DSC09669Le 20 septembre, nous avons vécu les Sœurs de Cléon avec les frères de Dieulefit et de La Blache, une belle journée chez les Dominicaines de   La Clarté Notre Dame à Taulignan. Nous avions demandé à sr. Dominique de nous parler sur le thème : Ecologie et vie spirituelle. En voici quelques extraits.

Leur expérience :

Acculées à chercher du travail pour vivre, elles cherchaient partout « au loin »... A travers divers événements et personnes, elles ont été amenées à « regarder » ce dont elles disposaient « tout près », à savoir : des terres (3 ha.), des plantes sauvages aromatiques : thym, romarin, mélisse etc... Avec l'aide de Pierre Rabhi et d’autres, elles se sont lancées dans cette culture biologique et elles conditionnent  ces plantes pour tisanes et huiles essentielles. Cela les a entraînées à repenser « écologiquement » leur manière de vivre et elles ont aussi beaucoup reçu du monastère orthodoxe de Solan dans le Gard.

Ce qu'elles relisent de cette aventure :
   ° la conversion du regard,
   ° un travail communautaire où chacune fait ce qu'elle peut.
   ° une réponse à un appel d'aujourd'hui : sauvegarde de la planète et de l'humanité.

  Le Seigneur donne son Esprit pour les questions de l'homme aujourd'hui.

    ° cette façon de vivre est en cohérence avec l'Evangile ,
    ° cela demande une Sagesse spirituelle : très modestement porter du fruit là où l’on est, chacun dans son réseau chacun  ses gouttes d'eau cf. l'histoire du colibri.  


Textes de l'Ecriture 

Psaume 103 :  les orthodoxes le chantent tous les jours, maintient en état de louange.

Jean 15  : « Demeurez en moi comme moi en vous »
     c'est un aller-retour, on trouve le Seigneur en soi, mais aussi à l'extérieur.

Genèse 4,9 « Qu'as tu fais de ton frère ? »

 Exode 23,10 et Deutéronome 15, 1-11 le sabbat et Job 28.
     

Des mots qui ouvrent des avenues  

L'écologie n'est pas quelque chose que l'on rajoute à la vie spirituelle. Il n'y a pas de « spiritualité écologique » DSC09808mais l'Evangile lui même est écologique.

Crise écologique ? crise du Sens ? Oui, mais plus profondément c'est une crise spirituelle : qui est l'homme ? qui est Dieu ? Pas l'un sans l'autre.

L'homme, être de Désir : Il faudrait faire la radiographie de nos désirs. La société trompe l'homme à ce sujet et c'est à dénoncer, on lui montre des idoles et on dit que c'est son désir ! C'est la perversion du désir (veau d'or) « Israël, voilà ton Dieu » ! ce veau c'est ton sauveur !
On trompe l'homme sur sa grandeur.

Le Bonheur : De là on trompe l'homme sur ce bonheur, auquel il aspire. Le bonheur, on ne le prend pas, on le reçoit. C’est une promesse dont on vit et on vivra. D'où une surenchère de propositions pour être heureux, consommer, ce qui entraîne l'apauvrissement de millions d'hommes. Partager est d'abord une Justice, c'est à dire haut et fort. 

Responsabilitité  « Qu'as tu fait de ton frère ? »

On n’a pas seulement des droits mais des devoirs envers l'autre.
L'homme n'est pas le maître tout puissant sur les biens et sur les êtres.

Conversion : On parle de conversion en agriculture ou dans les professions. La conversion profonde pour l'homme est de se situer en créature, en fils, d'accepter la dépendance du Père, l’homme s'est placé au centre de ce qu'il pense être la terre et il se croit unique.


Relations: Notre Dieu est Un et Trois. A son image nous avons à être en relations avec la nature, les autres et Dieu.

Sabbat : Jour où l'on fait mémoire du Dieu Sauveur, où l'on remet tout à la vraie place, où l'on attend tout de Dieu.

« Tu fais reposer toute ta maison, tu libères ton frère.. »
On accepte de ne pas tout faire, mais d'en laisser un peu, un espace pour Dieu, il terminera le travail.
Ce repos nous met une limite = 6 jours mais pas 7.

Se décentrer et respecter : Si on ne respecte pas la terre, l'homme, on ne respecte pas Dieu et vice versa, c'est indissociable.
C'est la totalité de notre être qui est concernée :
« Enlève tes sandales » il y a une distance à tenir, il nous faut accueillir cette révélation spirituelle, comme une théophanie qui nous conduit à l'adoration.

Aujourd'hui, l'Esprit souffle aussi chez les "païens". On ne peut pas être sourds et aveugles sur ces recherches écologiques. Il nous faut entendre ceux qui cherchent ce « Dieu Inconnu" …. mais aussi avoir conscience qu'il y a une divinisation de la terre mère, un zèle mal éclairé....
Nous avons chacun une parole à dire, chacun à sa manière.

Frères et sœurs des campagnes, cette préoccupation n'est pas nouvelle pour nous. Elle est liée à notre vocation même. Mais comment la vivifier ? l'entretenir ? La fonder ? Cela ne se réduit pas à cultiver ou manger bio., à faire quelques économies d'énergie mais c'est tout un art de vivre, une Sagesse, une contemplation du Mystère du Christ et c'est aussi une mission.

Sr Marie-Jeanne Barlatier (Prieuré de Cléon)