2016 Julien photo f p1935 - 2016

" Je porte le sourire que Dieu m’a donné"

Frère Julien Savary nous a quittés le lundi 26 septembre 2016 dans sa 81ème année, à la maison de retraite Joséphine Normand à Brienon.
La célébration religieuse a lieu en l’église de La Houssaye, vendredi 30 septembre 2016.

 

Textes lus par Cyril,

De Marie-Claire, sœur de Paul

Cher Paul,

Je t’adresse ce passage de l’écriture que tu aimais tant et sur lequel nous avons échangé ensemble en profondeur. Il s’agit des paroles de Siméon recevant l’enfant Jésus dans ses bras :

« Maintenant, Ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ».

Merci pour tout ce que tu m’as apportée à moi, notre fratrie, mon couple avec Hervé, ton ami puis beau-frère, mes enfants et petits-enfants.

De Guillemette, nièce

Cher Paul,

Je me réjouis pour toi car tu as rejoint la demeure du Père et le royaume de l’Amour éternel. Oui, c’est une joie, pour toi qui a offert ta vie pour Dieu et pour les autres, à l’image du Christ, en gardant toujours le cap, malgré les brouillards, le sentiment d’absence ou de solitude... Enfin, tu es arrivé à bon port ! Quel témoignage pour nous tous : tes neveux et petits neveux !

Je garde dans mon cœur nos beaux échanges et le souvenir de nos moments partagés avec Cyril et Quitterie, lorsqu’à trois nous venions te voir à Rabastens et que nous découvrions ensemble la gastronomie locale. Tout le monde te connaissait : oui, parce que tu aimais découvrir les gens, les écouter, chercher à les comprendre, sans jamais les juger.

Je garde dans mon cœur le baptême de mes quatre enfants que tu as baptisés avec beaucoup de joie à chaque fois : à la Houssaye en Brie, chez toi, pour nos ainés Corentin et Pierre-Louis, à l’Église St Hilaire de Poitiers aux côtés du Père Yve-Marie Blanchard que tu admirais, pour nos filles.

Oui, merci pour tout ce que tu nous as apporté à mes parents, mes frères et moi, mes enfants ; nul doute que ton cher beau-frère Hervé que tu aimais tant t’aura accueilli dans une belle musique, accompagné de Laurent, si proche de toi, et d’Arnaud ainsi que tes parents et tous ceux qui nous ont précédé dans le royaume de Dieu.

Ce n’est qu’un ‘au-revoir’, alors à bientôt, cher oncle, je t’embrasse !

                                                                                                         

De Cyril, petit neveu

Paul,

C'est dur d'accepter que tu partes. Je voulais encore vivre des choses avec toi. Retourner au vignoble de Sarabelle, au point de vue de Giroussens ou mieux, à la montagne. 

Je voulais te faire découvrir de la musique à mon tour,  en espérant que cela te plaise autant que les Goyescas, Jean-Guihen Queyras ou Radu Lupu.

Mais je sais où te trouver : je te retrouverai dans ces noms et dans ces  notes. 

Souvent, quand je pense à toi,  je pense aussi aux enceintes que tu as offertes à papa. Je le revois si ému en pensant au cadeau que lui as offert, même des années après. Au-delà du matériel que nous avons toujours plaisir à utiliser tous les jours, c'est ta générosité et ton goût pour la musique que cela représente pour moi.

Merci du fond du cœur. 

Pour tes paroles et tes pensées. 

Tes prières. 

Ta bienveillance. 

Ta présence chaleureuse. 

Pour les moments partagés. Je garde des souvenirs heureux et précieux avec toi.

Merci pour ton écoute et ta confiance quand j'étais jeune.

Plus récemment, pour nos échanges et nos balades dans le Tarn.

Je te retrouverai dans les bons crus de Sarabelle, le panorama de Girroussens et les villages plein d'histoires du pays du pastel.

Je te retrouverai dans tes photos et tes poèmes.

Je te retrouverai dans les souvenirs de tout ce que nous avons partagé.

