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Pour les Soeurs, un objectif “court” tout au long des Communications du dernier Chapitre : nous sommes devenues une Congrégation "multi-culturelles” et il y a nécessité pour nous de progresser «pour reconnaître la diversité des cultures», «cheminer dans la fraternité», «pour que chaque culture enrichisse le charisme»…

Pour les Frères, le Chapitre a demandé que le Conseil Général «veille qu’entre deux Chapitres soient étudiés en Congrégation, ou en Région, deux thèmes, l’un sur la Vie Religieuse et l’autre sur un aspect du Monde Rural». [Communications - Chapitre Général FMC page 33].

Pour la Région France, une équipe de pilotage a été nommée. Cette équipe aura un rôle de «veilleur» et sera vigilante à informer, stimuler, relancer et un rôle de lien avec les autres Régions.

MIGRANTS et MONDE RURAL

 

Avec ce papier, s'achève, pour la région France, l'axe de travail retenu pour 2011 Migrants et monde rural. Il a été l'occasion de beaucoup d'échanges, de conversions, d'éveils, de mises en route. Il a ouvert les yeux de ceux qui disaient « chez nous, il n'y a pas d'étrangers », oubliant qu'ils se font souvent discrets dans un pays mal connu; ou qu'ils se cachent, par peur. Le bulletin La Communion d'août 2011, et surtout le document envoyé par Internet aux Sœurs et aux référents, et aux Frères dans InfoReF de novembre 2011, ont fait largement écho de notre recherche. Ces documents offrent aussi des pistes pour poursuivre.

Cet élan impulsé pour la rencontre de l'étranger ne saurait, lui, s'arrêter. Après le temps de la réflexion, vient celui de l'agir. Nous avons senti des seuils à franchir, des passages concrets à faire. En voici cinq, qui sont apparus le plus clairement, qui seront utiles pour revoir nos actes et que vous pourrez enrichir de votre propre expérience : Ce sont les diverses facettes d'un même appel à nous comporter en frères!

Le groupe de pilotage

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Voir le livre de Catherine WIHTOL de WENDEN : La question migratoire au 21ème siècle, présenté par Fr. François Marchal

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A. Considérer les migrants comme des personnes.

Les reconnaître comme sujets de droit, comme des frères étrangers.

 

Considérer chacun des migrants comme une personne, avec son histoire, ses possibilités et ses limites, sa dignité; un être unique doué d'autonomie et de responsabilité.

Il est donc un sujet de droits, ainsi que le déclare l'art 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme : « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamées dans la présente déclaration sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de naissance ou de toute autre situation. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante… ».

Un sans-papier n'est pas sans droits!

 

Il est aussi, pour nous chrétiens, aimé personnellement de Dieu et ayant vocation en Jésus Christ à devenir pleinement son fils. Nous le recevons donc en frère. La fraternité est autre chose que la solidarité : celle-ci se décide librement, mais un frère ne se choisit pas. Tout homme est un frère avant d'être un migrant.

 

En pratique

 

Prendre le temps d'accueillir, d'écouter, d'aller vers ; s’attacher à ce qui les motive, les anime. Leur laisser la parole.

Les prendre en considération. Ne pas classer dans une catégorie. Vérifier et faire vérifier souvent la qualité de notre regard sur eux.

Prendre les moyens pour que leurs droits soient respectés. Il ne s'agit pas d'épouser leur cause, ou de la rejeter, mais d'accueillir une personne, y compris dans sa dimension familiale et collective.

 

 

B. Une attitude d'écoute

 

L’écoute, l’accueil : c’est l’Evangile (Mt 25). L'autre n'est pas un danger!

L'écoute gratuite, sans se demander ce que l'on va bien pouvoir faire ensuite, à quoi ça va servir.

Entendre les souffrances, mais aussi les espoirs, les capacités.

Si l’accueillant est attentif aux migrants, s’il a une attitude d’écoute, il pourra se faire entendre plus facilement quant aux devoirs et obligations.

 

En pratique

 

Prendre physiquement une attitude d’écoute (regard sur l’autre, sourire, sans trop de compassion…)

Laisser le temps nécessaire à l’expression, respecter les silences. Tenir compte de la barrière de la langue.

