Homélie du fr Jean-Louis Lejay

Rm 8, 31, 35.37-39 ; Mt 25,31

 

Frère Louis était un fan de Jean-Claude Gianadda. Il y a un chant, qu’il aimait souvent fredonné et faire apprendre. Ses paroles peuvent nous  aider à rendre compte de ce qui animait sa vie :

Jésus, me voici devant Toi, tout simplement dans le silence

Rien n’est plus important pour moi, que d’habiter en ta présence…

Avec des projets fous ou dangereux, un cœur qui  recherche un rivage…

Avec l’orage ou le ciel bleu, avec ce monde et ses naufrages,

Ceux qui te prient ou bien tous ceux qui restent sourds à ton message.

Quand viendra-t-il  ton jour mon Dieu où j’apercevrai ton visage ?

Tu seras là, c’est merveilleux, les bras ouverts sur mon passage.

Nous pouvons aligner des dates et des étapes, nous pouvons difficilement pénétrer profondément le mystère d’une personne et de sa relation à Dieu et aux autres. L’histoire d’un homme, d’un baptisé, d’un religieux, d’un diacre peut-elle se résumer dans ce qu’il nous est donné de voir, d’interpréter, à travers joies et souffrances, à travers les forces qui le recentrent et celles qui le dispersent, à travers fragilités, limites, faiblesses et qualités ?

Nous connaissons plusieurs Louis, selon les hauts et les bas dus, en grande partie à l’épreuve de santé, surtout ces vingt dernières années :

-Le missionnaire, toujours dehors ou prêt à repartir, aux rencontres et cheminements étonnants, l’excessif…à l’affût pour partager sa foi et ses convictions ; l’ingérable ; le créatif, sensible aux symboles (l’eau, la terre, le caillou, les plantes) qu’il ne manquait pas d’utiliser dans les célébrations… Cela, quand le ciel était bleu, avec des projets fous ou dangereux, dit le chanteurHeureux  de rencontrer et d’accueillir les signes de fraternité manifestés à son égard.

-L’homme de foi et de prière, tout simplement dans le silence et la présence, de Jésus, selon l’expression du chanteur, relisant avec Lui ses projets et les visages inscrits dans son cœur ; souvent des blessées par les épreuves de leur vie… Vous êtes venus jusqu’à moi. Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait.

Temps de prière, en communion avec ceux qui te prient ou ceux qui restent sourds à ton message, comme dit le chant, inquiet devant les changements de la société, surpris par les différences et les résistances dans les discussions. Enseignant et bout en train au répertoire inépuisable. Que d’histoires à raconter !

Mais Louis avait également ses propres interrogations, ses moments d‘orages et de nuit, habité depuis des années, par son état de santé et son évolution ; questionnement qui nous faisait souffrir et le faisait souffrir… un cœur qui recherche un rivage….avec une foi chevillée au corps.

Qui pourra nous séparer de  l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse ? Non car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs, grâce à celui qui nous aimés. Dans une vie quotidienne jalonnée de morts et de résurrections tu chantes : un jour, mon Dieu, j’apercevrai ton visage. Tu seras là, c’est merveilleux, Les bras ouverts sur mon passage. Tu chantes : Alleluia !

Rassemblés pour exprimer notre confiance en la Parole du Christ nous osons croire que la vie éternelle est déjà présente en ceux qui donnent leur vie pour les autres :

Croyons qu’en Jésus-Christ, un jour, ceux qui ont soif de partage seront comblés.

Croyons qu’en Jésus-Christ, un jour, les blessés par la vie seront guéris, les angoissés seront libérés,  les accablés se relèveront.

Croyons qu’en Jésus-Christ, un jour, nous vivrons en vérité les uns les autres, nous reconnaitrons de quel amour Dieu nous aime, nous connaitrons la fraternité que nous avons cherchée.