Homélie prononcée par Frère Jean-Louis

 

En fin d’études à l’école d’agriculture d’Angers, le P Guilloux, jésuite directeur, remet à la nouvelle promotion les diplômes. En guise d’envoi il dit : Messieurs vous êtes ingénieurs. Vous ne savez rien. Vous n’êtes capables que d’apprendre.

Cette phrase, servira de guide au frère Pierre, plus pour la mission que pour l’agriculture. A de nombreuses occasions il nous la rappellera en réunion ou dans des articles. De fait elle dit bien la façon dont il a vécu son itinéraire : comprendre le présent et préparer l’avenir ; toujours soucieux d’apprendre, de participer aux sessions de mission rurale. Ses notes personnelles témoignent des heures passées à un accueil d’une réflexion suite à des sessions, lectures, réunions…

En début de célébration nous avons  évoqué  divers lieux et rencontres où il a exercé le service du monde rural qu’il avait choisi ; laissant tout, dans la confiance, à cause de Jésus et de l’Evangile, comme l’a rappelé saint Marc. Aujourd’hui nous voulons rendre grâce, car Pierre ne voulait pas que l’on se rassemble pour dire : Pierre à fait ceci ou cela, mais pour rendre grâce à Dieu et au ‘’passeur’’ par excellence : Jésus ; car, dit-il, je ne suis que par ce que j’ai reçu de tant de ‘passeurs’ heureusement rencontrés sur ma route.

Nous voulons rendons grâce pour sa présence dans les équipes et en communauté avec le souci de transmettre discrètement ses découvertes qui allaient dans le sens d’une recherche de chemins nouveaux  pour mieux rendre compte de la foi chrétienne. Par exemple, la lecture du livre ‘devenir humain’ (Yves Burdelot) ou à la venue de Christophe Théobald sur ‘la pastorale d’engendrement’. Dans son long parcours Pierre a choisi une ligne théologique : elle part de l’humain. Le chemin de Dieu passe par la rencontre des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Cette vision d’Eglise et de la mission, qui doit tenir compte de la mutation culturelle de notre monde, est pour lui une exigence de l’Evangile. Il l’a approfondie  dans la spiritualité de la congrégation. Frère Pierre a symbolisé cela pour nous dans sa façon d’être  présent là où on écoute la parole de l’autre, où l’on favorise des lieux d’accueil et de cheminement, où l’on accompagne les communautés chrétiennes de manière  coresponsable  (laïcs, religieux(ses), prêtres du diocèse, etc.). Il ne s’agit pas pour lui de s’adapter au monde  par mode, mais d’un appel dans la foi : la fraternité est un chemin d’avenir pour le monde, un chemin de Vie en Dieu.

Nous comprenons pourquoi, au-delà (et à travers) les tâches accomplies, frère Pierre nous a fait écouté le beau texte de l’épitre de saint Pierre. Il rend compte de son expérience spirituelle. Avec lui nous bénissons Dieu qui nous appelle à renaitre pour une vivante espérance. P-M Laborey 1 Pi 1,3-9 ; Mc 10, 28-31