2016 Julien photo f p1935 - 2016

" Je porte le sourire que Dieu m’a donné"

Frère Julien Savary nous a quittés le lundi 26 septembre 2016 dans sa 81ème année, à la maison de retraite Joséphine Normand à Brienon.
La célébration religieuse a lieu en l’église de La Houssaye, vendredi 30 septembre 2016.

 

Pour tonton Ulisse le 28 novembre 2024

 

Tonton Ulisse est né le 27 septembre 1929 dans une famille chrétienne à l’Aiguillon sur Vie en Vendée.

Il est le septième d’une famille de 11 enfants.

Mais déjà son frère aîné Joseph est décédé en 1928 à l’âge de 8 ans.

Puis il verra partir 4 autres frères :

Luc en 1933 à l’âge de 6 mois

Anicet en 1936 le jour de sa naissance

Octave en 1941 à l’âge de 5 ans

André le 03 octobre 1943 à l’âge de 18 ans dans l’église de l’Aiguillon tué par la cloche qu’il venait sonné pour les vêpres.

A chaque fois qu’il a pu tonton a participé aux rassemblements de famille.
notamment pour les sépultures en particulier pour

Son père Joseph en 1969

Sa mère Octavie en 1973

Sa sœur Reine en 1981

Sa sœur Eva en 2009

Sa sœur Anne Oblate de Ste Thérèse en 2011

Son frère Fernand en 2019

Sa sœur Jacqueline en 2022

 

Mais il est aussi venu pour les mariages, les nôtres et ceux de nos enfants.

Nous avions beaucoup de plaisir à le voir arriver, toujours avec le sourire et l’œil espiègle

Quand il venait passer quelques jours en Vendée, c’était l’occasion d’organiser de grands pique-nique en famille avec d’inévitables parties de pétanques.

Il en profitait pour rendre visite à ses amis qui l’accueillait avec joie et qui étaient ravis de se remémorer leurs souvenirs de jeunesse :

« T’en rappelles-tu, quand t’es entré chez les Frères Missionnaires des Campagnes : nous avons dit : c’est pas possible, ça ne va pas durer, il va revenir ! »

Et de continuer sur les péripéties pendant les battages, les kermesses, et autres…la chasse par exemple !

 

Nous lui avons aussi rendu quelques visites sur les différents lieux où il vivait : Pibrac, Noves, Sahune où je me souviens personnellement de la dure montée vers la Vanige qui nous a fait rire ( surtout lui) pendant longtemps et aussi de Saint-Sulpice la Pointe où nous faisions le tour du grand jardin.

Tonton Ulisse est décédé le 22 novembre jour de la Ste Cécile.

La Fanfare Ste Cécile de l’Aiguillon sur-Vie ne l’oubliera pas non plus, lui qui a été un membre actif dès le début, et qui est venu en 2011 fêter les 65 ans.

 

C’est notre dernier oncle, nous garderons de lui le souvenir de son sourire, des moments de convivialités que nous avons partagés, de son attention à chacun, des courriers qu’il nous envoyait pour nos anniversaires et pour les fêtes religieuses et …. des belles rencontrent faîtes grâce à lui.

Frère Gabriel est né le 27 septembre 1929 à l’Aiguillon-sur-vie (Vendée), dans  une famille de 11 enfants (7 garçons et 4 filles). Sur les 20 hectares de terres dispersées et en métayage, les conditions de travail étaient difficiles ; mais la vie de famille et les relations humaines étaient fortes. Il a quitté l’école à 12 ans et demi. Par la JAC il réfléchit sur la fierté d’être paysan, le sens du travail, la mission. A 28 ans il entre au noviciat des FMC à La Croix-sur-Ourcq (Aisne) et prononce son  premier engagement le 9 juin 1959. Après des années de formation à La Houssaye (1960-1961),  il est envoyé en 1962 au prieuré de Pibrac (Haute Garonne). Alors qu’il souhaitait rejoindre le milieu agricole, la communauté lui demande de rejoindre les ruraux ouvriers nombreux dans la région. Il est embauché par un petit entrepreneur de maçonnerie. C’est une grande étape pour lui de passer du rural agricole à l’ouvrier rural,  et d’acquérir une nouvelle compétence. Les Frères et le CMR-O sont un soutien pour lui. Il approfondit sa connaissance de Jésus : Ce lieu est habité et je ne le savais pas.

Nous faisons mémoire de son baptême et de son engagement religieux en déposant sur le cercueil la charte de Profession, la Règle de vie des Frères, et la lumière ; la flamme du cierge pascal est transmise auprès du cercueil.

