Pierre Dohet

Pierre participe depuis plus d’un an aux réunions de jeunes pros où se retrouvent une douzaine de jeunes sensibilisés à la question écologique. C’est sous leur impulsion que la paroisse s’est lancée dans le projet Eglise Verte.

Jusqu’au début de mes études d’ingénieur, je n’avais guère souci d’écologie, associant inconsciemment la cause à quelques activistes. Cependant j’y étais déjà préparé en pratique par le détachement matériel dont ma mère fait preuve.
 
Ma première conviction écologique est que  l’on peut vivre intensément avec peu  dans le service, la rencontre, la musique et l’art, la contemplation de la nature, la prière, expérience que j’ai vécue fortement avec mes amis.
Puis j’ai découvert, avec la philosophie, les conflits politiques et la science, le tort que pouvait se causer lui-même l’homme moderne, lorsqu’il n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir technique. En 2015 s’est passé pour moi un double événement : la publication par le Pape François de Laudato Si’, dont est tirée (§223) la première conviction que j’ai citée et qui venait  confirmer toutes les intuitions que je commençais à formuler ; ensuite l’appel personnel qui faisait passer ces intuitions de la tête au cœur. Voilà qu’il devenait non plus seulement souhaitable, mais possible, et quelque part même nécessaire, de travailler la terre, de vivre en communauté, d’accueillir des pèlerins… bref, de vivre intensément avec peu. La route commençait… mais pour impérieux que fut l’appel, le chemin est long à parcourir et imprévisible. En ce moment, je me forme au maraichage. 
 
Ce qui me choque dans la société prétendument évoluée, c’est sa capacité à produire de la laideur, je pense notamment aux paysages avec la publicité et les déchets. J’aimerai rapprocher deux paires de mots utilisés par les derniers papes: « structure de péché » et « culture du déchet ». Ma vision du péché est une coupure d’avec la bonté de Dieu ; or qu’est-ce qu’un déchet sinon un objet que l’on a retranché de la Création ? 
 
Ce que je constate dans la croissance, c’est qu’elle repose entièrement sur un déploiement extraordinaire d’énergie qui ne peut durer et qu’elle est peu efficace à produire le bien. Les Américains consomment 40 fois plus de ressources que les Africains ; sont-ils plus heureux ? Saviez-vous qu’une étude a été faite, stipulant que la rémunération est inverse de l’utilité sociale ?
 
Ce en quoi j’espère est que nous, humains, soyons capables de coopérer avec la nature et que chacun fasse l’expérience de vivre intensément avec peu, se convertisse et se mobilise pour changer les choses localement. Ainsi des sols détruits peuvent être restaurés ; ainsi des liens peuvent être tissés pour amortir l’effondrement d’une société obèse ; ainsi le Seigneur relève l’homme pécheur.
 
Pierre DOHET
Bernay (Eure)

Article extrait de la chronique de septembre 2020 n°292

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