1924 - 2024
« Allez dans le monde entier proclamer
la bonne nouvelle à toute la création»
Marc 16,15
Fère Pierre-Michel LABOREY est décédé le jeudi 9 mai à la Résidence St Loup à Brienon sur Armançon, à l’âge de 100 ans.
Homélie prononcée par Frère Jean-Louis
En fin d’études à l’école d’agriculture d’Angers, le P Guilloux, jésuite directeur, remet à la nouvelle promotion les diplômes. En guise d’envoi il dit : Messieurs vous êtes ingénieurs. Vous ne savez rien. Vous n’êtes capables que d’apprendre.
Cette phrase, servira de guide au frère Pierre, plus pour la mission que pour l’agriculture. A de nombreuses occasions il nous la rappellera en réunion ou dans des articles. De fait elle dit bien la façon dont il a vécu son itinéraire : comprendre le présent et préparer l’avenir ; toujours soucieux d’apprendre, de participer aux sessions de mission rurale. Ses notes personnelles témoignent des heures passées à un accueil d’une réflexion suite à des sessions, lectures, réunions…
En début de célébration nous avons évoqué divers lieux et rencontres où il a exercé le service du monde rural qu’il avait choisi ; laissant tout, dans la confiance, à cause de Jésus et de l’Evangile, comme l’a rappelé saint Marc. Aujourd’hui nous voulons rendre grâce, car Pierre ne voulait pas que l’on se rassemble pour dire : Pierre à fait ceci ou cela, mais pour rendre grâce à Dieu et au ‘’passeur’’ par excellence : Jésus ; car, dit-il, je ne suis que par ce que j’ai reçu de tant de ‘passeurs’ heureusement rencontrés sur ma route.
Nous voulons rendons grâce pour sa présence dans les équipes et en communauté avec le souci de transmettre discrètement ses découvertes qui allaient dans le sens d’une recherche de chemins nouveaux pour mieux rendre compte de la foi chrétienne. Par exemple, la lecture du livre ‘devenir humain’ (Yves Burdelot) ou à la venue de Christophe Théobald sur ‘la pastorale d’engendrement’. Dans son long parcours Pierre a choisi une ligne théologique : elle part de l’humain. Le chemin de Dieu passe par la rencontre des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Cette vision d’Eglise et de la mission, qui doit tenir compte de la mutation culturelle de notre monde, est pour lui une exigence de l’Evangile. Il l’a approfondie dans la spiritualité de la congrégation. Frère Pierre a symbolisé cela pour nous dans sa façon d’être présent là où on écoute la parole de l’autre, où l’on favorise des lieux d’accueil et de cheminement, où l’on accompagne les communautés chrétiennes de manière coresponsable (laïcs, religieux(ses), prêtres du diocèse, etc.). Il ne s’agit pas pour lui de s’adapter au monde par mode, mais d’un appel dans la foi : la fraternité est un chemin d’avenir pour le monde, un chemin de Vie en Dieu.
Nous comprenons pourquoi, au-delà (et à travers) les tâches accomplies, frère Pierre nous a fait écouté le beau texte de l’épitre de saint Pierre. Il rend compte de son expérience spirituelle. Avec lui nous bénissons Dieu qui nous appelle à renaitre pour une vivante espérance. P-M Laborey 1 Pi 1,3-9 ; Mc 10, 28-31
1927 - 2024
"Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile." Ep 3, 6
(texte lu le jour de l'épiphanie et médité par Paul)
Frère Paul Rougnon est décédé dans la nuit du jeudi au vendredi 12 janvier 2024 à Rabastens,à l’âge de 96 ans.
Textes lus par Cyril,
De Marie-Claire, sœur de Paul
Cher Paul,
Je t’adresse ce passage de l’écriture que tu aimais tant et sur lequel nous avons échangé ensemble en profondeur. Il s’agit des paroles de Siméon recevant l’enfant Jésus dans ses bras :
« Maintenant, Ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ».