Je te retrouverai aussi dans les moments que nous n'avons pas encore partagé parce que, comme papa et grand-père, je sais que tu nous accompagnes.

Je te retrouverai dans mes prières et les moments de foi.

Je prie pour que tu sois en paix, auprès du Père et de ceux que tu aimes.

Embrasse Papa pour moi.

                                         

De sa soeur Dominique

La mort n’est pas seulement un départ, c’est une arrivée”.

Ce sont tes mots. 

Cher Paul,

dans la relation, c’est le Vécu qui fait le lien..

Le Vécu dans ta famille d‘origine,

dans celle que tu as choisie avec les frères missionnaires et leur apostolat,

Le Vécu avec les multiples familles humaines rencontrées et rassemblées autour de tes responsabilités:

 Tu es arrivé,

porté de nos coeurs de tendresse et de reconnaissance de t’avoir eu comme frère, parrain, oncle, et ami.

Tu es arrivé au secret de ta vie,

vers Celui à qui tu as dit “Oui”,

il t’attend.

À  Dieu ,

  

cher frère , tu vas nous manquer!

Texte d’Emanuelle, niece et filleule de Paul et lu par elle

Probablement qu’un beau silence, serait la belle façon de te rendre

hommage.

Merci à mes parents de t’avoir choisi comme parrain pour moi. Je garde

en héritage, ta bienveillance, ta délicatesse, tes « comment dirais-je ?»,

ta façon de manger lentement et de prendre le temps pour tout. Et tous.

Les souvenirs de tes passages à Paris, quand nous étions petits, tes

messes en Provence ou à la Motte Chalancon, avec du vrai pain, tes

homélie incarnées, simples, ta façon de t’intéresser à chacun. Ton

amour des vieilles pierres, de la restauration, et puis ta présence et ton

humilité lors du décès de notre petite cousine Pauline.

Ton amour de la nature, de la poésie, de la photo. Je garde une petite

place pour ton amour du saint-nectaire, du chocolat, une plus grande

pour ta sensibilité, ta grande pudeur et bien sûr la croix que tu m’as

offerte quand je t’ai donné mon chapelet, lors de ma dernière visite.

Tu m’as aussi montré qu’on pouvait ne pas être d’accord et garder un

lien fort avec les personnes qu’on aime.

Tu m’as beaucoup aidé à discerner et à être apaisée, à l’occasion de

l’histoire de ma marraine.

Merci pour notre dernière conversation très franche, très en vérité, sur ce

qui allait se passer après ton départ entre nous. C’est une grande aide

pour moi.

J’imagine qu’au Ciel, tu retrouves tes parents, tes amis, tes frères, tes

neveux, tes cousins et que de là où tu es aujourd’hui, tu vas veiller sur

chacun, différemment.

Tu es le premier de cordée de ta fratrie. Tu seras à la porte pour chacun

d’eux, Et un jour pour moi quand ce sera mon tour.

Je suis heureuse que tu aies pu revoir Maguy et qu’elle ait pu te revoir

aussi après tant d’années.

Merci pour ta vie donnée.

Merci pour l’exemple que tu nous as donné de l’expérience de tes hauts

et de tes bas, de ton amour de la vie à laquelle tu t’es bien accroché.

Merci pour cette extrême et ultime délicatesse de ne pas « gâcher nos

vacances de Noël ».

Je ne regrette qu’une chose c’est de ne pas avoir été là au moment du

grand départ, mais j’ai une certitude, c’est que Marie, elle, elle était là et

cela me console beaucoup.

Voici quelques mots de ta soeur Maguy m’a demandé de lire pour toi.

Je laisserai après quelques secondes de silence pour me plonger dans

tes yeux bleus, le bleu de ce ciel que tu aimes tant. Cette lumière qui est

aujourd’hui écrite avec un L majuscule pour toi.

Tendrement, ta filleule qui t’aime

De sa sœur Maguy (religieuse aux USA) ( lu par Emmanuelle)

Paul, mon compagnon d'enfance, avec un coeur très tôt compatissant à

la souffrance des autres, partageant son petit sucre trempé dans le café

avec moi ; et sa part de sucre pendant la guerre.

