Frère Claude Bocquillon – La Houssaye – 31 aout 2023

« Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ… Jésus en qui et par qui nous sommes tous fils adoptifs de Dieu… » C’est St Paul qui nous dit cela dans la 1ere lecture. Je joins à cette parole une parole de Frère Claude qui a été reprise sur le faire-part : « j’ai goûté que servir Jésus conduisait à la vie, à une vie bonne entre les hommes. »

Si aujourd’hui nous sommes tristes du départ de Claude, des derniers jours difficiles qu’il a connus de part la brutalité de son cancer, nous pouvons aussi nous réjouir de ce qu’il a su réaliser et donner, en témoignent les expressions déjà reçues. Je n’en reprends qu’une : « Claude nous a beaucoup apporté à travers son accompagnement, sa réflexion, son apport dans les évangiles en lien avec la vie, sa discrétion dans l’équipe, laissant chacun s’exprimer avant d’intervenir. Il était accueillant, à l’écoute, toujours calme et souriant. Nous garderons de lui son coté paysan, proche de la nature, un peu poète, ses prières écrites en témoignant. »

Ce que Claude a été n’était sans doute pas donné d’avance, mais s’est construit, quelques fois à travers des tâtonnements. Dans un article de chronique de 2017 il relate son parcours. A quatorze ans il a quitté l’école pour travailler à la ferme familiale : « j’aimais ce travail, j’aimais aussi la danse, le théâtre au village, c’était l’époque de la JAC. C’est à partir de 12 ans, au moment de la profession de foi que s’est posé pour moi la question d’une vocation. J’étais avec une question, parfois j’oubliais, puis elle revenait, il m’a fallu plus de 10 ans pour dire oui : un évènement m’a provoqué, la maladie de maman. Claude poursuit l’article par cette parole de Jésus : « celui qui perd sa vie la trouve. Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » et il continue : plus tard en découvrant l’évangile, Jésus, le mystère de Pâques, ces paroles qui éclairaient mon chemin prendront sens pour moi.
            Chacun de nous a son chemin provoqué par les évènements

Temps de formation à La Houssaye, à Pibrac, profession perpétuelle en 1970, orination presbytérale, puis 13 ans à Ile sur Têt dans les Pyrénées orientales, et en 1983, nouvel appel : acceptes-tu la responsabilité du noviciat. Claude dit oui : quitter, naître, un autre projet, une nouvelle communauté. « Celui qui aura quitté un père une mère, une terre… à cause de moi et de l’évangile recevra au centuple » cela est vrai écrit Claude.
Ce fut ensuite 10 ans à Canappeville, puis les 6 ans de prieur régional de France, et en 2012 il rejoint la Carneille.

Maintenant je laisse parler Fr Claude à travers quelques paroles glaner dans ses écrits et qui peuvent être pour nous comme des appels :
Dans un article de juin 2012 :
« Un fil rouge demeure  au long des étapes de nos vies : la relation au christ, à nos Frères en communauté, à nos frères les ruraux. J’aime dire que je suis heureux d’être Frère, heureux d’être prètre, mais ce qui me passionne c’est Jésus-Christ et son Evangile. Parmi d’autres, le N° 3 de nos constitutions exprime bien l’équilibre à chercher dans nos vies : Pour répondre à notre vocation, nous avons à maintenir dans une unité organique les éléments divers de notre vie qui est de sa nature, religieuse, communautaire, apostolique et rurale.

De par sa sensibilité, Claude nous invite à savoir éprouver la création comme un cadeau : s’émerveiller, en faire une prière de louange au créateur… Personnellement j’aime traduire en poème les perceptions éprouvées lors d’une ballade dans la nature, m’émerveiller devant la simplicité et la beauté d’un églantier en fleur… parfois un refrain peut monter à mes lèvres, un merci, une prière.
            Eprouver la création comme un cadeau

A partir de 1980 Claude s’est risqué à la peinture avec un groupe de La Houssaye. L’an dernier le comité Chronique lui a demandé une page autour du thème : peindre, source de joie spirituelle. Claude termine son article en rappelant un souvenir d’enfant qui l’a ouvert à l’importance de la gratuité dans nos vies : un jour d’été, Georges, un ami de mon père devenu instituteur, a installé son chevalet dans le rue de notre ferme. Pour moi, c’était magique. La ferme c’était le lieu du travail, Georges avec ses pinceaux et sa peinture apportait quelque chose d’autre à notre espace. Je garde la trace d’une joie éprouvée ce jour-là.
            Goûter la joie de la gratuité

Pour terminer ces dernières lignes d’un article de 2018 : si le grain ne meurt :
Consentir. Dire oui à la vie. Et la mort fait parie de la vie. Trouver sa vie en la donnant. N’est-ce pas ce que nous a dit Jésus ‘Celui qui veut garder sa vie la perdra, celui qui la donnera…la trouvera.’ ‘Pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime..’
J’aime ce qu’exprime souvent Eléna Lasida dans ses écrits : Non pas la vie après la mort, mais la vie à travers la mort.

Fr Claude a traversé la mort. Il est maintenant dans la joie de Dieu. Il nous invite à tracer notre propre chemin à travers ombres et lumières jusqu’au jour où il n’y aura plus que la lumière.

Frère Emile Duthoit