marcheprtre0004

Au séminaire de Saint-Sulpice... j’ai bénéficié de ce climat que requiert, de manière absolue, la formation de futurs prêtres. D’être oblat de saint Benoît m’y fut un utile surcroît. Dans une austérité qui ne dépassait pas celle de l’Évangile, tout était agencé avec sagesse pour nous conduire, par la Vierge Marie, jusqu’à Dieu à qui nous aurions à conduire les autres... Nous étions quatre cent cinquante, de toutes les régions de France, d’une vingtaine de nations.

"Pendant cinq ans, que de fois nos éducateurs nous ont redit ces paroles de Monsieur Olier, qui étaient l’alpha et l’oméga de leur programme dont tout visait à faire de nous des prêtres de Jésus-Christ : "la fin première et ultime de ce séminaire est de vivre par-dessus tout pour Dieu dans le Christ Jésus notre Seigneur."

"Le 28 juin 1930, je fus ordonné prêtre par le Cardinal Verdier, archevêque de Paris, dans l’église Saint-Sulpice.

... "Je fus prêté au diocèse de Meaux pour y être au service des "vocations tardives" , à St Jean les Deux Jumeaux en Seine-et-Marne. C’est ainsi que, sur les bords de la Marne, j’ai vécu mes cinq premières années de sacerdoce dans une communauté très fraternelle dont presque tous les prêtres avaient été mes condisciples au séminaire de Saint-Sulpice.

J’ai toujours béni le Seigneur d’avoir vécu à l’école d’un tel prêtre (le Père Mary, fondateur de ce séminaire) un saint prêtre en qui toute la finesse normande [ ...] était assumée dans une vie sacerdotale ...

Professeur quelques heures par semaine, Économe jour et nuit, avec la charge de la vie quotidienne de tous et de l’achèvement des installations..

Quoiqu’il en fût d’un beau service de futurs prêtres au séminaire de St Jean les Deux Jumeaux, si étroitement fraternelle qu’ait été la communauté des prêtres, je regardais toujours du côté de la vie religieuse...

J’avais découvert saint Dominique. Comme d’instinct, je rejoignais son esprit, sa conception de la vie religieuse... En septembre 1935, je partais pour le noviciat d’Amiens. Après un an de noviciat, je devais faire trois années d’études complémentaires au couvent du Saulchoir en Belgique, tout près de Tournai. J’ai vécu là trois années de vie priante et studieuse.

Années de formation solide en vue d’une vie religieuse solide et, de plus, ouverte, inventive. Nous respirons à pleins poumons dans l’atmosphère lumineuse et pénétrante de l’Ordre des Frères Prêcheurs.

... Nous parlons souvent de la fin de l’exil. Un nouveau Saulchoir se construit sur les bords de la Seine, à une trentaine de kilomètres de Paris.

Puis commence la guerre. J’avais été mobilisé quelque temps en Gironde. Quelque temps dans la Drôme. Puis quelques mois à l’extrême pointe sud de la Corse. Un temps sans danger, sans gloire non plus, qui prendrait fin peu après notre effondrement de mai 1940."