Elu au Conseil Général en 1973 frère Gabriel viendra à Noailles (Oise) pour les années 1974-1975) puis à La Houssaye de 1976  à 1979,  puis à Peyrolles en Provence. A la fermeture du prieuré, en 1981, la congrégation ouvre une communauté à Noves (Bouches-du-Rhône) pour une présence aux travailleurs immigrés, surtout maghrébins. Il apprécie cette présence, la participation à une équipe CMR, et l’engagement du Prieuré dans diverses organisations pour plus dignité et de justice. Mais en 1986 les Frères du Chapitre Général l’élisent au Conseil Général ; ce qui l’amène à rejoindre La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne). C’est un appel inattendu. Durant cette période Il découvre davantage les liens qui unissent les Frères et les enjeux pour la congrégation qui s’élargit en Afrique. Ce service l’amène à accepter un nouveau déracinement en 1990. Tout en étant au Conseil, il part quelques mois à Pama (Burkina-Faso) pour quelques constructions pour le noviciat et en 1991 au Togo (Landa Pozenda) pour faire partie de l’équipe formation qui va accompagner les jeunes frères après leur noviciat et construire les cases nécessaires. Il découvre des cultures nouvelles. Mais au bout de cinq ans un grave problème de santé le contraint à revenir en France.

En 1996 frère Gabriel est envoyé au prieuré de Sahune (Drôme) où il participe à  l’équipe des frères ainés et au MCR (mouvement chrétien des retraités). A la fermeture du prieuré en 2003, il rejoint Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). Il reste actif au MCR, à un groupe biblique, ainsi qu’à d’autres groupes de partage en lien avec la paroisse. Il cultive avec soin un grand jardin et aime toujours jouer aux boules. Début 2021 il est hospitalisé pour un fort COVID qui va le diminuer beaucoup. Il commence à perdre ses repères de temps et de lieu. Il prie le chapelet sur KTO. L’évolution de sa santé empirant il arrive à l’EHPAD à Brienon-sur-Armançon (Yonne)  en 2022. Il vit une étape de dépouillement restant chaleureux envers les frères et amis qui le visitent.

La Parole de Dieu a éclairé son itinéraire ; il a porté les chemins de rencontres dans la prière...Nous déposons Bible et Prière du temps présent. 

1 P 2,4-6,9 ; Mt 20,1-16

Entrez dans la construction…Allez vous aussi à ma vigne…

Vie humaine professionnelle et vie religieuse apostolique ont structuré ma vie, a écrit frère Gabriel. Nous l’avons bien remarqué en écoutant l’évocation de quelques étapes de son itinéraire. Sa vocation s’est enracinée sur cette terre vendéenne et s’est développée dans la congrégation qui unifie travail, vie associative, proximité, célébration ; famille religieuse qu’il a aimée et qui lui a demandé bien des services. Nous  présentons à Dieu le don de lui-même, associé à Jésus donnant sa vie. 

+ Parmi bien des richesses, je souligne deux points dans cette relecture avec quelques citations du frère.

Par la formation reçue dans la congrégation et les diverses insertions dans lesquelles il a été plongé (des mondes nouveaux pour lui) frère Gabriel nous dit qu’il a approfondi le visage humain de Jésus-Christ, par plus de connaissances de l’Evangile et par l’expérience. Jésus-Christ l’artisan, l’homme des Béatitudes, sensible à la dignité de toute personne… l’homme tellement humain qu’il révèle le visage du Dieu- Vivant. Approchez-vous de Lui, pierre vivante ; pierre de fondation qui donne sens à la vie, au-delà de tout mal  et de toute mort. Frère Gabriel sensible à ce qui rabaisse la personne, soucieux de plus de justice a puisé dans cette humanité de Jésus qui pousse à devenir proche et contribue à construire la maison de Dieu, la fraternité. Tout homme est une histoire sacrée…Vous êtes le champ de Dieu, la construction de Dieu (1 Co 3,9).

Sa présence missionnaire dans les milieux, parfois si peu religieux apparemment (de travail, loisirs, il savait écouter, questionner discrètement et, en communauté, rendre compte de sa foi avec une pensée personnelle claire et quelques écrits bien préparés dont nous avons bénéficié.

+ Dans son itinéraire frère Gabriel  a consenti à des appels venus pour la nécessité et le bien de la congrégation. Laissant relations, engagement dans le travail, etc. il y a répondu.  Souvenez-vous : quitter Pibrac, aller à Peyrolles, partir de Noves puis du Conseil aller à Pama quelques mois pour des constructions du noviciat, puis  Landa pour faire partie de l’équipe formation et la construction de cases nécessaires pour les frères après le noviciat. Il en a construit des maisons et livré sa vie pour la fraternité. Si le Seigneur ne bâtit la maison. Les ‘oui’ à tous ces appels n’étaient pas de ‘fuite en avant’ ou des  ‘oui-mais’ ; c’étaient des ‘’oui’’ dans l’obéissance de la foi, selon notre engagement dans la congrégation (j’en ai été le témoin). Comme il le dit lui-même : pour que la vigne porte un fruit qui fera la joie de l’homme et la gloire de Dieu, nous sommes invités à y collaborer dans le service de nos frères tout au long de notre vie.

Frère Gabriel, à la fin d’un article, a choisi ce proverbe africain : L’homme clairvoyant n’est pas celui qui voit ce qu’il y a au sommet de la montagne, mais celui qui perçoit ce qu’il y a de l’autre côté. Maintenant tu vois le visage que tu as cherché à reconnaitre aide-nous à continuer notre approche. Remercions le Seigneur de ce que tu as été pour nous et pour la mission accomplie.

Frère Jean-Louis Lejay