Voici la servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta parole »

C’est la parole que nous avons reprise sur le faire part de décès de Clément, parce que c’était l évangile de samedi dernier, fête de l’annonciation, jour du décès de Clément. Aussi parce que Clément aimait prier avec Marie. Il participait avec assiduité au chapelet de Lourdes, avec la radio ou la télé, et depuis de nombreuses années il était fidèle au pèlerinage à lourdes avec l’hospitalité.
« Que tout m’advienne selon ta parole » Ces paroles ne disent pas seulement l’attachement de Clément à Marie, elles disent aussi le désir de Clément, depuis son enfance, de découvrir et de vivre le projet de Dieu sur lui.
Je m’inspire de notes manuscrites trouvées dans ses affaires où il écrit : j’ai vécu tout petit dans une ambiance familiale porteuse de vocation. Ma mère m’avait donné à dieu tout petit, s’il voulait me prendre.
Il entre au petit séminaire, mais le chemin n’est pas simple. Il a des difficultés avec les études que le séminaire imposait à l’époque, et il se retrouve en 1949, à 22 ans, à découvrir les frères Missionnaires des campagnes à La Houssaye en Brie. Les Frères étaient alors une toute jeune congrégation d’à peine 6 ans d’âge puisqu’elle avait commencée en 1943. Clément fait allusion au combat intérieur qu’il a vécu durant ces quelques jours : « Bien des années après, en relisant l’évènement, j’ai réalisé que le Seigneur m’avait empoigné le jeudi de la fête du corps du Christ, Lui, et qu’il fallait sans doute l’inquiétude du vendredi et du samedi pour m’ouvrir à la joie de l’appel le dimanche matin, après quatre mois de recherches et d’hésitations.
« Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole », mais sur un chemin à découvrir qui n’était pas exactement celui du départ…
Une autre étape qui a marqué Clément, c’est à partir de 1959.
« Un an après mon arrivée à Hermes, dans l’Oise, la recherche d’embauche m’a amené en usine où j’ai découvert progressivement la condition ouvrière. Je n’avais jamais été salarié et je commençais  une autre façon de me situer où je devais moi-même porter toutes les exigences de  ma vie : travail, sommeil, prière, activités pastorales, vie en petit prieuré. »
Une grève en 1963 lui fait vivre la solidarité ouvrière, avec toutes les tensions que cela implique.
« Que tout m’advienne selon ta parole »
L’étape suivante pour Clément, c’est le Neubourg, dans l’Eure. Il est toujours ouvrier d’usine, mais les graves accrocs de santé de plusieurs Frères du prieuré, le décès de l’un d’entre à 35 ans l’invite à accentuer la dimension fraternité. « Ce Frère, écrit Clément, m’apprenait, nous apprenait, pendant sa longue maladie, l’attention aux autres, à la vie qui appelle.
C’est aussi durant cette période que Clément retrouve d’autres ouvriers ruraux et contribuent à la mise en route d’équipe CMR d’ouvriers.
En arrivant à Lorris en 1980 il connait des périodes de chômage.
« bon grès mal grès il me fallait tourner une page et regarder devant autrement. La mission prend un autre visage quand vient le temps de la retraite professionnelle. J’ai des occupations pour 2 fois le temps qui m’est donné : courrier, compte de la communauté, accompagnement de groupes divers. C’est le temps de Lombez dans le Gers.
La dernière étape sera ici à Rabastens : venir vivre en foyer logement à la maison de retraite avec Frères Victor, Christian, puis d’autres, simplement pour être là, et vivre d’une manière discrète, au milieu des résidents, une vie donnée à Dieu et à ses frères.
Que tout m’advienne selon ta Parole.
Merci Clément pour ce que tu nous as donné. Beaucoup garderont de toi ton sourire, ton accueil. Et nous comptons encore sur toi, dans la communion des saints, pour nous aider à tracer notre propre chemin dans le monde et l’Eglise d’aujourd’hui.
Comme nous le rappelait St Paul dans la 1ere lecture : Celui qui  a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts, donne aussi la vie à nos corps mortels, par son esprit qui habite en nous.
Frère Emile Duthoit