Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul.. Julien n’est pas resté seul - la preuve, c’est déjà notre présence ce soir - Julien savait nouer des relations dans tous les milieux, dans toutes les circonstances. C’est sans doute un trait de sa personnalité, mais c’est aussi lié à sa foi, à sa manière de témoigner de la Bonne nouvelle de Jésus.
Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt il donne beaucoup de fruits. Qu’est-ce que veut dire mourir ? Le grain de blé se transforme, une part de lui-même disparait pour donner la pousse puis plus tard le fruit. Julien s’est laissé façonner par le Seigneur. Il est né en terre picarde, de parents ouvriers agricoles. Lui-même a été ouvrier d’usine, puis agricole. Durant son service militaire, il fait une expérience spirituelle et retrouve de manière plus vivante, plus personnelle la foi de son baptême. Puis il rencontre la JAC (jeunesse agricole chrétienne) Il dira souvent lui-même « ce fut la chance de ma vie ». La JAC qui l’entraine sur des chemins imprévus des responsabilités nationales comme permanent au service des ouvriers agricoles, la JAC qui lui fait rencontrer les Frères Missionnaires des campagnes, et résonner en lui un appel à la vie religieuse.
Si quelqu’un veut me servir qu’il me suive, et là où je suis là aussi sera mon serviteur
On peut dire que Julien est avec Jésus, pas seulement maintenant après sa mort mais depuis toujours, et on peut dire aussi que Julien a rendu présent le Christ là où il passé. Il a été présence du Christ dans ses différentes activités. Il insistait beaucoup sur la formation, et il regardait comme une chance d’avoir fait le stage en élevage au centre de formation de Canappeville. Il a été présence du Christ dans son travail d’ouvriers agricole à Charny dans l’Yonne, et dans ses engagements à l’ASAVPA (Association de salariées agricoles )
Il a été présence du christ en Afrique, au Togo, au Burkina puis au Bénin dans son travail de développement et d’accompagnement des jeunes Frères africains, pays auxquels il est resté très attaché, mais qu’il a du quittés en catastrophe pour raison de santé.
Après un temps de repos à Crancey, il passe quelques années à La Houssaye et rejoint Canappeville en 2000 où il restera jusqu’en avril 2016
Celui qui aime sa vie la perd, celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle nous dit encore Jésus. Julien n’hésitait à donner, son temps, son amitié, ce qu’il avait. Il avait du mal à dire non, ce qui l’entrainait parfois dans des situations difficiles. C’était sa manière d’être témoin du christ, à travers l’accueil, le service, la rencontre, son enthousiasme, sa disponibilité.
Ces derniers mois il a senti ses forces diminuer. Il n’arrivait plus à faire ce qu’il voulait. Il en souffrait au point d’avoir des crises d’énervement, mais avec simplicité il savait le reconnaitre et demander pardon. Très attaché à Canappeville il a généreusement accepté de rejoindre une maison plus adaptée à sa santé. Je l’ai revu à Brienon il y a aujourd’hui 15 jours. Il n’était pas centré sur lui-même mais restait ouvert aux autres. Il m’a remercié pour la carte que je lui avais envoyée de Lourdes 15 jours auparavant.
Ce soir, dans l’Eucharistie, nous pouvons apporter toute cette vie de Frère Julien, qui s’épanouit en vie éternelle. Nous pouvons faire monter vers Dieu un grand merci.
Pour nous y aider, je reprends l’expression de l’un ou l’autre quand il a appris le décès de Julien :
Julien était pour nous tous, famille, enfants, amis en communion, un vrai rayon de soleil, dépassant ses soucis, ses souffrances et ses limites pour nous entrainer dans la foi de la louange. Merci d’avoir été au milieu de nous tout simplement un frère.
Je garde le souvenir d’un homme toujours souriant et toujours positif, un homme de foi.
Je le vois là-haut, souriant, avec le pouce en l’air, nous disant : super, c’est formidable
ou encore : Julien est pleinement heureux. Il a surement été enthousiasme en découvrant le Seigneur dans sa splendeur.
Si le grain de blé tombé en terre ne meure pas, il reste seul ; s’il meurt il donne beaucoup de fruits… Ces paroles en lien avec la vie de Julien sont un appel pour chacun d’entre nous.
Frère Emile Duthoit