L’amour ne disparait jamais

La mort n’est rien,

Je suis seulement passé dans la pièce d’à côté.

Je suis moi, vous êtes-vous.

Ce que nous étions les uns pour les autres,

Nous le sommes toujours.

Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.

Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.

N’employez pas un ton différent.

Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Souriez, penser à moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a

toujours été.

La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié.

Elle est ce qu’elle a toujours été.

Le fil n’est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de votre pensée, simplement

parce que je suis hors de votre vue ?

Je vous attends, je ne suis pas loin,

Juste de l’autre côté du chemin.

Vous voyez, tout est bien.

2021 Michel Benoit1941 - 2021
C’est bien, serviteur bon et fidèle
Tu as été fidèle alors que je t’avais confié peu de choses. Je t’établirai sur beaucoup de choses. Viens partager la joie de ton maître. “ Matthieu 25,21-23

Frère Michel Benoît nous a quittés dans la nuit du 9 au 10 juin 2021. 

ll s’est endormi paisiblement dans son lit à la Houssaye-en-Brie dans sa 80ème année.

Des étapes dans l’itinéraire du frère Paul Morel

Paul est né et a été baptisé le 20 décembre 1928 à Lusanger (diocèse de Nantes). Il fait ses études au petit séminaire de Guérande et au grand séminaire de Nantes ; puis il entre au noviciat des Frères Missionnaires des Campagnes le 28 septembre 1952.

En octobre 1955 Il participe à la fondation du prieuré d’Urciers (Indre). C’est là qu’il émet sa profession perpétuelle le 16 mars 1958. Suite à la fermeture du Prieuré en 1959, il fait partie de la communauté de Sainte Sévère, toujours dans l’Indre. Après un court séjour à La Houssaye (1964) il intègre en 1965 le Prieuré de Peyrolles (Bouches du Rhône) nouvellement fondé. Il en devient prieur en 1981 jusqu’à sa fermeture. Il rejoint ensuite le Prieuré de Saint André d’Embrun (Hautes Alpes), 1981-1984, puis celui de Noailles (Oise) et il vient à La Houssaye en 1985 pour accompagner le Frère Jean-Paul Cornet durant son cancer jusqu’à la mort… En 1987 il participe à la fondation du prieuré de Pommier-de-Beaurepaire avec deux Frères et trois Dominicaines Missionnaires des Campagnes

Durant cette période, il partage la vie des ouvriers ruraux, avec de longues journées de chauffeurs routiers et participe à diverses rencontres en ce sens.

Le service fraternel de l’accompagnement du frère malade le conduit en 1997 auprès d’autres frères et en divers lieux (Henri Isambert, Dominique Champault, René jean-Marmou (chez les Sœurs de la Providence à Sens) puis à Brienon en 2009 et à Cheroy (2017) où il accompagne le frère Yves Tulasne jusqu’à la mort. Il entre dans une période de dépouillement jusqu’à ce dimanche 5 mars 2022.

 

 

Homélie aux obsèques du frère Paul Morel à La Houssaye, le 11 Mars 2022
à partir de 1 Jn 3, 14.16-20 – Jn 6, 37-40 et le texte : « II restera de toi »

Véronique, Béatrice et Laurent, les nièces et le neveu de frère Paul, vous tous, frères et sœurs réunis dans cette église, la mort nous oblige à regarder en face le sens même de notre propre mort.

