isidore-flutiste-380x293

1932 - 2009

 

Frère Isidore est né le 17 mars 1932 à Mansué, en Italie, petit village de la province de Trévise, au nord de Venise. Il est le second d’une famille de 6 enfants : cinq garçons, une fille. La famille est très unie : il vit là, intensément, ses 15 premières années, dont la période de guerre (39-45).

Mais après guerre la vie n’y est plus possible pour une famille nombreuse. En 1947, son père décide de partir en France avec Isidore, chercher du travail pour tous en région toulousaine. La famille suivra ensuite. Après diverses tentatives successives, ils se fixeront à Barran, dans le Gers, petit village à l’ouest d’Auch.

L’adolescent de 15 ans qu’il est, dépaysé, va vivre une période de solitude très pesante. Coupé de ses amitiés, il réagit en s’étourdissant dans la musique de percussion, dans de petits orchestres de jeunes en bals du soir. Il pense même en faire sa profession. Sa mère en souffre. Déséquilibré, il finit par s’en ouvrir au prêtre de la paroisse, qui l’écoute en profondeur et lui parle des jeunes de la JAC. L’idée mûrit. Il participe à une retraite et décide de quitter l’orchestre.

Il s’engage dans la JAC, prend petit à petit des initiatives et retrouve un équilibre. Professionnellement, il s’engage comme employé à l’école d’agriculture de Masseube (Gers), tenue par les Frères des Ecoles Chrétiennes. Il y suit des cours de formation agricole. Leur vie, leur sens des jeunes le marquent. Et le voici qui cherche sa voie.

Son ami prêtre lui conseille une nouvelle retraite, qui l’amène à se décider pour la vie religieuse. Mais quelle vie religieuse ?

C’est au cours d’une visite au collège des Frères des Ecoles Chrétiennes de Pibrac, non loin de Toulouse, que la réponse lui est donnée : ce sera chez les Frères Missionnaires des Campagnes qu’il rencontre là, où ils ont également un prieuré.

Isidore, frère missionnaire des Campagnes
Il rentre chez les frères en septembre 1961, à 29 ans. Sa première profession a lieu le 25 mars 63. Il vient d’avoir 31 ans.

 

De 1963 à 66 il suit au prieuré de La Houssaye la formation pour les frères laïcs.

Il est ensuite nommé au prieuré de Châteaumeillant dans le Cher, où il va vivre ses 6 premières années de vie et de travail missionnaire, de 1966 à 1972. Salarié en maçonnerie, il se révèle déjà tailleur de pierre professionnel, notamment dans la restauration de l’église de Néret.

En 1972, les FMC ouvrent un prieuré en rural touristique aux Orres, dans les Hautes-Alpes : Fr. Isidore fait partie de la communauté. C’est là que, sans qu’il le sache, va commencer son aventure avec Boscodon, où Sr Jeanne-Marie et le P. Aussibal arrivent eux-mêmes fin 72.

La communauté FMC va rester 2 ans aux Orres (1972-74) puis s’installer à St. André d’Embrun (1974-1988). Fr.Isidore trouve à s’embaucher comme maçon à l’entreprise Riorda, habilitée pour les monuments historiques. Il va y travailler sur les chantiers de maisons neuves autour d’Embrun et à l’Abbaye de Boscodon, quand la restauration commence.

Là, comme en dehors de son travail, son besoin d’expression artistique marque sa vie : sculpture sur pierre et sur bois, peinture, musique, fabrication de flûtes de Pan, textes poétiques... En tous domaines il se forme lui-même, s’informe par des ouvrages spécialisés. Expression spontanée et réflexion vont de pair chez lui, avec le sens inné du message spirituel d’une oeuvre. Avec aussi cet art de savoir associer d’autres acteurs à ce qu’il entreprenait. Et son art de dire les choses avec vie.

Quand le prieuré de St.André d’Embrun ferme en 1986 - pour devenir un ’ermitage’- Fr.Isidore, atteint dans sa santé au niveau pulmonaire (par le travail de la pierre) va rejoindre la Communauté inter-religieuse de Boscodon pour rester en altitude et poursuivre son investissement missionnaire à partir de l’Abbaye : FMC et membre de la Communauté de Boscodon... jusqu’à sa mort. De 1988 au petit matin de février 2009 il participe à l’animation communautaire, culturelle et missionnaire du projet Boscodonien. Il aura donné au pays embrunais 36 ans de sa vie de travailleur et de témoin spirituel.

Frère Paul Rougnon