Percevoir à travers les gestes, le regard, les non-dits, les émotions… ce qui est prioritaire dans l’aide à apporter. La migration est une expérience traumatisante

Entendre la personne dans ce qui l'a motivée et amenée à ce déracinement et comment elle « se trouve » aujourd’hui. Comprendre de l'intérieur.

Ne pas oublier qu'ils ont une image de nous et souvent une attente envers nous. Dire qui on est, que les moyens sont limités et que l’on ne pourra pas tout faire à leur place.

Demander un interprète fiable, si besoin.

 

 

C. Respecter la différence, tenir compte de l’altérité.

Il y a beaucoup de façons d'être une personne humaine. Les différentes cultures montrent cette diversité. Pour le migrant, c'est nous qui sommes le différent.

Mais aussi, chaque personne vit sa vie, suit un cheminement qui lui est propre, fait son expérience. Il est singulier et autre que moi. Nous pouvons être en relation, en vis à vis, mais il demeure celui que je ne suis pas et dont je suis responsable. Il m'interpelle et ainsi me fait exister.

Reconnaître autrui est toujours le reconnaître plus haut que soi dans une relation asymétrique. Il manifeste mon attitude envers lui, il me juge.

 

En pratique 

Nous sommes invités à entrer dans un chemin de fraternité, de gratuité, de disponibilité, d’estime, de respect.

A nous de nous laisser initier, d'accepter de recevoir, d’être invité, accepter même un verre d’eau… Suis-je prêt à accueillir ce qu'il apporte ?

Ne pas imposer nos manières de faire et de penser, accepter d'être transformés. Et déjà utiliser quelques mots de leur langue, apprendre leurs salutations.

Avoir le désir d'une réciprocité pour aller ensemble vers un ailleurs de l'un et de l'autre.

Veiller à la place des minorités, des enfants, des malades, des personnes âgées.

  

D. Connaissance de leurs droits et de leurs devoirs

 

Les pays d’accueil ont à connaître et à respecter les droits fondamentaux des personnes migrantes et nous avons à dénoncer leurs insuffisances, leurs incohérences voire leur injustice. Il est non moins important d’être clair sur les devoirs qui incombent à l’intéressé pour ne pas l’assister.

 

En pratique

Répondre aux besoins immédiats : nourriture, hygiène, logement…

Effectuer les procédures d’accueil : distinguer les situations personnelles et familiales (demandeur d'asile, débouté, migrant économique, sans papiers ni de son pays ni de France)

Avoir un minimum de connaissance des lois actuelles et ne pas faire naître de faux espoirs.

Dire que des aides sont sans doute possibles mais que rien ne sera possible si la personne ne s’engage pas, elle aussi, et ne persévère pas sur le chemin de l’insertion… en confiance, en réciprocité, dans le partenariat…

Expliquer qu’ils sont en France et qu’il est incontournable de respecter les lois et les règles, les habitudes du pays (règles du vivre ensemble, scolarisation, environnement…) même si ces normes ne sont pas meilleures que d'autres.

Les Gens du Voyage ont une place à tenir dans la construction de ce vivre ensemble. Par exemple, la loi Besson sur les aires d'accueil prévoit leur participation.

Ne pas hésiter à prendre des notes devant les intéressés pour montrer le sérieux des démarches et de leurs déclarations.

 

 

E. Ne pas agir seul... Prendre du temps, du recul.

Mettre en relation avec les responsables

 

Ce n'est qu'en rejoignant des réseaux, des associations, que nous pouvons avancer, dans la complémentarité des approches et des actions à mener. Là seulement nous pouvons trouver les conseils et la formation nécessaire. Les inciter à se connaître et à collaborer.

Ainsi seulement nous ferons poids face à l'administration et nous pourrons peser sur ses décisions.

 

En pratique

Prendre du recul en équipe pour faire la lumière sur l’évolution des situations, mieux percevoir les actions à poursuivre et puiser l’énergie nécessaire. Et aussi pour faire personnellement révision de vie, lire l'Évangile, prier.

Savoir de quelles aides ils peuvent bénéficier et à quels organismes s’adresser. Rester prudents : certains n'ont pas intérêt à se montrer !