Merci pour tout ce que tu m’as apportée à moi, notre fratrie, mon couple avec Hervé, ton ami puis beau-frère, mes enfants et petits-enfants.
De Guillemette, nièce
Cher Paul,
Je me réjouis pour toi car tu as rejoint la demeure du Père et le royaume de l’Amour éternel. Oui, c’est une joie, pour toi qui a offert ta vie pour Dieu et pour les autres, à l’image du Christ, en gardant toujours le cap, malgré les brouillards, le sentiment d’absence ou de solitude... Enfin, tu es arrivé à bon port ! Quel témoignage pour nous tous : tes neveux et petits neveux !
Je garde dans mon cœur nos beaux échanges et le souvenir de nos moments partagés avec Cyril et Quitterie, lorsqu’à trois nous venions te voir à Rabastens et que nous découvrions ensemble la gastronomie locale. Tout le monde te connaissait : oui, parce que tu aimais découvrir les gens, les écouter, chercher à les comprendre, sans jamais les juger.
Je garde dans mon cœur le baptême de mes quatre enfants que tu as baptisés avec beaucoup de joie à chaque fois : à la Houssaye en Brie, chez toi, pour nos ainés Corentin et Pierre-Louis, à l’Église St Hilaire de Poitiers aux côtés du Père Yve-Marie Blanchard que tu admirais, pour nos filles.
Oui, merci pour tout ce que tu nous as apporté à mes parents, mes frères et moi, mes enfants ; nul doute que ton cher beau-frère Hervé que tu aimais tant t’aura accueilli dans une belle musique, accompagné de Laurent, si proche de toi, et d’Arnaud ainsi que tes parents et tous ceux qui nous ont précédé dans le royaume de Dieu.
Ce n’est qu’un ‘au-revoir’, alors à bientôt, cher oncle, je t’embrasse !
De Cyril, petit neveu
Paul,
C'est dur d'accepter que tu partes. Je voulais encore vivre des choses avec toi. Retourner au vignoble de Sarabelle, au point de vue de Giroussens ou mieux, à la montagne.
Je voulais te faire découvrir de la musique à mon tour, en espérant que cela te plaise autant que les Goyescas, Jean-Guihen Queyras ou Radu Lupu.
Mais je sais où te trouver : je te retrouverai dans ces noms et dans ces notes.
Souvent, quand je pense à toi, je pense aussi aux enceintes que tu as offertes à papa. Je le revois si ému en pensant au cadeau que lui as offert, même des années après. Au-delà du matériel que nous avons toujours plaisir à utiliser tous les jours, c'est ta générosité et ton goût pour la musique que cela représente pour moi.
Merci du fond du cœur.
Pour tes paroles et tes pensées.
Tes prières.
Ta bienveillance.
Ta présence chaleureuse.
Pour les moments partagés. Je garde des souvenirs heureux et précieux avec toi.
Merci pour ton écoute et ta confiance quand j'étais jeune.
Plus récemment, pour nos échanges et nos balades dans le Tarn.
Je te retrouverai dans les bons crus de Sarabelle, le panorama de Girroussens et les villages plein d'histoires du pays du pastel.
Je te retrouverai dans tes photos et tes poèmes.
Je te retrouverai dans les souvenirs de tout ce que nous avons partagé.
Je te retrouverai aussi dans les moments que nous n'avons pas encore partagé parce que, comme papa et grand-père, je sais que tu nous accompagnes.
Je te retrouverai dans mes prières et les moments de foi.
Je prie pour que tu sois en paix, auprès du Père et de ceux que tu aimes.
Embrasse Papa pour moi.
De sa soeur Dominique
La mort n’est pas seulement un départ, c’est une arrivée”.
Ce sont tes mots.
Cher Paul,
dans la relation, c’est le Vécu qui fait le lien..
Le Vécu dans ta famille d‘origine,
dans celle que tu as choisie avec les frères missionnaires et leur apostolat,
Le Vécu avec les multiples familles humaines rencontrées et rassemblées autour de tes responsabilités:
Tu es arrivé,
porté de nos coeurs de tendresse et de reconnaissance de t’avoir eu comme frère, parrain, oncle, et ami.
