Veiller...
Accueillir le Seigneur...
Quand Il vient...
Homélie
Par Frère Hubert-Louis de Goy

Cet évangile nous parle de situations opposées :
Départ -et- on ne sait quand : Retour...
Incertitude-et-continuité dans la tâche demandée...
Absence et présence retrouvée...
Nuit-et-lumière...
Situations successives mais aussi « à la fois », comme la mort et la vie, mêlées.
Dans le vivant la mort est présente et de la mort peut surgir la vie.
Je vois frère Gérard - à l’automne - activement et soigneusement il ramassait les feuilles mortes, pour la propreté, surtout pour enrichir, assouplir, vivifier la terre de son jardin... Des feuilles « mortes » pour « la vie ». C’était plus que le cycle naturel comme dans la forêt, car l’art du jardinier en faisait surgir quelque chose de neuf et d’excellent.
Mais pâle ébauche et annonce de l’imprévu qu’annonce l’Évangile !

Là, cet imprévu survient au retour des noces du maître à qui les serviteurs ont ouvert dès qu’il a frappé - « à l’heure où ils n’y pensaient pas ».
Alors, tout bascule ; le Maître, au lieu de se faire servir prépare le repas et fait passer à table les domestiques, les traite royalement : c’est le monde à l’envers et bien autre chose qu’un remerciement. Les domestiques ne sont plus des serviteurs mais des rois.

La fidélité au service du Maître, fr. Gérard l’a exercée avec ténacité.
Il y a peu, à la retraite quand il participait aux Jardins solidaires, à Solidarité Emploi Service de Lorris et au Secours Catholique, dans son accueil aux personnes en passe difficile.
Étant ouvrier maçon, il avait le souci du travail bien fait et le souci de la justice pour ses camarades comme pour ses employeurs.
A un moment, rendu incapable de tout mouvement, il aurait pu tout arrêter, il s’est imposé de reconquérir l’autonomie malgré la douleur qu’il gardait pour lui. Il a maintenu le service de ses frères comme de bien d’autres comme le service de Dieu.

Est-ce pendant ses études ? Il a semblé qu’un moment il s’est senti mal jugé, peut-être mis de côté ; il en a gardé une blessure qui ne l’a jamais empêché de se donner généreusement. En tout cela il me paraît proche du Christ attaqué et incompris sans jamais renoncer à sa mission. Le Christ attaqué : venu chez les siens mais les siens n’on pas reçu celui qui dérangeait.
Le Christ incompris par ceux qui le suivaient avec admiration mais dépassés par la grandeur de ce que le Maître proposait : partager la vie de Dieu. Et Jésus-Christ a donné jusqu’au bout, pour nous amener au-delà de nous-mêmes, au-delà de la mort.

Frère Gérard aussi, à sa manière, a donné au-delà de ses limites. La foi qui l’animait était celle du catéchisme, sans enfantillages ni sentimentalisme. C’était un tout - simple - qui le portait à être « pour », à s’efforcer de faire ce qui est à faire ; ainsi tout le monde s’en porterait mieux. Chacun au service des autres.
Le Seigneur, suite à ses noces avec les hommes, l’a trouvé en train de veiller. Fr. Gérard lui a ouvert sans tarder.
Que Jésus-Christ devenu « serviteur » le fasse passer à la table du Royaume, celle des Fils de Dieu enfin libres, enfin eux-mêmes, car en tous Dieu est Tout.