L'emploi en milieu rural est de moins en moins agricole. Longtemps le travail en milieu rural a été lié à l'activité agricole. Au début du XXe siècle, un Français sur deux travaillait dans l'agriculture. En 1997, le ministère de l'Agriculture ne dénombrait plus que 2 198 600 personnes vivant sur les exploitations agricoles dont 1 262 400 actifs familiaux. Soit 1,9 actif familial par exploitation. Mais un exploitant sur cinq conciliait travail agricole et activité non agricole
: soit 133 000 double actifs. Ces chiffres traduisant la diminution inexorable du travail familial en agriculture. Par ailleurs, 140 700 salariés permanents sont employés à plein temps sur ces mêmes exploitations. Le secteur des cultures permanentes et du maraîchage génère plus de la moitié de ces emplois. Mais si l'emploi salarié agricole augmente légèrement depuis 1995, c'est le plus souvent sous forme d'emploi à temps partiel.
L'emploi en agriculture se diversifie
L'agriculture génère un certain nombre d'emplois salariés saisonniers. Cette activité traditionnelle liée aux activités de cueillette ou de vendange reste une activité demandant de faibles niveaux de qualification, même si les objectifs de qualité supposent un travail soigneux.
En même temps, beaucoup d'exploitations agricoles demandent un travail salarié qualifié ou même très qualifié. On ne peut s'improviser porcher ou même conducteur de machines agricoles sans un minimum de formation. De plus, bon nombre de chefs d'exploitations faisant appel à des salariés souhaitent de leur part un travail complexe et une autonomie dans la conduite et l'organisation de ce travail-
Le travail salarié en milieu rural est surtout dans le tertiaire et dans de petites entreprises
23% des Français vivent dans les espaces ruraux. La population rurale augmente très légèrement depuis les années 70 par l'arrivée de nouvelles populations. Pour près d'un tiers, la population rurale est constituée de retraités. Les emplois sont à moins de 20% agricoles et à plus de 50% tertiaires. L'industrie représente près de 15% et le Bâtiment et Travaux Publics 8 %. Une bonne partie des emplois non agricoles sont localisés dans des petits bourgs et profitent du développement des grandes infrastructures de transport : gares TGV, sorties d'autoroutes, aérodromes, ou des pôles touristiques. Bénéficiant de l'amélioration de ces infrastructures, un certain nombre d'entreprises n'hésitent plus à se délocaliser. La modicité des coûts d'installation, la possibilité de disposer d'espaces plus grands, des salaires plus modiques que dans les grandes
métropoles urbaines peuvent expliquer ces créations ou relocalisations.
Un grande diversité dans la nature des emplois salariés
La fonction publique et les collectivités locales fournissent un certain nombre d'emplois. La régionalisation, le développement des intercommunalités et aujourd'hui des pays contribuent à la création de bon nombre d'emplois stables, et pour certains avec de hauts niveaux de qualification.
Beaucoup d'emplois sont créés par la dynamique associative, emplois d'animation culturelle, ou emplois à caractère sanitaire et social. Mais bon nombre d'emplois salariés tertiaires privés sont à temps partiel ou saisonniers. De plus, générés par de petites structures, ces emplois offrent des niveaux de rémunération modestes au regard des qualifications parfois exigées.
Enfin, un certain nombre de ruraux sont en recherche d'emploi ou de compléments de revenu. Fin juin 2000, la Mutualité Sociale Agricole dénombrait 6 645 agriculteurs ou aides familiaux agricoles non salariés et 17 042 salariés allocataires du RMI. La plupart ont moins de soixante ans.
Diversité salariale et diversité sociale vont de pair
La relative homogénéisation des modes de vie entre le milieu rural et le milieu urbain a quasiment gommé la différence ancienne entre ville et campagne. Par contre, les différences socio-économiques sont plus accusées: au sein d'un village, les différences entre un ouvrier et un cadre supérieur sont plus marquées que celles entre ouvriers de la campagne ou de la ville.
De plus, on ne peut pas parler d'un mode de vie en rural au singulier, mais il faut parler de modes de vie pluriels. La mobilité est l'un des facteurs essentiels des évolutions du milieu rural. Et cette mobilité amène avec elle de grandes diversités dans les projets de vie et les aspirations.
Cette diversité est aussi source de dynamisme et de renouveau. Elle multiplie les fonctionnements en réseau. Mais en même temps, elle ne doit pas cacher l'existence de populations marginales, retirées, vivant de peu, dans la mesure où le milieu rural permet
ces formes de vie modestes… et parfois les occulte.
Jacques ABADIE, sociologue, professeur à l'École Normale Supérieure
Agronomique de Toulouse (ENSAT) et à l'Institut d'Etudes Religieuses et Pastorales (IERP). Mars 2003
« Le monde du travail est marqué par une précarité grandissante. La plupart des nouvelles embauches se font hors contrat stable. Ce qui était prévu comme mesure d'insertion devient mode normal de recrutement. Même si le chiffre officiel des chômeurs diminue, nous ne pouvons pas nous résigner à voir des travailleurs ballottés entre stages, intérim et CDD, pour finir dans le cycle infernal du chômage. Les inégalités sociales s'accentuent. » « Le travail est un lieu central et déterminant pour la structuration des personnes et de la vie sociale. » (extrait de la déclaration du Comité épiscopal du monde ouvrier et du Secrétariat national de la Mission ouvrière 1er mai 2000)