Tout être vivant a reçu le don de la vie. Cette vie en soi n'atteint pas sa plénitude. Elle a besoin de soin, d'entretien pour croître jusqu'à porter du fruit en abondance comme c'est dit dans St Jean 15/16
La vie des arbres est rythmée par les saisons. Il s'agit de deux ou quatre saisons selon les zones géographiques.Le Burkina Faso abrite une saison sèche assez longue et l'autre pluvieuse relativement courte. Nous sommes en fin des pluies et au début de la saison sèche. Plus on avançait dans le temps ensoleillé plus les arbres du prieuré de Sakoula (manguiers et orangers) ont des mines de moins en moins bonnes.
Un frère remarque que parmi les manguiers, il y en a un qui, on dirait : " va bientôt être déposé dans les profondeurs de la fosse", comme le dit le psaume 88/87. On dirait qu'il est rongé par un mal pernicieux.
Le frère souligne que depuis son jeune âge, cet arbre a été attaqué par les termites car son tronc est à moitié rongé. Au-delà des peines endurées, cet arbre commençait à perdre ses feuilles, qui le maintenaient parmi les vivants. On voyait sa mort prochaine s'annoncer. Nous sommes en face de deux possibilités qui s'offrent à nous: soit on le laisse mourir tranquillement car on ne peut plus rien espérer pour lui ou la deuxième alternative, c'est de bécher autour du pied, lui donner un peu de fumier ou de l'engrais chimique et l'arroser pour voir s'il allait changer d'aspect. Pour les frères le souhait n'est pas d'acheter de l'engrais pour cet arbre chétif.
On n'a pas assez de fumier pour le jardin et pour lui. A défaut du mieux, un Frère a fait une couronne d'environ un mètre de diamètre autour de ce mourant. Il commençait par l'arroser. Tous les quatre jours, cet arbre a suffisamment de l'eau au pied. On humecte ensuite ses feuilles, une, deux, trois et quatre fois, après les quelques feuilles qui étaient prêtes à l'abandonner, se dessaisissaient de la tristesse de la mort pour embrasser le chemin de la vie. Aucune d'entre elles ne tombaient. Au contraire elles se fixaient de plus belle. Non seulement, ses feuilles retrouvaient la vigueur nécessaire, mais des bourgeons apparaissaient au bout de chaque branche.
La vie revient en lui ; son écorce s'épaississait au point que le tronc retrouvait une forme presque normale. Un frère en voyant le nouvel aspect de cet arbre, s'est exclamé en disant : « on a sauvé une vie ». En sauvant la vie à un arbre nous le préparons à nourrir la terre. Les feuilles mortes tombent. Elles vont nourrir les micro-organismes qui vont favoriser la décomposition des feuilles mortes qui serviront d'humus pour cet arbre lui-même ou d'autres arbres. Les feuilles et l'écorce peuvent servir à faire de la tisane ou à fabriquer des produits pharmaceutiques pour les soins. Ses fruits serviront pour la consommation des hommes.
Prolonger la vie à un arbre, c'est prolonger la vie aux hommes. C'est aussi participer aussi participer ainsi au recul de la désertification. Comme dit un écrivain : "Celui qui a planté un arbre, n'a pas vécu inutilement".
Ainsi donc, plantons des arbres !
Frère Luc GBEGAN