Toujours aidant les oubliés ou les laissés en marge, comme les gens du

voyage.

Un frère qui a célébré mariages et baptêmes familiaux, et bien

qu’éloigné, était à l'écoute de chacun de nous dans notre fratrie.

Ta consécration et la mienne nous unissaient en profondeur.

Quand on me demandait : "Combien êtes vous encore dans votre

famille?" je disais : "Nous sommes toujours 5 ".

Et si on me le demande aujourd'hui, je peux répondre :

« Nous sommes toujours 5, mais il y en a un qui a changé d'adresse. »

Pendant plus de 96 ans une flamme de vie a animé Paul, un souffle.
Que devient-elle une fois le seuil de la mort passé ?
C’est ce que questionne Paul dans le poème souviens toi de l’avenir qui a été dit en début de célébration.
Certitude que cette flamme ne va pas s’éteindre mais continuer : "à quel monde viendra-t-elle joindre l’infime de son éclat" "surgir en ta vie"
Mais cela n’est pas sans interrogation. "pour quel feu" "comment rester ce que je suis devant ta face" "comment rejoindre l’immense foule" "pour quelle communion encore à la genèse de ton œuvre"
"quelle tache dans l’éventuel de notre terre pour cette aventure où tu nous sacres en serviteurs d’éternité"
Comment cela va-t-il se faire ?
Cela résonne avec la même Parole de Marie à l’annonciation. Et en final le oui : qu’il me soit fait selon ta parole.
On sait que Paul attendait ce moment où il rejoindrait celui qu’il a cherché pendant prés de 75 ans de vie religieuse et 70 ans de prêtre, son Seigneur ; le oui définitif est prononcé. Mais un oui pour quoi.
Ces deniers jours il méditait le texte de St Paul aux Éphésiens, lu le jour de l’épiphanie : Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus.
Toutes les nations sont associées, donc Paul, donc nous et cela dans le Christ Jésus. C’est-à-dire par le baptême.
Chaque expression à creuser, à méditer, à prier.
Associé à la promesse faite à Abraham d’avoir une multitude d’enfants, associé à la promesse faite à Moïse d’une terre, associé à la réalisation de la promesse d’un messie, et en final de recevoir le Christ comme don de Dieu aux hommes et de pouvoir faire partie de son corps. On a le même héritage que le peuple hébreux.
Oui, quelle merveille fait pour nous le Seigneur, en faisant participer chacun de nous à son projet créateur.
Il dépose en chacun la même flamme de vie.

C’est bien cette flamme qui a habité Paul dés ses premiers jours et qui pour lui continuera après sa mort, c’est aussi un souffle.
Il me disait que pour lui tout commence par le souffle, souffle de l’Esprit Saint, avant le Père, avant le Fils. Plus exactement il voulait dire que c’est par le souffle que tout pouvait se révéler.

Cela nous oblige à faire le lien avec les récits de la création en genèse. "AU COMMENCEMENT, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux." Gn 1
Souffle de Dieu présent à la création, souffle créateur.

Et dans l’Evangile que nous avons entendu, Jésus ressuscité, après avoir dit aux apôtres Paix à eux, souffle sur eux et leur dit recevez l’Esprit Saint. Après la résurrection il y a comme une nouvelle création, ou autrement dit une re-création, qui pousse les apôtres à sortir de leur enfermement pour être acteur de réconciliation. Là, ne se réalise t-il pas la grande promesse de recevoir en nous celui qui, si on l’écoute, nous conduira vers la vie ?

Paul a été animé toute sa vie par ce souffle de l’Esprit qui l’a conduit à vivre en frère avec de nombreux engagements et responsabilités, qui pour beaucoup on été évoqués en début de célébration.
Rendons Grâce à Dieu pour tout ce qu’Il fait dans une vie quand elle cherche à se mettre sous l’action de l’Esprit.
Attendons avec espérance, comme le dit St Paul aux romains, le moment où l’Esprit relèvera nos corps mortels : Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Rm 8,11

Nous qui continuons notre route, laissons-nous être emporté par le souffle : Ouvrez vos
cœurs au souffle de Dieu, que nous chantons.

