence ou sagesse ?

Les urgences de la vie matérielle et des relations publiques concernant le développement si rapide de la fondation, le souci - malgré son audace - de rester dans des normes acceptables aux yeux du "magistère", l'ont sans doute empêché d'envisager avec le recul nécessaire l'évolution des temps.

 

D'où les frictions - pour rester dans le politiquement correct - des années 55-65 dans la Congrégation. Je pense qu'une partie de ce que l'on déclare être notre "charisme" être avec, vivre avec, faire corps, a pris naissance du fait que, ne sachant trop comment travailler à "récapituler dans le Christ" la vie des hommes et des femmes, le monde rural, la société, nous avons commencé par le commencement, à savoir: vivre en amitié et fraternité avec les gens de notre entourage dans la vie de village et la vie de travail.

Alors je dirais heureuse et sage carence qui ne nous a pas enfermés dans une idéologie!

 

Maurice a ChevillyLa plante mise en terre par le Père Epagneul a été malmenée par les intempéries de la sécularisation, par la transformation inouïe du monde rural et de la société, emportés sur les vagues d'un libéralisme matérialiste et inhumain. Malmenée aussi par nos infidélités, nos frilosités ou nos raideurs.

Mais la plante était robuste. Elle a accueilli avec passion l'eau fraîche du Concile Vatican II. Malgré sa petite taille, elle a poussé des racines jusqu'au Portugal, en Afrique, au Brésil.

Elle peut avoir l'air chétif, mais elle bourgeonne encore!

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 Les deux ordinations diaconales des Frères Alain et Pierre le 15 juin 2008 à St Sulpice, les premières professions des Frères Eloge, Emmanuel, Etienne, François-Xavier, Mathieu, Parfait et Stéphane, le 4 octobre 2008 à Pama (B.F.), les professions perpétuelles des Frères Urbain et Louis le 27 décembre 2008 à Ouahigouya (B.F.), les entrées en noviciat de Paul, Serge, Pascal et Stéphane le 25 janvier 2009 à Pama, le professionnalisme missionnaire de tous les Frères dans les prieurés, le soin apporté à la prière, est-ce que tout cela n'est pas signe de vie et de fidélité ?

 

J'ai douté, parfois, je l'avoue. Et j'avais tort. La vieille Sarah avait ri sous cape aux propos des trois voyageurs, la pauvre Anne priant dans le sanctuaire pour avoir un garçon avait subi les sarcasmes du grand-prêtre, la rumeur traitait Élisabeth de femme stérile. Et voilà que les anges proclament que rien n'est impossible à Dieu.

 

Que le Seigneur, malgré nos indignités,

achève ce qu'il a commencé!

Deo gratias

 

Frère Maurice-Marie GEORGE

Bulletin InFMC – Noël 2008