Je le lis : « Sa mère et ses frères arrivèrent près de Jésus, mais ils ne pouvaient le rejoindre à cause de la foule. On lui annonça : « Ta mère et tes frères sont là, ils veulent te voir. » Jésus leur répondit : « Ma mère, et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique. »
La réponse de Jésus a dû être une nouvelle épreuve pour Marie. Jésus n’est pas un tendre avec sa mère. Ne soyons pas étonnés que nos enfants, même les meilleurs, ne soient pas toujours très tendres avec nous. Cela aurait été sympa qu’il ajoute « comme ma mère ».
Plusieurs fois, les réponses de Jésus ont dû crucifier sa mère. N’est-ce pas pour lui montrer le salut qu’il apporte ? Il faut mourir à soi-même. Il fait entrer petit à petit sa mère dans le mystère pascal, le mystère du salut. La preuve : elle sera là avec son fils, debout, pendant qu’il offrira lui-même son sacrifice. Elle sera à la Croix.
Autre réflexion. La réponse de Jésus nous concerne : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ». Nous avons une mission identique à celle de Marie : mettre au monde le Christ. Nous sommes mère du Christ si nous écoutons la Parole de Dieu et si nous la mettons en pratique. Nous faisons naître le Christ en nous, comme elle, en écoutant la Parole de Dieu. Nous le faisons naître chez les autres si nous la mettons en pratique. Écouter la Parole de Dieu, c’est faire vivre l’Esprit en nous. La mettre en pratique, c’est témoigner devant les autres de l’Esprit qui nous anime.
Marie est donc doublement sa mère car elle a vécu cette parole de Jésus au propre et au figuré. On peut rapprocher cet événement d’un autre sur le vrai bonheur.
« Heureuse celle qui t’a porté et allaité ! », dit une femme dans la foule. « Heureux plutôt ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui l’observent ! » (Lc 11, 27-28)
Nous voyons que, pour le Christ, la joie de Marie viendra autant de sa foi que de sa maternité. Nous rejoignons la parole d’Elisabeth « Bienheureuse celle qui a cru les paroles que le Seigneur lui a dites ! » La joie de Marie est donc offerte à tous.
C’est la joie de la foi. Nous venons de voir que, par la foi, nous rejoignons la mission de Marie : mettre au monde le Christ. Nous rejoignons donc aussi sa maternité.
Une petite réflexion générale à propos des relations entre Marie, Dieu le Père et Jésus, Dieu le Fils telles qu’elles apparaissent dans l’Évangile.
Dieu le Père semble plein de prévenances et de tendresse pour Marie, alors que Dieu le Fils, Jésus fils du Père, son fils à elle aussi, ne semble guère prévenant. En tous les cas, il n’est pas tendre. Ni quand il avait 12 ans, ni à Cana, ni dans ses rencontres dans la vie publique, pas même à la croix. Combien de fois a-t-elle dû se réfugier dans la prière et la méditation pour essayer de comprendre ? L’important, pour Jésus, c’est qu’elle soit là avec lui à la Croix, debout, aussi forte que lui, pour qu’il ait du courage, le courage d’aller jusqu’au bout. Cette formation au courage ne se fait pas dans les délices d’une vie sans problèmes, sans heurts, sans épreuves. Il faut parfois se garder des ambiances trop chaudes, des amitiés trop enveloppantes et consolantes. Rappelons-nous : « L’ange la quitta ». Jésus n’est pas un ange. C’est le Saint.
Frère Guy Ollivon