Ouvrez vos cœurs au souffle de Dieu,
Sa vie se greffe aux âmes qu’il touche ;
Qu’un peuple nouveau
Renaisse des eaux
Où plane l’Esprit de vos baptêmes !
– Ouvrons nos cœurs au souffle de Dieu,
Car il respire en notre bouche
Plus que nous-mêmes !

Frère Emmanuel EBLÉ

Frère Claude est né le 15 mars 1938. Il est Originaire de Puiseux dans les Ardennes (diocèse de Reims) non loin de Rethel. Il est d’une famille de 6 enfants.
Actif à la JAC. 28 mois à l’armée dont une bonne partie en Algérie.

Parti au séminaire des ainés à Saint Jean les deux Jumeaux, c’est là qu’il découvre les Frères.
Il entre chez les Frères Missionnaires des Campagnes à La Croix-sur-Ourcq (Aisne) et fait son 1er engagement en 1966.
Il fait 2 ans de philosophie à la Houssaye-en-Brie (1967 et 68).
En 1969 il est envoyé à Pibrac (Hte Garonne) pour 4 ans de théologie et fait son engagement définitif à la Houssaye en 1970,
puis est ordonné prêtre à Saint Sulpice (Oise) en 1972.
De 1972 à 1983 il est envoyé à l'Ille-sur-Têt, non loin de Perpignan (Pyrénées Orientales) :
responsable de la pastorale des jeunes, du CMR, aumônier diocésain des malades.

En 1983 il revient à la Houssaye comme maître des novices jusqu’en 1992. Il aura à cœur de mettre ses novices sur la route de la suite du Christ en s’appuyant sur la Parole de Dieu.
Il restera à la Houssaye jusqu'en 1997.
En plus du noviciat une bonne partie de sa mission sera auprès des jeunes (MRJC, des jeunes avec un handicap à Neufmoutiers-en-Brie en Seine-et- Marne), et des adultes (service diocésain du diaconat, au conseil presbytéral, AFR). Il deviendra Prieur après 1987.

En 1997 il rejoint Canappeville dans l’Eure jusqu’en 2007. Là il assure surtout l’animation de la nouvelle paroisse Notre Dame des bois-pays de Louviers et suit des équipes CMR.

En 2007 il revient à la Houssaye, et cette fois-ci comme prieur Régional jusqu’en 2013 où il anime la région France.
En lien avec la CORREF, le CER, le CMR ainé, la coordination de la Fraternité (communion), et toujours dans l'équipe de formation et faire connaître.
Comme partout il aimait faire de la peinture, des dessins, des poèmes. Il crée et anime là un atelier "Bible et peinture”.

Après son mandat de prieur Régional il part pour la Carneille (Orne) où il décédera le 23 août 2023 à l'hôpital de Flers.
Il faisait partie d’associations d'artistes surtout peintre, d'anciens. Avec les Frères de sa communauté il lancera la fête de la création qui depuis a lieu tous les ans.
Il aidera le curé pour quelques célébrations en paroisse et aussi en maison de retraite.
Pendant toutes ces années il sera le délégué diocésain à la vie consacrée, ce qui l’a amené à animer le CDVR et à visiter de nombreuses communautés de religieux, religieuses.

On peut rajouter qu’il aimait beaucoup la nature et aller s’y promener accompagné des nombreux amis qui passaient en communauté.
Il avait une très forte attention fraternelle. Il était souvent le premier à proposer d’écrire une carte pour la fête de quelqu’un ou à une personne souffrante. Carte qu’il réalisait souvent lui-même.
Toute sa vie a été une recherche de la suite du Christ, il nous rappelait souvent que Jésus était premier dans nos vies.
Merci Claude !

Frère Emmanuel Eblé