Lecture de la première lettre de saint Jean 1 Jn 3,14.16-20

Mes bien-aimés,
nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie
parce que nous aimons nos frères.
Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
Voici comment nous avons reconnu l’amour :
lui, Jésus, a donné sa vie pour nous.
Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.
Celui qui a de quoi vivre en ce monde,
s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion,
comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ?
Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
car si notre cœur nous accuse,
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc Luc 12,35-38.40

Jésus disait à ses disciples :
Restez en tenue de service,
et gardez vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »

 

Homélie

Il y a quelques années, aux obsèques d'un de nos Frères, j'étais assis dans l'église à côté de Frère Hubert-Louis ; et à un moment, je l'entends dire : « Il a de la chance lui ! » J'ai été assez étonné, mais j'ai alors pensé que notre Frère espérait que vienne assez vite cette rencontre qu'il qualifie lui-même de « redoutable et pleine de miséricorde avec Celui qui nous aime tant. » Il a vécu maintenant cette rencontre et il peut contempler dans le face à face ce Père aimant et plein de miséricorde.
« Restez en tenue de service, »
Frère Hubert-Louis a connu des moments de fatigue, au point d'interrompre études et activités pastorales. A plusieurs reprises, il a dû prendre de longs moments de repos.
Mais notre Frère n'était pas du genre à rester sans rien faire, alors il se met au travail manuel, parce que ,disait-il, « parfois je ne peux rien faire d'autre ». Je pense que dans les prieurés où il est passé, presque toujours, c'est lui qui a travaillé le jardin et qui en a cuisiné la production. Nous avons pu le voir dans ces dernières années ; c'était parfois à la limite de ses forces physiques.
« Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller... c'est lui qui les fera prendre place à table et passera pour les servir. »
Celui qui est venu se faire Serviteur vient accueillir ceux qui, tout au long de leur vie, ont servi Dieu en prenant soin de leurs frères.
Frère Hubert-Louis a servi les autres, physiquement... manuellement
Il a les servis aussi spirituellement.
Frère Hubert-Louis état un homme d'écoute.
Écoute de la Parole de Dieu..... Écoute des autres.
C'est pour cela qu'il lui a été demandé d'accompagner des communautés, des Frères, des Sœurs, des laïcs, divers groupes de chrétiens, dont tout récemment à Lorris les équipes du Rosaire.
Homme d'écoute, il a intériorisé la Parole de Dieu et la parole des autres ; aussi ses prises de parole étaient éclairantes et toujours appréciées.
Cet accompagnement, il l'a vécu dans l'humilité que nous lui connaissons. Une humilité réaliste, pleine de bon sens. Quand on lui demande d'enseigner aux frères étudiants la spiritualité et les Pères de l’Église, il écrit : « Enseigner permet d'abord d'apprendre... J'apprends plus que je donne ».
Sur le plateau du Neubourg dans l'Eure, Frère Hubert-Louis commence une responsabilité pastorale que la fatigue lui fera arrêter trop vite. Mais il accompagne des équipes d'ACGF, l'Action Catholique des Femmes. Il écrit : « des équipes de grande qualité qui m'aident à mûrir et à m'ouvrir, en particulier à la situation des femmes dans la société et dans l’Église ».
« Je ne suis pas fait pour diriger » écrit-il encore. Et c'est heureux! Alors, il poursuit : « Ce m'est une grande joie d'être avec un peuple, d'avancer avec des chrétiens qui ont conscience d'être l’Église, en ce temps du Concile ».
Un homme de foi qui sait voir l'Esprit à l’œuvre dans la vie de l’Église, et qui rend grâces à Dieu.
La foi de Frère Hubert-Louis, c'est dans la vie ordinaire et quotidienne, la certitude d'être aimé de Dieu, même s'il reconnaît que c'est toujours à commencer et à recommencer : « En toutes circonstances, il est possible, sinon d'aimer vraiment, du moins de commencer à aimer. » C'est de cette manière que notre Frère a vécu la parole de la lettre de saint Jean : « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »
Notre Frère a fait profession de suivre Jésus. Il l'a contemplé dans sa parole et dans sa vie : « Voici comment nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. »
Nous avons pu parfois nous agacer quand Frère Hubert-Louis parlait de ses limites, de ses incompétences. Il a fait maintenant la rencontre avec Dieu dont saint Jean nous dit qu'il apaise notre cœur, « car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. »
Nous sommes là pour remettre la vie de Frère Hubert-Louis entre les mains de Dieu notre Père, pour rendre grâces pour tout ce qu'il fait de bon. Que nous sachions suivre l'exemple qu'il nous donne.
Je vous livre encore une de ses belles paroles : « Dieu nous aime tellement qu'il veut nous faire aimer comme lui ».
Frère Paul Fruchet