La fraternité évangélique, vécue en communauté de Frères ou de Sœurs, est une dimension essentielle de notre témoignage de religieux - religieuses apostoliques en monde rural. Quelle est son origine ? Comment la vivons-nous ?
L’évangile de Marc en 3,13-15 dit de Jésus, presque solennellement : Il monte dans la montagne et il appelle ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui et il en établit douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons. Dès le début de son ministère Jésus constitue une petite communauté de frères, forts différents d’origine et d’opinion.
Viens et va !
Pour être avec lui est-il noté en premier. Les douze écoutent Jésus annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile et s’entraînent à la vivre. Ainsi, lorsque Jacques et Jean revendiquent les premières places, Jésus leur dit : Que celui qui veut être le premier se fasse serviteur de tous. Être avec lui et être envoyé prêcher.
Viens et va, deux facettes d’un même appel, d’une même mission, vécus par les disciples avec Jésus, depuis ce premier appel jusqu’à sa mort et sa résurrection. Qu’en est-il ensuite ? Sitôt le récit dela Pentecôtenous pouvons lire, dans les Actes des Apôtres, que des croyants n’avaient qu’un cœur et qu’une âme et mettaient tout en commun. C’est le témoignage de leur vie – Voyez comme ils s’aiment ! – qui attire ceux qui vont se rallier par la foi au Seigneur. Trois siècles plus tard, à Tours, voici Martin, apôtre des campagnes, qui rassemble des frères avec lui. Il est qualifié d’homme vraiment apostolique, lui pour qui l’intimité avec Jésus et la communion entre frères constituaient la base essentielle de l’apostolat*. Et après Martin, Augustin, Dominique, François et tant d’autres entendront ce Viens à ma suite et va vers tes frères, en communauté, annoncer l’Évangile. Frères et Sœurs, nous nous inscrivons dans cette lignée. Nous aussi sommes réunis par le même appel du Christ, afin de vivre cette fraternité évangélique ensemble, au milieu de nos frères ruraux.
Fraternité selon l’Évangile
Comment nos communautés, par leur fraternité, annoncent-elles l’Évangile ? Tout au long de sa vie Jésus apporte la paix, invite au pardon et à l’amour mutuel. Pourtant, nous savons par expérience que, même si les hommes y aspirent, la fraternité est difficile à vivre. Au cœur de ce monde en souffrance et en attente de fraternité, nos prieurés voudraient être des petits pôles spirituels, signes et ferments de la communion à laquelle Dieu appelle toute l’humanité. Par son existence même, la communauté témoigne du Christ ressuscité, car c’est Lui qui la rend possible et lui donne tout son sens. Le Père Épagneul voyait un lien indissociable entre vie commune fraternelle selon les Béatitudes et annonce de celui qui fonde cette vie et y appelle*. Comment durer en fraternité missionnaire dans la fidélité et dans la joie ? Tout doit s’unifier dans nos vies : la prière liturgique, la parole de Dieu, les échanges communautaires sont pour nous expression et soutien de notre don à Dieu et à nos frères ruraux. Sans oublier la qualité des relations quotidiennes, l’attention et le soutien mutuels dans les moments difficiles. Oh, tout n’est pas parfait! Il y a des échecs, des souffrances, et le pardon demeure un chemin nécessaire.
Solidaires de la mission de chacun
Pour chaque communauté une convention est établie entre le diocèse et la congrégation, accompagnée d’une lettre qui précise la mission du prieuré, compte tenu des appels locaux et des possibilités des Frères ou des Sœurs. Chaque année, nous consacrons deux jours à nous préciser les orientations pour l’année, tenant compte de cette lettre de mission. Chaque Sœur, ou Frère, a ses propres lieux de présence. Ainsi à Ligueil, deux sœurs sont au travail salarié à temps partiel. L’une d’elles assure par ailleurs une responsabilité pastorale près des enfants et des ados; l’autre près de jeunes adultes et de catéchumènes. Une troisième, à la retraite, rencontre les familles en deuil, participe à une communauté Foi et lumière et à des groupes bible. Dans le quotidien nous sommes solidaires de la mission de chacune, partageant joies et soucis, exprimant questions et suggestions. Des liens se tissent, nos relations se croisent à partir des divers lieux de présence de l’une ou de l’autre, certaines personnes viennent au prieuré et notre appartenance communautaire leur apparaît plus clairement. Pour terminer, arrêtons-nous au mot communion. C’est ainsi que s’appelle la famille évangélique que nous formons : La Communion: laïcs, sœurs et frères, missionnaires des campagnes. Ce nom signifie pleinement ce que nous voulons vivre, entre nous et avec tous ceux qui nous entourent, pour témoigner de la fraternité évangélique.
Sœur Denise BOURGOIN
Prieuré N-D dela Visitation Ligueil (Indre-et-Loire)
Chronique n°245. Télécharger l'article en pdf
* Prier 15 jours avec le Père Epagneul, page 115.
La fraternité va jusque là témoignage de sr Marie-José
Fraternité universelle par Fr Thomas