Il restera de nous ce que nous avons donné, ce que nous avons offert, ce que nous avons semé. Bien sûr en préparant ce petit mot je faisais défiler dans mes souvenirs ce que j’avais vécu avec le frère Paul, en particulier, les années dans le département des Bouches-du-Rhône, à Peyrolles-en-Provence. Paul était très inséré dans le secteur où nous vivions.
En Congrégation, les Frères, nous aimons bien employer quelques expressions pour dire ce que nous sommes : « être avec », « faire corps », « être ferment »… « Proximité, volonté de partage de vie locale, travail, emploi, engagement dans les associations, service, souci de développement, présence aux blessés de la vie ... »
Parmi toutes ces expressions, je retiendrais, en ce qui concerne Paul, le temps où il était chauffeur de poids lourds dans une usine de Peyrolles qui découpait et transformait de la viande de porc, pour la livrer dans le département et les départements voisins. Ses journées et surtout ses nuits étaient bien remplies quand il devait livrer de la viande dans les rues de Marseille ou de Gap, dans les Hautes-Alpes. Il se plaisait à dire que sa chapelle était la cabine de son camion. Se retrouver tous ensemble en communauté était un peu compliqué. Mais, à la suite du Christ, il avait le souci d’insérer ses diverses activités, au travail comme dans l’animation d’une équipe de foot du village, au cœur même de la vie des hommes. En effet, comme le dit un numéro de notre règle de vie : « Nous tenons ces insertions professionnelles, sociales, culturelles … comme essentielles à notre action apostolique. Elles sont une marque privilégiée de notre solidarité humaine, avec ce que cela comporte de poids de péché et de grâce. »

Que ce soit dans son travail professionnel à Peyrolles ou, plus tard, dans l’accompagnement des frères malades et en fin de vie, auprès desquels il avait choisi de vivre, au sein même de la maison de retraite à Sens ou à Chéroy dans l’Yonne, il a toujours eu à cœur le souci de la dignité des personnes. C’était son combat. Il trouvait qu’elles n’étaient jamais suffisamment prises en compte et considérées. Il s’est particulièrement intéressé à toutes les questions actuelles concernant la vieillesse et la fin de vie.
Oui, frère Paul, il reste de toi ces tranches de ton histoire. Aux yeux de Dieu, nous avons chacun et chacune de nous, du prix, quelle que soit, ou qu’ait pu être notre vie, avec nos fragilités et nos richesses, avec nos souffrances aussi, l’isolement, la difficulté de pouvoir échanger une parole.
Indépendamment des œuvres qui jalonnent notre vie, indépendamment de nos mérites, le Seigneur regarde notre cœur. Il n’est pas venu pour nous juger. St Jean dans son évangile à ces mots très forts : « Parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. » Jésus est venu pour que nous vivions. Voici la grande nouvelle, la seule capable de faire naître en nous l’espérance : Dieu est Père. Il est bon. Sur sa bonté se fonde notre espérance. Il nous donne son Fils pour que nous vivions à jamais.
Jésus s’adressait à la foule en disant que : « la volonté de Celui qui m’a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’ a donné, mais que je les ressuscite au dernier jour. »

Le verset du psaume 62, sur le faire-part du décès du frère Paul, illustre bien un aspect de sa foi dans la dernière période de sa vie : « Dans ma nuit, Seigneur, je me souviens de toi … Oui, tu es venu à mon secours … De toutes leurs angoisses, tu délivres les justes. » Paul était angoissé, à la recherche de la paix intérieure. Les derniers jours il souffrait de sa colonne vertébrale, il ne s’alimentait presque plus et avait du mal à parler. Un frère lui a proposé de prier avec lui, aussitôt il a fait un signe de croix. Dans l’un de ses courriers daté du mois d’Avril 2021, il écrivait : « Je relève la tête et regarde quelqu’un là-haut sur une croix qui se retourne et s’apprête à me dire malicieusement : Tu veux prendre ma place ? »
Notre vie commence ici-bas pour s’épanouir dans l’éternité. La mort conduit à la plénitude de Dieu. Si notre cœur n’est pas tout à fait prêt, nulle crainte, nous dit St Jean, car « Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses. » Dieu nous a aimés dès avant la création du monde. Il nous aime, au-delà de notre mort, et nous promet la vie éternelle. Tout Carême finit par l’Exultet !
Frère Paul, il reste de toi ce que tu as vécu, ce que tu as peiné, ce que tu as donné, ce que tu as prié. Tu es connu et reconnu de Dieu par ton nom. Tu as été voulu par lui, par amour et pour aimer.
Toute ta vie humaine qui est une aventure, comme chacune de nos vies, s’ouvre maintenant sur la rencontre éclatante de lumière, le face à face avec ton Seigneur, le Dieu de la Vie, le Dieu de toute Tendresse et de la Paix véritable !

Frère Jacques Tivoli