Connaître les adresses de la préfecture, du médiateur (pour les Gens du Voyage : aide juridictionnelle), de la mairie, des services sociaux. Garder contact avec le MRAP, l' ANGVC, la CiMADE, la Pastorale des Migrants et des Personnes Itinérantes. Faire appel aux personnes compétentes nécessaires pour les différents aspects (besoins primaires, administratifs, politiques, social).

S'ils le désirent, les mettre en lien avec des associations culturelles de leur monde ou avec une communauté de leur religion. Ici aussi, être prudents : des rivalités du pays d'origine peuvent se retrouver dans le pays d'accueil !

 

 

A propos des Tsiganes et les Gens du Voyage :

 

La prédisposition au voyage concerne l’ensemble de ces populations. C’est une minorité particulière parmi les minorités. Ils n’ont pas de lieu précis où s’installer, ni un Etat de référence quant à leur origine.

Ils ont la nationalité française, mais avec des lois d'exception. Un certain « vide » de garanties politiques et de protection civile rend la vie des Tsiganes critiques (« Les Fils du vent »)

En France, les Gens du Voyage souffrent encore d’un important rejet et font l’objet de discriminations quotidiennes et institutionnelles véhiculées depuis des siècles.

 

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Ce que disent les mots

 

 

Migrant : personne qui vit dans un autre pays que celui de sa naissance.

Emigré et immigré désignent exactement les mêmes personnes, mais en les considérant en tant qu’ayant quitté leur pays.

Etranger : personne qui ne possède pas, sur le territoire français, la nationalité française.

 

 

Titre de séjour : document administratif que doit posséder tout étranger qui entend séjourner en France au-delà d’un délai de trois mois suivant son entrée sur le territoire. Les principaux titres en vigueur : carte de séjour temporaire d’une durée d’un an (renouvelable) portant diverses mentions : salarié, scientifique, vie privée et familiale… ; carte de résident d’une de 10 ans ; carte de retraité ; autorisation provisoire de séjour, valable trois mois.

Sans papiers : personne étrangère séjournant sur le territoire national et dépourvue des titres de séjour ou de travail régulièrement établis et en cours de validité. Certains n’ont pas non plus de papier de leur pays (passeport, acte de naissance, etc…).

Les mineurs n’ont pas besoin personnellement de papiers : ils suivent le sort des adultes qui les accompagnent. Les mineurs isolés sont inexpulsables jusqu’à leurs dix huit ans.

 

 

Réfugié : personne qui « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays » et demande une protection.

O.F.P.R.A. : Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides. Placé auprès du Ministère des Affaires Etrangères, il accorde ou rejette les demandes de reconnaissance du statut de réfugié.

C.R.R. : Commission de Recours des Réfugiés. Y font appel les refusés de l’OFPRA.

Débouté : celui dont le séjour a été refusé.

C.A.D.A. : Centre pour Demandeurs d’Asile. C’est un lieu d’hébergement pour ceux dont la demande d’asile est en cours.

 

 

Interdiction du Territoire : sanction interdisant à l’étranger de se trouver ou de se maintenir sur le territoire national. C’est une décision judiciaire.

O.Q.T.F. : Obligation de Quitter le Territoire Français. C’est une décision préfectorale.

I.R.T.F. : Interdiction de Retour sur le Territoire Français. C’est aussi une décision préfectorale.

P.A.F. : Police aux Frontières

A.P.R.F. : Arrêté Préfectoral de Reconduite aux Frontières

 

 

Centre de Rétention Administrative  (C.R.A.) : locaux où sont enfermées les personnes « en situation irrégulière » dans l’attente de leur reconduite à la frontière ou de leur libération sur le sol français.

Zone d’attente : espace – dans un aéroport, une gare, un port – dans lequel peuvent être maintenus des étrangers arrivant en France pendant que leur situation est examinée, ou dans l’attente d’un vol pour les ramener à leur point de départ.

 

 

S.S.A.E. : Service Social d’Aide aux Emigrants

H.C.I. : Haut Conseil à l’Intégration.

C.E.S.E.D.A : Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile.