Lors de la célébration à La Blache, par le Frère Charles Jourdin
Frère Cyprien,je m'adresse à toi comme à un grand frère :
Frère Cyprien, tu as quitté, en 1961 Goutrens ton village natal (en Aveyron) pour rejoindre le noviciat des Frères Missionnaires des Campagnes dans l'Aisne. C'est là que nous nous sommes retrouvés, avec sept autres jeunes ; tu étais un homme de 32 ans ; à la tête d'une petite ferme, aimant la musique et même le cinéma (Farebique)... engagé à la JAC ; tu y as appris à aimer le Christ Jésus.
Qu'est-ce qui t'a donc fait tout quitter ? L’évangile, en Marc 10,17-27, révèle ton secret : « Jésus posa son regard sur lui et il l'aima ; il lui dit : '' va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres ; viens et suis-moi'' ».
Tu as vendu le troupeau, tu as quitté la maman, tes frères et sœurs, la ferme, le village, tu as pris ta valise... tu as rejoint les F.M.C.
Je rappelle quelques grands traits de ta vie de F. M. C. :
– D'abord avec les Frères de La Motte-Chalancon, (Drôme), tu t'es fait proche des émigrés espagnols... tu as appris à fraterniser avec eux dans le travail rude du maraîchage ; avec eux, tu es parti jusqu'en Andalousie pour la cueillette des olives.
– Puis, à La Houssaye-en-Brie, tu as été responsable de l'accueil, tu as accueilli, écouté et accompagné bien des gens, en particulier les « Entre jeunes », lecteurs du LE PELERIN ; tu les as aidés à approfondir leur foi, à s'engager dans la vie... à chanter pour le Seigneur, au rythme de la cithare ou de la guitare.
– Ensuite, tu as rejoint les Frères du Moulin de l'Oulme (dans le Gard). C'était bien après 1968 : tu y as rencontré des hommes et des femmes qui cherchaient comment vivre, loin de la société de consommation... Tu allais les rejoindre jusque dans les villages les plus reculés... Pour eux tu es resté le sage, le Frère !
– Enfin, à la Blache (Pont Saint-Esprit dans le Gard), en maison de retraite ; tu as continué à approfondir la Bible, seul et avec d'autres ; toujours à écouter, avec ce sourire inimitable qui créait la relation.
Fatigué, tu es entré dans le silence et la contemplation, jusqu'au bout, comme tu le disais au Frère Lucien, la veille même de ta mort... jusqu'au bout.
Ta vie, nous la déposons devant le Seigneur, heureux d'avoir partagé avec toi des chemins de foi, de fraternité.
Frère Charles Jourdin.