25 novembre 2020 - Lorris
Job 19,23-27a , Psaume 41-42, Matthieu 25,31-40

« Chaque fois que vous l’avez à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
C’est le texte d’Évangile de dimanche dernier.
C’est aussi notre choix pour évoquer dans cette célébration la vie et l’activité missionnaire de notre Frère.
Nous le savons tous, pour Frère Marius, « Ces petits qui sont mes frères » dont nous parle Jésus, ils avaient le visage des gens du voyage . Un Frère a calculé que Frère Marius s’est mis à leur service pendant 52 ans, dans l’Indre et ici dans le Loiret. Les gens du voyage et aussi tous ceux qui ont besoin d’être aidés et reconnus. Dans le courrier que nous avons reçu ces jours-ci, certains personnes témoignent de sa participation aux activités du Secours Catholique.
Avec la Pastorale des gens du voyage, Frère Marius a participé à de nombreux rassemblements et pèlerinages. Il en a accompagné et préparé aux sacrements, principalement le baptême.
C’est « le frère avec la 4L »…Il paraît que c’était comme çà que des gens connaissaient Frère Marius. Avec cette 4L, Frère Marius a fait beaucoup de déplacements et rendu de nombreux services.
Est-ce Frère Marius n’était aussi un de ces humbles ? Ce n’était pas une force de la nature. Il a connu la fatigue. Mais çà ne l’a pas empêché d’être actif. Pendant une vingtaine d’années, Frère Marius a vécu dans le Berry, au sud de l’Indre. Je me suis toujours demandé comment il a tenu le coup en faisant les battages dans les fermes, car c’était un métier dur. Plus tard il a fait les tournées du boulanger dans les villages. Le samedi, les tournées étaient longues et se prolongeaient jusque dans la nuit tombée. Le dimanche matin, nous voyions Frère Marius arriver à la prière avec de la migraine. Mais l’après-midi, il prenait la voiture et partait en visite auprès de ses amis les gens du voyage. Le soir, il nous revenait en forme : Conduire calmement et rencontrer ses amis voyageurs avait fait passer la migraine !
Je suis arrivé tout jeune frère dans cette communauté dans l’Indre où il y avait donc Frère Marius et Frère Louis Loiseau, tous les deux autour de cinquante ans. Voir vivre et vivre avec ces deux Frères aînés, bien enracinés dans leur vie de religieux, voir leur fidélité à la prière, leur présence au travail et aux activités missionnaires, vivre avec eux cette vie fraternelle, cela a été une bénédiction pour moi et souvent j’en ai rendu grâces au Seigneur.
« Je sais, moi, que mon rédempteur est vivant… Je le verrai face à face et il ne sera plus un étranger pour moi. » Ce texte de Job nous rappelle bien la foi de Frère Marius. Depuis longtemps, il était prêt pour cette rencontre avec son Seigneur ; On peut dire je crois qu’il attendait cette rencontre. Il nous disait : « ça va arriver un jour ». Dans ses dernières années au prieuré, il allait plusieurs fois dans la journée à l’oratoire prier et égrainer son chapelet. Et à la maison de retraite, les rares sorties de sa chambre, c’était pour aller dans le couloir, à un endroit d’où il pouvait voir la chapelle de la maison, et là il prolongeait la prière qu’il avait commencé dans sa chambre.
Nous aurions aimé fêter dans quelques semaines seulement les 100 ans de cet homme de foi, de cet homme de service et de charité. Rendons grâce ensemble pour cette vie entièrement donnée. Demandons au Seigneur de l’accueillir dans la plénitude de la Vie.

Frère Paul Fruchet