Tu es arrivé au secret de ta vie,
vers Celui à qui tu as dit “Oui”,
il t’attend.
À Dieu ,
cher frère , tu vas nous manquer!
Texte d’Emanuelle, niece et filleule de Paul et lu par elle
Probablement qu’un beau silence, serait la belle façon de te rendre
hommage.
Merci à mes parents de t’avoir choisi comme parrain pour moi. Je garde
en héritage, ta bienveillance, ta délicatesse, tes « comment dirais-je ?»,
ta façon de manger lentement et de prendre le temps pour tout. Et tous.
Les souvenirs de tes passages à Paris, quand nous étions petits, tes
messes en Provence ou à la Motte Chalancon, avec du vrai pain, tes
homélie incarnées, simples, ta façon de t’intéresser à chacun. Ton
amour des vieilles pierres, de la restauration, et puis ta présence et ton
humilité lors du décès de notre petite cousine Pauline.
Ton amour de la nature, de la poésie, de la photo. Je garde une petite
place pour ton amour du saint-nectaire, du chocolat, une plus grande
pour ta sensibilité, ta grande pudeur et bien sûr la croix que tu m’as
offerte quand je t’ai donné mon chapelet, lors de ma dernière visite.
Tu m’as aussi montré qu’on pouvait ne pas être d’accord et garder un
lien fort avec les personnes qu’on aime.
Tu m’as beaucoup aidé à discerner et à être apaisée, à l’occasion de
l’histoire de ma marraine.
Merci pour notre dernière conversation très franche, très en vérité, sur ce
qui allait se passer après ton départ entre nous. C’est une grande aide
pour moi.
J’imagine qu’au Ciel, tu retrouves tes parents, tes amis, tes frères, tes
neveux, tes cousins et que de là où tu es aujourd’hui, tu vas veiller sur
chacun, différemment.
Tu es le premier de cordée de ta fratrie. Tu seras à la porte pour chacun
d’eux, Et un jour pour moi quand ce sera mon tour.
Je suis heureuse que tu aies pu revoir Maguy et qu’elle ait pu te revoir
aussi après tant d’années.
Merci pour ta vie donnée.
Merci pour l’exemple que tu nous as donné de l’expérience de tes hauts
et de tes bas, de ton amour de la vie à laquelle tu t’es bien accroché.
Merci pour cette extrême et ultime délicatesse de ne pas « gâcher nos
vacances de Noël ».
Je ne regrette qu’une chose c’est de ne pas avoir été là au moment du
grand départ, mais j’ai une certitude, c’est que Marie, elle, elle était là et
cela me console beaucoup.
Voici quelques mots de ta soeur Maguy m’a demandé de lire pour toi.
Je laisserai après quelques secondes de silence pour me plonger dans
tes yeux bleus, le bleu de ce ciel que tu aimes tant. Cette lumière qui est
aujourd’hui écrite avec un L majuscule pour toi.
Tendrement, ta filleule qui t’aime
De sa sœur Maguy (religieuse aux USA) ( lu par Emmanuelle)
Paul, mon compagnon d'enfance, avec un coeur très tôt compatissant à
la souffrance des autres, partageant son petit sucre trempé dans le café
avec moi ; et sa part de sucre pendant la guerre.
Toujours aidant les oubliés ou les laissés en marge, comme les gens du
voyage.
Un frère qui a célébré mariages et baptêmes familiaux, et bien
qu’éloigné, était à l'écoute de chacun de nous dans notre fratrie.
Ta consécration et la mienne nous unissaient en profondeur.
Quand on me demandait : "Combien êtes vous encore dans votre
famille?" je disais : "Nous sommes toujours 5 ".
Et si on me le demande aujourd'hui, je peux répondre :
« Nous sommes toujours 5, mais il y en a un qui a changé d'adresse. »
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