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Ces Psaumes qui me font vivre

Le souvenir des psaumes dans mes premières années, c’est le Dixit Dominus Domino meo des vêpres du dimanche après-midi, où nous allions en famille à l’église paroissiale. En grandissant la curiosité m’a conduit à regarder les traductions proposées en face du texte latin. Le français n’éclairait pas forcément ma prière.

La psalmodie, comme la répétition des Je vous salue Marie du chapelet, le soir en famille, m’a certainement initié à cette forme de prière que je retrouve dans les célébrations de Taizé : partage de la prière des autres, ouverture à la prière de l’Église, action ouvrant sur un au-delà de ma personne… par des mots repris par nombre de croyants depuis plus de trois mille ans, et tout particulièrement par Jésus lui-même et les premiers chrétiens (...).



Dès 1953 le père Joseph Gélineau publiait son premier recueil ‘24 psaumes et un cantique’: Le Seigneur est mon Berger (Ps 22), Mon âme exalte le Seigneur (Cantique de Marie). Il utilisait la traduction française de l’École Biblique de Jérusalem qui publiait alors sa première édition. Toute sa longue vie il recherchera dans son travail la qualité de la prière commune, et donc du chant des psaumes. Il disait : Dans l’office du culte, le chant est la forme normale de la prière commune… Mais cette prière n’atteindra sa perfection que grâce à une intelligence suffisante du texte*. Un minimum d’études, biblique et théologique, sont nécessaires pour approfondir la compréhension de ces prières.
Pour nous, chrétiens du XXI e siècle, les psaumes prennent toute leur dimension en référence au salut apporté par Jésus-Christ, le seul vainqueur du mal et de la mort. Les courtes citations du Nouveau Testament introduisant chacun des psaumes de notre livre « Prière du Temps Présent », nous aident bien à entrer dans cette compréhension.
Le premier psaume qui a vraiment accompagné ma prière personnelle, et qui l’accompagne très souvent, c’est le Ps 138 :
Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées…
Tous mes chemins te sont familiers…

Confiance totale de celui qui se livre à son Seigneur que je retrouve dans le Ps 15 :
J'ai dit au Seigneur :’ Tu es mon Dieu !
Je n'ai pas d'autre bonheur que toi’.
Tu m'apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

Le matin, au lever, c’est plutôt la louange qui m’inspire par le psaume 8 :
O Seigneur, notre Dieu qu’il est grand ton nom par toute la terre
A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?
Qu’est-ce que l’homme, pour que tu le connaisses, Seigneur,
le fils d’un homme, pour que tu comptes avec lui ?

Nous sommes dans l’Alliance proposée depuis Abraham, le partenariat de l’homme et de Dieu.

Trois fois par jour c’est la stimulation de la prière en Communauté : huit psaumes différents composent chaque jour ce service de la prière. Mais ils sont de tous les moments de la journée, quand des impatiences, des contrariétés, des rancœurs viennent dans ma vie. Le cantique d’Ézéchias (en Ésaïe 38, 17), me monte aux lèvres :
Oui, tu me guériras, tu me feras vivre :
Mon amertume amère me conduit à la paix.
Et toi, tu t’es attaché à mon âme, tu me
tires du néant de l’abîme.
Tu as jeté, loin derrière toi, tous mes péchés.
Parfois le ton d’un psaume est d'une franchise brutale, d'une spontanéité que je fais mienne dans les rencontres de personnes ou de familles en souffrance, par exemple avec les victimes de l’alcool destructeur :
Combien de temps vas-tu m’oublier ?
Combien de temps, me cacher ton visage ? (Ps 12)
Mais la confiance reprend le dessus :
Je prends appui sur ton amour,
que mon cœur aie la joie de ton salut. (v 6)
Que nous vienne bientôt ta tendresse, 
car nous sommes à bout de force !
Délivre-nous, efface nos fautes,
pour la cause de ton nom. (Ps 78)
Ce salut nous le chantons tous les dimanches par le psaume 117, jour du Salut apporté par la Résurrection du Christ Jésus.
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ; éternel est son amour !
Et le soir, avec l’arrivée de la nuit, image du soir de la vie, c’est l’annonce du ‘passage’.
Comme le vieillard Siméon je suis invité à un dernier acte de confiance :
Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur aller en paix selon ta parole
Car mes yeux ont vu le salut que tu prépares à la face des peuples
Lumière pour éclairer les nations et gloire d'Israël ton peuple. (Luc 2, 29-32)
Frère Stanislas HOUSSAIS
Prieuré Saint Étienne Châteaumeillant (Cher)

Dans Chronique de Décembre 2010 (version pdf).


* Cité par Philippe Robert dans "Joseph Gelineau, pionnier du chant liturgique en français : La redécouverte des formes", éditions Thurnhout, Belgique, 2004.