Nous évoquons quelques étapes du chemin de nos frères, qui parfois se recoupe, tout en sachant que l‘évocation d’une vie nous dépasse.

Frère Bruno est né le 11 juillet 1937, dans une famille nombreuse d’agriculteurs ; il est du diocèse de Reims. En 1962 il entre chez les Frères Missionnaires des campagnes. Après des études au prieuré de Pibrac (Haute Garonne) il est ordonné prêtre le 30 avril 1967. Il rejoint le prieuré de Boulogne-sur-Gesse (Haute Garonne) de 1968 à 1970 où il exerce service paroissial et aumônerie d'action catholique. Il poursuivra ces mêmes activités au Neubourg (Eure) de 1971 à 1986, tout en travaillant dans un garage.

Frère Jean est né le 22 décembre 1928 dans une famille de maraichers engagés. Il est du diocèse de Nantes. Il entre chez les Frères en 1950. Après sa 1ère profession en 1951 il est envoyé au prieuré de Pibrac où il reste jusqu'en 1961, travaillant au verger.

En 1962 il rejoint le prieuré d'Oulchy-le-château( Aisne) où il travaille comme ouvrier agricole. En 1973 il sera membre de l'équipe envoyée à Charly-sur-Marne engagée dans la défense des travailleurs, en particulier les immigrés portugais.

En pensant à leur baptême et à leur engagement religieux-misionnaire nous allumons des cierges ; et nous déposons la charte de Profession et la Règle de vie des Frères, signe d’une vie éclairée par l’Esprit de Jésus.

Ref. : Ta main me conduit ta droite me saisit, tu as posé sur moi ta main,

De 1986 à 1992, Frère Bruno vient à La Houssaye, membre du Conseil et économe général. Puis en 1993 il participe, avec le Frère Jean Eluère, à la fondation du Prieuré de Crancey (Aube) : présence au milieu d’une population, CMR ainés. Durant ces années il rend de nombreux services pour l’économat, général puis Régional, pour le bulletin interne Recherches, etc. avec compétence et créativité.

Suite à un accident du travail et à des opérations successives, c’est pour Bruno le début d’un long chemin de souffrance permanente, une passion vécue avec courage et foi. A la fin du prieuré de Crancey, et après un court séjour à Lorris (Loiret) il rejoint la communauté de Brienon-sur-Armençon (Yonne) où il participe à quelques activités au lieu d’Eglise le Puits d’Hiver et soigne jardin et plantes du prieuré. Il décède dans la nuit du 8 au 9 mai à l’hôpital d’Auxerre.

Le Frère Jean en 1981 revient à Oulchy, puis à Charly de 1986 à 1993 et à Crancey de 1993 à 1996. Il développe ses activités : le jardin bien sûr, les migrants, les gens du voyage et les ouvriers ruraux (voyageant sur l’Aube et les départements voisins). Orientation qu’il poursuivra à La Houssaye de 2016 à 2022.

Des fragilités de santé l’oblige à rejoindre l’EHPAD de Brienon où, après un chemin douloureux vécu dans la foi, il décède dans la nuit du 8 au 9 mai 2023, quelques heures après le Frère Bruno.

En pensant à leur histoire de baptisé et à leur recherche du sens dans les épreuves, au poids de la souffrance et de l’offrande ; et aussi aux joies de la rencontre, dans la vie de nos deux Frères nous déposons leur Bible.

Ref. : Ta main me conduit ta droite me saisit, tu as posé sur moi ta main,

 
Cérémonie d’adieu de Frère René, le mercredi 26 avril 2023 à La Houssaye en Brie.
 
