Paul, créateur et soutien des communautés
Au moment où il part en mission, Paul se donne deux axes directeurs : se concentrer sur les grandes capitales ou les nœuds de communication tels que Philippe, Thessalonique, Ephèse, Athènes, Corinthe, et annoncer l’Évangile là où il est totalement ignoré. Parfois, là où il arrive, il trouve déjà un embryon de croyants, comme à Ephèse avec Apollos (Actes 19, 1), ce qui en dit long sur la diffusion de la nouvelle foi chrétienne et sur son dynamisme interne d’expansion.
Être créateurs et soutiens de communauté, n’est-ce pas dans notre mission en rural ? On peut dire que nos prieurés ont été ou sont souvent créateurs de communautés chrétiennes vivantes en milieu rural déchristianisé ou à la religion traditionnelle. Et que tout prieuré, tout frère, toute sœur cherchent à éveiller ou soutenir la foi engage ceux et celles dont on vient un temps partager la vie.
Pour nous Paul est un initiateur, un premier compagnon, un exemple pour la mission.
Paul et la structuration des communautés : la première aube des ‘‘ministères’’ ecclésiaux.
Paul a totalement conscience de participer à la première génération ‘‘apostolique’’ qui a ‘‘vécu’’ avec Jésus (‘‘ce que nous avons touché du Verbe de Vie’’ St. Jean) ou qui a ‘‘vu’’ Jésus post-pascal : c’est son cas unique.
Il a également conscience que cette génération fondatrice a le devoir de mettre en place des hommes et des structures qui recevront de ces apôtres leur légitimité : c’est toute la question de la transmission et de la reconnaissance des ‘‘ministères’’ ecclésiaux.
Ce sont les générations qui suivront celle de Paul et des autres apôtres qui commenceront à mettre en place les ‘‘ministères’’ au sens strict voire canonique du mot. Mais déjà une ‘diaconie’ est instituée et Paul n’est pas le seul des apôtres à mettre en place des responsables d’Église locales qui ont sa confiance.
Ne vivons-nous pas un peu de cela à la fermeture de certains de nos prieurés ?
Il me semble qu’aujourd’hui où l’Église se pose avec acuité la question des ‘‘ministères’’, des ‘‘lettres d’envoi’’, de la reconnaissance des ‘services d’Église’ assumés par les laïcs, femmes et hommes, c’est vraiment Paul qu’il faut prier, lui qui s’est suscité tant de collaborateurs et collaboratrices dans ses créations et son soutien de communautés locales.
Une société qui change en profondeur a besoin de renouveler la forme de ses services pour s’adapter aux conditions nouvelles de vie, dans la fidélité de la foi.
La fidélité inventive de Paul est à solliciter dans notre prière et notre recherche.
Paul, ses collaborateurs (trices) et ses amis. Frères et soeurs missionnaires des campagnes et nos collaborations missionnaires
« On ne connaît aucun mouvement missionnaire, dans l’histoire de l’Église ancienne, qui ait mis au travail autant de collaborateurs d’horizons si différents que la mission paulinienne. Paul ne travaille jamais seul, mais toujours en collaboration régulière avec des partenaires autonomes. Des collaborateurs réguliers comme Timothée, des associés occasionnels qui ont leurs propres missionnaires comme Apollos (I. Cor 16, 12), le ménage de Prisca et Aquilas. Dhoèbé la ‘diaconesse’ de Cenchrées, le port oriental de Corinthe, Stéphane et sa famille. D’autres encore lui sont envoyés ou le rejoignent pour un temps limité ou des actions particulières (comme Tite chargé de la collecte, II. Cor 7, 5-9, 15). Paul est bien l’inventeur de ce que l’on a appelé la ‘‘Société ouverte’’ »
(dans ‘Les premiers temps de l’Église’,
collectif autour de M.Fr Baslez).
Il faut relire les salutations de Paul en Romains, I. Corinthiens et Philippiens, en fin de lettre, comme nous-mêmes pouvons évoquer celles et ceux qui ont pris des responsabilités dans nos secteurs, dans l’ACR que nous avons mis en place ou soutenus, dans les mouvements caritatifs (cf. la collecte pour la communauté de Jérusalem).
Quand je regarde les relations humaines et missionnaires de chacun et chacune dans nos prieurés je me dis que nous sommes un tout petit peu les fils et les filles de l’esprit paulinien. Et que nous avons beaucoup à lui confier, à lui demander.
Frère Paul Rougnon
Prieuré saint Martin, à LA HOUSSAYE EN BRIE.