sr RachelEn relisant ma vie

je mesure le choix de Dieu sur moi, depuis ma petite enfance où le milieu familial m’a portée à connaître Jésus, en passant par ces années à la JACF où je personnalisais ma foi.

Née dans une famille de migrants belges en Haute Normandie, j’ai grandi dans un milieu chrétien où la question de la vie religieuse venait souvent sur les lèvres de Maman.

 

Animée d’un désir missionnaire

et vivant dans une région rurale si peu évangélisée et déchristianisée, très tôt je me suis posé la question : « Pourquoi tant d’enfants, de jeunes de mon âge n’ont pas la chance d’être chrétiens ? » En pension dans une école libre à Bernay, j’ai vécu en profondeur ma retraite de communion solennelle et le renouvellement des promesses de mon baptême : « Je m’attache à Jésus Christ pour toujours ». A ce moment là, la possibilité de la vie religieuse pointait à l’horizon, mais sera vite oubliée par la suite. Le dimanche, avec mes sœurs et d’autres jeunes, nous animions la messe, formant une petite chorale. Par la suite, mon engagement à la JACF, qu’il fallait concilier avec le travail à la ferme chez mes parents, était aussi l’occasion de me donner aux autres jeunes. Les réunions de militantes jacistes, les sessions, m’ont stimulée dans ce désir que l’Evangile soit annoncé en monde rural. Je faisais le lien entre la vie et la foi.

Un déclic dans ma vie

Une retraite prêchée par l’aumônier régional de la JACF a orienté mon existence. Je me posais la question de mon avenir. Attirée par le mariage et une occasion se présentant, j’en parlais au prédicateur. J’ajoutais banalement : « Je sais qu’il y a aussi la vie religieuse ». Sa réponse: « C’est peut-être çà pour vous ! » m’a bouleversée. Je suis allée prier longtemps à la chapelle, une paix profonde m’envahissait et venait confirmer cet appel. Après des années où j’avais écarté cette possibilité, le Seigneur me choisissait, il me voulait toute entière à lui ! Chercher une congrégation religieuse ne fût pas un problème. Toutes mes années de militance à la JACF, m’ont préparée, le moment venu, à dire « oui » à mon entrée chez les Sœurs des Campagnes. Je continuerai à porter l’Evangile dans le monde rural, dans une vie consacrée à Dieu. Je porterai ce milieu dans la prière, et avec des sœurs dans une vie communautaire.

Partager la vie des ruraux,

cela me fût donné de le vivre dans la Creuse, en Haute-Garonne, dans l’Oise, le Tarn-etGaronne, l’Yonne, et maintenant dans le Cher. Le travail salarié me mettait au coude à coude avec la population grâce aux travaux ménagers, quelquefois agricoles ou saisonniers, et six années dans un atelier de confection. Par la suite, à la retraite professionnelle, j’ai goûté à la vie associative. Aujourd’hui je participe à un groupe de randonneurs. La mission apostolique m’a amenée à investir auprès de beaucoup d’enfants et de jeunes, dans la catéchèse, les mouvements, les préparations à la confirmation, actuellement j’accompagne une équipe CMR. Je suis engagée aussi à la mission rurale du diocèse. La mission du prieuré est faite de ce que chacune apporte. Je crois à la dimension missionnaire de la vie communautaire, avec ses joies, ses enthousiasmes, avec ses difficultés aussi, ses pardons reçus et donnés.

Je rends grâce au Seigneur

pour tout ce qu’il m’a permis de vivre dans la vie religieuse apostolique. L’âge avançant, je mets un frein à de multiples activités, la fécondité de ma vie ne s’appuyant pas sur ce que je fais mais sur ce que je suis. L’Esprit-Saint m’a appris à tout abandonner au Seigneur: mes limites, les activités qui me dépassent, celles que je ne pourrai plus faire. Savoir renoncer me fait entrer davantage dans le mystère pascal. J’essaie de me laisser guider par le Christ, il sait où il me mène. Je crois qu’à travers ombres et lumières, il me conduira au port.

Sœur Rachel VERMEERSCH

Prieuré Sainte Solange Le Châtelet-en-Berry (Cher)

Chronique de Septembre 2011. Pour lire l'article en pdf : cliquer ici.