Parler de solidarité fait penser au groupe de la famille.
En Afrique, c’est encore très prégnant, un fonctionnaire doit faire vivre la famille élargie. L’immigré envoie de l’argent à ses proches. Le cercle s’est agrandi avec la mutualisation collective de la garantie contre les risques. Les solidarités collectives se substituent aux solidarités de proximité : vieillesse, maladie, accident du travail, maternité, chômage… Les budgets sociaux deviennent importants, si bien qu’aujourd’hui la solidarité est remise parfois en cause. La solidarité c’est aussi, rejoindre des milieux de vie, ou militer dans une association pour défendre une cause et la soutenir par des dons. Le partage allant jusqu’à la bourse commune pour les communautés religieuses.
Dans l’encyclique, Caritas in veritate, Benoît XVI parle du don et de gratuité.
Nous avons reçu le don de la vie, l’être humain est ainsi fait pour le don. Le pape introduit, dans les relations marchandes, le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de fraternité. Gratuité et don peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. Mais la logique du don n’exclut pas la justice (34-36). La doctrine sociale de l’Eglise estime que des relations authentiquement humaines, d’amitié, de solidarité et de réciprocité peuvent être vécues au sein de l’activité économique.
Gratuité Donner place à la gratuité et au don en économie c’est reconnaître la place de la personne et donner place au service du bien commun. Ce n’est pas qu’un doux rêve, nous dit le CCFD : le commerce équitable, le micro crédit, sont une invitation à sortir de la stricte logique comptable donnant donnant pour prendre en compte une activité économique caractérisée par une part de gratuité pour vaincre le sous-développement ou par solidarité producteur-consommateur, par exemple avec les AMAP. Le bien commun c’est également prendre conscience de la solidarité entre les générations. Le fait de reconnaître la planète comme un don qu’il convient d’entretenir, c’est une responsabilité pour entrer dans une solidarité qui va au-delà des générations. C’est parler de développement durable. Dans une autre encyclique Deus caritas est, Benoît XVI traite de la justice et de la charité. L’ordre juste de la société, c’est le devoir du politique et l’engagement de tout citoyen où les chrétiens ont leur responsabilité. Mais le politique ne pourra jamais couvrir tous les besoins des hommes. Il y a des souffrances, des situations de nécessité matérielle où s’exerce le service de la charité.
Fraternité La société globalisée nous rapproche, mais ne nous rend pas frère nous dit Benoît XVI dans Caritas in veritate. L’interdépendance planétaire est source de tension (33). La fraternité nait d’une vocation transcendante de Dieu Père. La fraternité active prend sa source dans la reconnaissance que nous formons tous une seule famille humaine (53) ce qui oriente vers le partage (42). L’homme a besoin de relation humaine, il ne vit pas seulement de pain, il a besoin de rencontre, d’amitié, de reconnaissance, d’amour. Tous frères du même Père. Pour cette raison, le Père Epagneul a voulu que les membres de la Congrégation s’appellent frères, ordonnés ou pas. Pour le chrétien la fraternité c’est une référence à une personne nommée Dieu en Jésus Christ. La fraternité dans la devise républicaine : Egalité, Liberté, Fraternité, c’est un idéal pour le citoyen de pouvoir considérer les autres habitants de son pays comme fils et filles de la république. Pour le républicain c’est la référence Pour le républicain c’est la référence à un idéal. Un long chemin pour tous. Pour en revenir au don, Jean-Baptiste de Foucauld nous dit que trop souvent nous pensons que donner est un acte généreux et désintéressé inspiré de motifs humanitaires ou religieux. Or recevoir un don ne va pas de soi, car cela aboutit à reconnaître une sorte de dette, donc à rendre. On attend quelque chose en retour, ne serait-ce que de la reconnaissance. Le don-partage répond à une demande ou à un besoin inspiré par la générosité. Nous sommes des êtres de relation et nous existons par les autres et pour les autres. Pouvoir donner, pouvoir recevoir, c’est exister aux yeux des autres. C’est ainsi que les Semaines Sociales de France de novembre 2011, ont débuté par donner la parole à des immigrés pour débattre de la question des migrations. Le savoir-faire des organisations telles ATD Quart monde, le Secours Catholique, Habitat et Humanisme… c’est d’accompagner les personnes, c’est reconnaître la personne avant de voir un besoin. Frère Jean de FLAUJAC
Prieuré Saint Germain , Chichery (Yonne)
Chronique de Septembre 2011