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1920-2008


Le Fr. René-Jean Marmou est né au pays des vignes... celles des coteaux de Blaye en Gironde... C’était en 1920, le 16 décembre à Braud et St Louis. Son père s’appelait Pierre, sa mère Marie. Il aimait à dire qu’il était du même âge que le pape Jean-Paul II ! Il fut baptisé le 9 Janvier 1921 dans l’église de son village. De son pays il avait gardé l’accent rocailleux, il roulait les ‘’r’’ !

A l’âge de 25 ans il entre au séminaire de vocations tardives de Gauriac dans son diocèse. Il y reste deux ans, puis il assure le secrétariat fédéral de l’action catholique rurale. C’est de là qu’il prend contact avec le Père Epagneul .
Il arrive à La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne) en 1949. Il a 29 ans. Le 25 mars 1950 il prend l’habit FMC, et c’est 4 ans plus tard, le 25 Avril 1954, qu’il fait sa profession perpétuelle dans l’église de son baptême, à Braud et St Louis. Le Père Epagneul était venu là pour la circonstance.
Fr. René-Jean avec sa grande barbe, c’était une figure ! Ce fut aussi une exception ! Il aura passé toute sa vie dans le même Prieuré, celui de La Houssaye-en-Brie. Il est le seul FMC à ne pas avoir changé de Prieuré ! On se souvient que les premières années, il tenait le rôle d’infirmier au Prieuré et il faisait les piqûres dans le village. Matin et soir, à pied ou à vélo, pendant 60 ans, il aura assuré le service du courrier entre le Prieuré et le bureau de poste du village. Un autre service important qu’il a assumé presque aussi longtemps, c’est celui du secrétariat de la Chronique FMC-SC. Longtemps aussi il a participé à la vie paroissiale de Neufmoutiers, y secondant l’abbé Colmet Daâge.

Les abeilles !

Depuis le rucher du Prieuré qu’il a créé et n’a cessé de développer, il entre en contact avec d’autres apiculteurs du département.
En 1968, il devient « conservateur » (responsable) du rucher école du jardin du Luxembourg à Paris. Il se souvenait de Mai 68 !
En 1973 il commence a assurer les cours théoriques et pratiques du rucher école (115 inscrits en 1974). C’est dans ce cadre là, en reconnaissance de son travail et de ses compétences qu’il est décoré dans les salons du Sénat de la médaille du mérite agricole.(photo ci-dessous)
C’est Mr Poher, président du Sénat qui lui remettra sa décoration, entouré de nombreux collègues apiculteurs.
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Fr. René-Jean Marmou reçoit la Croix de Chevalier du Mérite agricole

« En 1968, vous êtes nommé Conservateur du rucher-école du Jardin du Luxembourg, où vous assurez seul et sans aucune défaillance depuis 23 ans, la totalité des cours pratiques. En 1985, Alain Bougrain-Dubourg vous a consacré un court-métrage et votre renommée a dépassé nos frontières puisque, très souvent, vous participez à des congrès, non seulement en Europe mais aussi au Japon et en Amérique du Sud. Votre barbe, votre chapeau colonial et votre blouse blanche sont bien connus et vous êtes, tous les ans, le personnage central sur le stand du rucher-école lors de l’Exposition d’Automne à l’Orangerie du Luxembourg. La Croix de Chevalier du Mérite Agricole vient justement consacrer votre œuvre... »
Extrait du panégyrique fait par Alain Poher, Président du Sénat, le mercredi 18 septembre 1991.
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Comme apiculteur il participe à divers congrès nationaux et internationaux. Au salon de l’agriculture à Paris, plusieurs années, il fera partie du jury pour décerner les médailles des meilleurs hydromels.
Beaucoup de monde passe au Prieuré St Martin ; tout le monde connaissait Fr. René-Jean, c’était ‘’le frère abeilles’’ ou ‘’le frère miel’’. Il avait le souci de vendre sa production ! 

[Allocution de Gilles Bodaert, de la Société Centrale d’Apiculture, aux obsèques du Frère René-Jean Marmou

 à La Houssaye-en-Brie]

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Un aspect moins connu peut-être ?

Il était aussi un militant de l’Espéranto, secrétaire national de l’espéranto catholique. Il a participé là aussi à de nombreux congrès nationaux ou internationaux. Peu bavard, il rêvait de pouvoir parler avec les hommes de tous les pays !
Dans les années 80-90, il a accompagné un groupe MCR (Mouvement Chrétien des Retraités) de la paroisse : lieu de partage de la vie et de la foi chrétienne. Volontiers, il participait aux voyages et aux repas du club des anciens du village.