 
Nos vies se sont rencontrées en mai 2001, à la maison de retraite du Clergé de Saint-Clément où il avait décidé de s’installer comme résident.
Très investi dans la vie spirituelle de la résidence il aidait les prêtres âgés résidents,  parfois… bon gré mal gré ! Très bon marcheur, il faisait des kilomètres de promenade par jour dans la ville de Sens. 
En 2012, il a été décidé que la maison de retraite du Clergé de Saint-Clément ne pourrait plus accueillir de résidents, il fallait quitter les lieux après la construction d’un nouvel établissement ouvert en décembre 2015.
Il a longtemps hésité à accepter ce déménagement, qui allait l’éloigner de Sens et le faire rompre avec ses habitudes de vie.
Finalement, il a accepté de m’accompagner dans ce changement, et a surtout accepté de donner une dimension spirituelle à notre nouveau lieu de vie qu’était cette nouvelle maison de retraite et il a réussi ! Il a tissé des liens avec la paroisse de Chéroy, avec les sœurs de la communauté Madeleine AULINA, il était à l’œuvre dans la vie de la chapelle de l’établissement et a transmis le flambeau à Patrick LABOIS, diacre et aumônier de l’établissement. 
Alors pour quelqu’un qui disait souvent je ne suis pas grand-chose, permettez-moi de dire que Frère René était tout sauf pas grand-chose, il accordait une place importante à la spiritualité, à l’écoute, humble et respectueux de tous…
Je pense qu’il n’aurait pas été d’accord que je raconte tout cela, à parler de lui…
Je le vois très bien s’y opposer fermement mais je le vois aussi me dire, avec gentillesse et compassion ….… le bon dieu vous le pardonnera…
 
Valérie FISCHER, directrice de l’EHPAD Abbé CHARRON (ACIS France) – Chéroy - Yonne
 
1937 2023 Bruno1937 - 2023
 Ma vigueur a séché comme l’argile,
ma langue colle à mon palais.
Toi, pourtant, tu es saint...
 C’est en toi que nos pères espéraient,
ils espéraient et tu les délivrais.
                            Psaume 21

 Frère Bruno est décédé, dans sa 86ème année, le 9 mai 2023
à l’hôpital d’Auxerre.

Témoignage de Dominique Marmion, neveu de Clément, et de sa femme, Hélène, lors de la célébration à Rabastens

J’ai pu voir mon oncle Clément plus souvent après sa retraite dans le Sud-ouest, à Lombez d’abord en 1993, puis ces dix dernières années, depuis son installation à la maison de retraite de Rabastens.
Je retrouvais chez lui tellement d’héritage génétique Marmion ! Malgré son handicap visuel bien connu dans la famille, il conservait une curiosité insatiable des gens, un souci de faire, un souci du concret et sa curiosité intellectuelle héritée de ses deux parents.
Malgré l’âge et les douleurs constantes, il a toujours eu cette grand élégance de ne pas se plaindre de ses douleurs et d’affirmer haut et claire « je vais bien ». Il ne voulait pas que l’évocation des douleurs ou des difficultés prennent le premier plan : aussitôt dites, les nouvelles de la santé ne devaient plus faire l’objet de la conversation. Ce qui m’a frappé chez lui, c’est sont insatiable curiosité : des personnes et des choses, des animaux comme des machines : la technique l’émerveillait. Il l’avait espéré, la technique, chez ses parents, à la ferme des Landes pour diminuer la peine au travail des champs : il l’avait aussi subi, la technique, lorsqu’elle impose le rythme et augmente la peine, à l’usine.
Il s’est battu, avec d’autres ouvriers syndiqués, pour faire reconnaître tous les droits ouvriers. Sans grand discours, presque sans bruit, il a gagné le respect de ses patrons et de ses collègues.
Bon vent, Clément… Respect !

Dominique

Moi aussi j’ai toujours apprécié l’humeur égale de Clément en toutes circonstances et ce malgré sa vue diminuée : je ne l’ai jamais entendu se plaindre. De sa vue, il disait souvent : « je me débrouille ». « J’ai mes repères » quand je montrais un peu trop d'attention à son goût pour lui montrer le chemin dans la maison ! Pour ses douleurs liées à l’âge, il disait avec humour « c’est la mécanique qui est usée » et parlait ensuite d’autre chose. La mémoire colossale qu’il avait de son passé était étonnante, que ce soit au niveau des dates et des situations vécues sur le plan personnel ou familial : il avait fait son « carnet pense bête » de toutes les dates de naissance de ses petits-neveux et petites-nièces et c’était un réel et vivant rappel à lui… et à nous de son attachement aux uns et aux autres.
Merci, Clément, pour tous ces souvenirs que tu laisses dans mon cœur !

Hélène