Nous avons choisi d’écouter ensemble la page des Béatitudes selon Saint Mathieu ; elle a été placée par le Père Épagneul, le fondateur des Frères Missionnaires des Campagnes, à la toute première page de notre règle de vie. Les Béatitudes voudraient être à la racine de notre vie de Frères. Je vous lis le paragraphe 4 qui est  fondamental pour notre vie : « Frères, clercs et laïcs, totalement  égaux au titre de notre baptême et de notre vie religieuse, nous sommes heureux de témoigner que nous sommes tous frères, fils du même Père, et que nous voulons vivre une vie fraternelle entre nous et avec les gens de nos villages. Nous aimons nous appeler ‘Frères’. Être heureux de vivre cette fraternité, comme Jésus ; quand il proclame : « heureux vous les pauvres de cœur, heureux... » c’est son propre cœur qu’il nous dévoile ; c’est son bonheur d’aller vers le lépreux, d’accueillir la femme rejetée, de prendre la main du paralysé...

Pour Fr. Lucien, ce bonheur là, cette fraternité au nom de Jésus, remonte très loin dans sa vie : il raconte lui-même : ‘j’avais deux mois, quand l’évêque est venu bénir un calvaire dans le hameau de ma famille ; j’étais dans les bras de ma grand-mère. L’évêque lui a annoncé prophétiquement ma vocation ; le sens de ses paroles échappa à ma grand-mère ainsi qu’à ma famille. Mais 19 ans plus tard, ils comprirent, quand je leur ai annoncé mon départ dans la vie religieuse.’

Dès après son engagement chez les frères missionnaires des campagnes, Frère Lucien est parti travailler dans une ferme ; il y retrouvait douze autres ouvriers ; des ouvriers agricoles qui avaient une vie bien précaire à l’époque ; Fr. Lucien raconte : ‘dès 5 h 30, je participais à l’eucharistie, je rejoignais aussitôt les autres ouvriers jusque tard le soir ; c’était dur ; j’ai reçu alors cette vision du Seigneur : ‘je te serai présent pendant plus d’un an pour te soutenir dans le rythme difficile de vie et de travail ».

Une vision, une intuition ? La vie du Frère Lucien a été ainsi marquée régulièrement par des intuitions spirituelles profondes ; il s’adressait spontanément au Seigneur et, pourrait-on dire, comme un enfant, il attendait sa réponse ! Et quand il avait saisi un appel du Seigneur, son engagement, son obéissance était totale. Je reprends son propre témoignage : « Pendant le carême 1989, j’étais en prière, j’ai reçu cet appel intérieur : « voudrais-tu t’abstenir de boire de l’alcool le reste de tes jours sur la terre, pour soutenir ceux qui boivent trop » A partir de là, il s’est engagé à l’association ‘l’eau vive’ qui prie pour les malades alcooliques. Il ajoute : « la même année, je reçois dans la prière l’appel à mettre en place une structure d’accueil et d’écoute pour les gens en difficulté qui ont perdu leurs points de repère »...

Je le cite une fois encore : « envoyé dans la communauté des Frères de Rochegude, j’ai reçu intérieurement cette parole : « si tu veux créer un groupe de prière va rencontrer tel couple dans cette ville... Quelques mois plus tard, nous étions 9 en groupe de prière ».

Vous qui avez connu Fr. Lucien, depuis 16 ans, dans le cadre du groupe de prière de Pont Saint Esprit, vous pourriez poursuivre ce témoignage et rendre grâce pour ses conseils, ses encouragements, ses appels à la prière.

Le dernier passage de la Bible que j’ai lu pour Frère Lucien, le 19 juin dernier, (2 Rois 2,9- 10) c’est l’adieu du prophète Élie bien connu dans la Bible, à son disciple Élisée : Élie sait qu’il va mourir et il lui dit ‘qu’est-ce que je peux faire pour toi’... Elisée lui répond ‘donne-moi une double part de l’Esprit que tu as reçu. » Ce pourrait être notre prière à chacun de nous aujourd’hui !

Unissons nos cœurs et rendons grâce pour les bienfaits que le Seigneur nous a prodigués, par sa prière et ses conseils..

Frère Charles JOURDIN