Dans "Semailles en Terre de France", le Père Épagneul évoque son enfance et son cheminement avant 1943 :

"... En Anjou, le Puy Notre-Dame... J’y suis né dans une maison voisine de l’église... Mon père exerçait un commerce de quincaillerie, auquel il avait ajouté quelques autres activités qui n’étaient pas sans rapport avec la richesse du Puy Notre-Dame comme d’une partie de l’Anjou : le vin.

Quatre ans après ma naissance, il entreprendrait de faire valoir un vignoble de la vallée du Layon ; nous quitterions Le Puy Notre-Dame pour Chavagnes-les-Eaux.

... Mon père et ma mère étaient de tempéraments et de goûts très différents, pour ne pas dire opposés ; ils ne communiaient pas dans la Foi..."

... A huit ans, après avoir été l’élève d’une religieuse de St Charles d’Angers et de l’instituteur (de Chavagnes-les-Eaux), je partis pour commencer mes études secondaires. ... Ma mère était une solide croyante originaire des Aubiers (nord des Deux-Sèvres) ; mon père, qui ne partageait pas ses convictions, lui laissait toute liberté pour l’éducation de leurs enfants. Elle me mit à l’institution St Louis de Saumur... puis en 1917, à l’externat St Maurille d’Angers.

[ ...] Il m’arrivait de vouloir partir dans les missions lointaines pour y exercer l’apostolat et aussi de vouloir, avec la même ardeur, devenir trappiste. J’aimais tant le travail de la terre..

Mon goût pour la vie sacerdotale devait se fortifier pendant mes deux dernières années d’études secondaires, de 1921 à 1923. Mes parents, fatigués, ayant vendu leur vignoble angevin, nous nous étions fixés dans la banlieue de Bordeaux. Je devins l’élève des Marianistes, au Collège Grand Lebrun.

A la fin de mon année de mathématiques élémentaires (j’aimais beaucoup les sciences et parfois j’avais rêvé d’être ingénieur), ma décision était prise... Non sans avoir pris quelques conseils, je décidai d’entrer au séminaire de Saint Sulpice, à Paris, et j’en parlai à mes parents.

Je sentis que ma mère était heureuse de ma détermination, mais elle ne manifesta guère sa joie pour ne pas accroître la peine éprouvée par mon père. De sa part, il n’y eut pas d’opposition ; il me demanda seulement de m’acquitter de mes dix-huit mois de service militaire, avant d’entrer au séminaire. [...] J’en fus affermi dans mon projet de consécration au service de Dieu".