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1993 12 Soeur Anne-Marie NaretSŒUR ANNE-MARIE NARET est décédée le 3 décembre 1993. Elle est la première Sœur des Campagnes qui ait achevé son pèlerinage terrestre. Le 6 décembre, plus de 150 personnes, famille, Sœurs, Frères et amis se serraient dans la petite église de Lombreuil où ont été célébrées ses obsèques, présidées par Frère Michel Yverneau prieur général des Frères.
Sœur Anne-Marie a été inhumée dans le cimetière qui entoure l'église, où les Sœurs du prieuré Notre-Dame de Bethléem tout proche viennent souvent prier.

Elle était issue d"une famille d'agriculteurs de la Brie. Son frère aîné, Robert, décédé il y a deux ans, était l'un des tout premiers jeunes à qui le Père Épagneul avait exposé son projet de fondation, dès le printemps de 1943. Il le rejoignit en 1946. au moment où se préparait la fondation des Sœurs des Campagnes. Quatre ans plus tard, Anne-Marie allait elle-même entrer à Lumigny, prendre l'habit des Sœurs des Campagnes le jour où son frère recevait le sous-diaconat, à Nangis, et faire profession au cours de sa première messe. Toujours, ils furent très unis.
Très bonne élève, Anne-Marie s'était engagée, après ses études secondaires, à la Jeunesse Agricole Catholique Féminine, spécialement au service des adolescentes rurales. En octobre 1943, elle avait accepté la responsabilité de la JACF pour le diocèse de Meaux, au moment où j'étais appelée à quitter ce service pour le national.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire à ses funérailles, elle avait cette finesse qu'expriment bien certaines danses de son pays briard « entre Marne et Seine », et qui me semblait traduire aussi sa délicatesse de sentiments.
Après ses vœux perpétuels, Sœur Anne-Marie, avec Sœur Claire Meyer, fit deux années d'études théologiques au Studium Notre-Dame, fondé à ce moment par le Père Motte, dominicain, pour donner à des religieuses une culture qui leur permette de participer à la formation doctrinale des jeunes Sœurs.
Après une année de vie apostolique dans l'Yonne, au prieuré de Perreux, elle fut envoyée à Brax (Hte-Garonne) en 1958 pour être, jusqu'en 1970, au service des Sœurs qui suivaient les cours de théologie du studium Saint-Thomas-d'Aquin, au couvent dominicain de Toulouse. Tâche qu'elle remplissait consciencieusement, avec son inaltérable patience... Une Sœur évoque ce souvenir : « J'étais un peu découragée par le niveau de certains cours et je disais à Sœur Anne-Marie que je n'étais pas assez intelligente pour suivre. "Ne dis pas cela, me répondit-elle. Simplement, tu as une intelligence pratique". Jamais je n'ai oublié cela ! »
De 1970 à 1978, à Lumigny ou à Lombreuil, Sœur Anne-Marie poursuivit ce service d'enseignement qu'elle aimait, tout en continuant à participer aux engagements missionnaires de son prieuré avec une part de travail salarié. Elle passa ensuite dix années à Saint-Martin-sur-Ouanne et deux années à Contres.
C'est alors que sa santé a exigé des soins de plus en plus contraignants en divers établissements hospitaliers. En 1990, elle avait été rattachée au prieuré de Lombreuil et Frère Robert avait ainsi l'occasion de la suivre davantage. Le matin de sa mort subite, en novembre 1991, il avait exprimé son intention d'aller la voir pour la préparer à paraître devant Dieu, tant son état était grave.
Les choses se sont passées autrement. Le Seigneur les a maintenant réunis, nous avons cette confiance, ne cessant de prier pour qu'ils aient part ensemble à l'éternelle joie. Nous leur demandons d'intercéder pour nos deux familles religieuses et pour ce monde rural qu'ils ont aimé et servi !


Sœur Ghislaine AUBÉ
Prieuré Sainte Marie Goretti
Chatelus-Malvaleix (Creuse)


---------------------- CHRONIQUE - MARS 1994 – Page 35------------------------------------