Voix de l’étranger, ma propre voix entre 1992 et 2002 à Lagameças au Portugal, partageant cette même condition sur une terre étrangère, qui m’est devenue si proche depuis et dont j’ai la saudade (nostalgie) !
Quand l’étranger frappe à ma porte
Aujourd’hui encore, dans le Comminges où je n’ai guère l’occasion de côtoyer des étrangers sinon à la chorale – Hollandais, Anglais, Allemands –, c’est l’appartenance à la Pastoraledes migrants et le lien avec des réseaux tels que le CCFD, la Cimade, l’ACO qui me maintiennent relié aux demandeurs d’asile, aux sans papiers, en particulier le deuxième dimanche de janvier, avec la fête des peuples et la Journéemondiale du migrant et du réfugié ; ce sont les séjours au Brésil, ou au Portugal comme en juin dernier pour le douzième anniversaire du groupe musical auquel j’appartenais; c’est l’accueil des Frères et des Sœurs, amis de passage, lors de leur séjour en France ; ce fut, fin décembre, l’occasion de renouer avec Georges, fils d’une famille immigrée, pour son exposition photo à Toulouse sur le regard des aveugles : autoportraits de non-voyants – une expo audacieuse : des aveugles se prenant en photo, en actionnant une poire reliée à un appareil photo 1 ; ce sont toutes les correspondances échangées, la traduction des bulletins de liaison en portugais A Semente et Amar essa terra2; c’est toute l’attention portée aux infos des médias, sur Arte ou France Culture, comme début janvier le témoignage de Joseph Servat, prêtre de l’Ariège qui a passé quarante ans dans le Nordeste brésilien : avec lui, je participe aux journées annuelles du CEFAL3.Ainsi façonné par les contacts avec les immigrés et par ce temps passé en terre étrangère, je reste en communion de cœur, comme dirait Jean Vanier, avec les gens en déplacement, avec ceux qui se sont établis dans le Midi-Pyrénées et avec qui j’entretiens des relations privilégiées, avec tous ceux, Frères, Sœurs, amis qui vivent ou ont vécu un temps en terre étrangère. Laisse parler en toi la voix de l’étranger. Quand tu seras toi-même égaré, Il t’apprendra son pas.
Frère François GRABIÉ
Prieuré Saint Bertrand Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne)
1. L’autoportrait de l’autre est un dispositif qui amène le modèle à se trouver dans la situation d’un face à face avec lui-même, dans sa propre identité toute nue. Chaque non-voyant est invité ensuite à décrire la photo qu’il aurait aimé réaliser s’il avait l’usage de la vue. La légende reprend celui qu’a écrit la personne photographiée. Pour plus de détails sur cette façon de faire, consultez l’auteur : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
2. Ces deux bulletins servent de trait d’union entre les amis et les partenaires des frères et des sœurs, le premier au Portugal et le second au Brésil.
3. Comité épiscopal France-Amérique latine.