Ghislaine Aubé, « sœur des campagnes » dans un monde rural en pleine mutation


La fondatrice des Sœurs missionnaires des campagnes, ancienne présidente de l’Union des supérieures majeures de France, est décédée dimanche à l’âge de 91 ans

D. R.
Ceux qui l’ont connue garderont en mémoire sa douceur, sa grande simplicité et l’acuité toujours fine de ses conseils. Sœur Ghislaine Aubé, fondatrice de la congrégation des Sœurs des campagnes, s’est éteinte dimanche, à l’âge de 91 ans, à Brienon-sur-Armançon (Yonne). Ses funérailles devaient se tenir hier dans le village de Lumigny, au cœur de cette Seine-et-Marne si chère à son enracinement familial et religieux.
Née en 1920 dans une fratrie de douze enfants, Ghislaine Aubé vit une enfance heureuse à Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne), loin de l’agitation parisienne. Dès son jeune âge, elle reçoit de ses parents le goût de la vie spirituelle, doublé d’une grande ouverture missionnaire. Elle n’a pas 20 ans lorsqu’elle s’engage dans la Jeunesse agricole catholique féminine ( JACF), dont elle deviendra présidente de 1943 à 1946.
Ces années sont marquées par la rencontre, décisive, avec le P. Michel Épagneul. Ce jeune dominicain fut à l’origine, en 1943, de la fondation de la congrégation des Frères missionnaires des campagnes.
« CERTITUDE DE L’AMOUR DE DIEU POUR TOUS »
Saisie par la vocation religieuse, Ghislaine Aubé fait son noviciat chez les Sœurs de Jésus crucifié, avant de fonder, en 1947, la branche féminine des Frères des campagnes. En 1948, la toute jeune communauté s’installe à Lumigny.
Face à la déchristianisation d’un monde rural en pleine mutation, les sœurs se donnent pour mission d’assurer une présence spirituelle dans les villages. « Je revois la ferme paternelle, écrira plus tard Sœur Ghislaine, le dur travail des femmes courbées, les pieds dans la boue, pour l’arrachage des betteraves, les petits enfants emmitouflés attendant au bout du champ… Un grand désir vous harcèle de pouvoir partager avec tous ce qui donne un sens à notre vie. La certitude de l’amour de Dieu pour nous. »
AU PLUS PRÈS DES FIDÈLES
Cette certitude, la religieuse n’aura de cesse de la mettre en œuvre en sillonnant la France au gré des multiples fondations implantées dans l’Oise, le Loiret, la Drôme, l’Yonne, l’Eure ou encore la Creuse. En 1965, Ghislaine Aubé devient vice-présidente de l’Union des supérieures majeures de France, puis présidente de 1970 à 1976.
L’année suivante, elle renonce à sa charge de prieure générale des Sœurs des campagnes, pour partager la vie d’un petit prieuré de la Creuse, au plus près des fidèles. Elle y vécut jusqu’en 2003
Toujours très active, quoique vieillissante, la congrégation compte aujourd’hui 86 sœurs, réparties dans une quinzaine de communautés, dont trois en Afrique.
François-Xavier Maigre