Fr. René-Jean n’était pas un expansif. Il livrait peu de choses de sa foi, de son expérience spirituelle, mais jusqu’au bout, il aura été fidèle à la prière commune à la chapelle. Une fois ou l’autre il a quand même pu nous dire qu’une de ses jambes abîmée par un ulcère lui demandait plus d’une heure de soins le matin, avant de venir à la prière.
C’est vrai Fr. René-Jean ne se livrait guère, c’était son tempérament, mais pour moi, la manière dont il a vécu des passages difficiles de sa vie ont fait mon admiration.

Quand il a fallu quitter sa responsabilité au Jardin du Luxembourg ou d’autres services, laisser des lieux auxquels il tenait dans le Prieuré, quitter le Prieuré où il avait passé toute sa vie pour aller à la maison de retraite à Sens, il l’a fait ; parfois en ronchonnant un peu, mais quand c’était fait, on n’y revenait plus !
Quand il a fallu renoncer à marcher et ne plus se déplacer qu’en fauteuil roulant, devenir dépendant complètement, là encore il l’a fait tout en gardant une certaine paix, et sa capacité de sourire. Parfois il se fermait, mais c’est quand il souffrait.
Pas de grands discours, mais pour moi, l’esprit avec lequel il a vécu ces passages pouvait laisser transparaître quelque chose de sa vie intérieure et de sa ressemblance avec Jésus.
A sa manière !

Au revoir Fr. René-Jean ! Tu étais le doyen de notre famille religieuse. Avec tes dons et tes limites, ta part de péché, tu as essayé d’être un frère. Rejoins en Dieu, en Jésus vainqueur du mal et de la mort, tous ceux auprès desquels tu vas reposer au cimetière de La Houssaye ; ceux de ta famille aussi !

Fr. Claude Bocquillon
Prieur régional
à La Houssaye-en-Brie
le 28 avril 2008 jour de l’inhumation.

 

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Deux anectodes

 

Voici deux anecdotes qui complètent le souvenir que l’on a du frère René Jean.

La première est une agresssion dans le couloir du métro parisien. Il est 17 heures. Coup de téléphone au prieuré Saint Martin. "Le Frère René Jean a été agressé à sa descente de métro à la gare de L’Est, pouvez-vous venir le chercher au commissariat de police de la gare . amener un pantalon." J’y vais intrigué et légèrement angoissé. Est-il blessé ? Quand j’arrive, je vois le frère souriant et dixcutant avec des agents. Il est assis et sur ses genoux une serviette de toilette. Par force car il est en caleçon. Que s’était-il passé ? Un homme avait voulu lui prendre son porte feuille et l’avait bousculé si fort qu’il était tombé par terre et son pantalon était déchiré du haut en bas. Il s’était donc défendu.. Malin le frère n’avait pas perdu le nord, même à terre. Avec sa canne il avait attrapé le voleur par la patte et il s’était lui-même écroulé par terre lachant le portefeuillle. Puis il s’était enfui à toute jambe. Des passant félicitèrent le frère René et le conduisirent au commisariat de la gare ....en caleçon, le pantalon à la main. Ca ne l’a pas troublé et c’est dans cette tenue que je l’ai trouvé. Au retour nous avons bavardé de tout et de rien comme s’il ne s’était rien passé. Ca prouve une dose de courage et de conscience tranquille.

La seconde aventure est encore plus pitoresque : Un 11 novembre le frère René Jean est appelé par les pompiers de Paris pour venir chercher un essaim d’abeilles dans les jardins du Luxembourg car il était administrateur du rucher. Quand nous arrivons, il y a foule autour de la grande échelle de pompiers qui est déployée. Ca ne trouble pas le frère. Il s’équipe et grimpe les échelons de l’échelle lentement juqu’à ce qu’il disparaisse dans les feuillages ’un maronnier. Quelques minutes plus tard nous le voyons réapparaître une main sur la rmabarde de l’échelle et l’autre tenant une assez grosse caisse en bois autour de laquelle virevoltent une nuée d’abeilles. La foule s’émeut. Lui descend tranquillement, mais l’échelle étant en trois parties à chaque intercessions, il s’érrête et son pied cherche le rayon suivant. Il hésite et la foule fait : OH ! A la deuxième intercession, son pied cherche plus longuement et semble même le rater. La foule hurle un OH ! retentissant. Mais tout rentre dans l’ordre et enfin tout va bien et il met pied à terre au milieu des applaudissements. Quand nous renons en 2 CV, je lui dis : " C’est tout de même très dangereux ce genre de sport." Il me répond avec un sourire : "J’ai l’habitude et il faut bien faire un peu de cinéma. " C’est un frère qui m’a toujours impressionné et que j’ai beaucoup admiré, donc aimé.

Frère Guy Ollivon