1920-2008
Le Fr. René-Jean Marmou est né au pays des vignes... celles des coteaux de Blaye en Gironde... C’était en 1920, le 16 décembre à Braud et St Louis. Son père s’appelait Pierre, sa mère Marie. Il aimait à dire qu’il était du même âge que le pape Jean-Paul II ! Il fut baptisé le 9 Janvier 1921 dans l’église de son village. De son pays il avait gardé l’accent rocailleux, il roulait les ‘’r’’ !
A l’âge de 25 ans il entre au séminaire de vocations tardives de Gauriac dans son diocèse. Il y reste deux ans, puis il assure le secrétariat fédéral de l’action catholique rurale. C’est de là qu’il prend contact avec le Père Epagneul .
Il arrive à La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne) en 1949. Il a 29 ans. Le 25 mars 1950 il prend l’habit FMC, et c’est 4 ans plus tard, le 25 Avril 1954, qu’il fait sa profession perpétuelle dans l’église de son baptême, à Braud et St Louis. Le Père Epagneul était venu là pour la circonstance.
Fr. René-Jean avec sa grande barbe, c’était une figure ! Ce fut aussi une exception ! Il aura passé toute sa vie dans le même Prieuré, celui de La Houssaye-en-Brie. Il est le seul FMC à ne pas avoir changé de Prieuré ! On se souvient que les premières années, il tenait le rôle d’infirmier au Prieuré et il faisait les piqûres dans le village. Matin et soir, à pied ou à vélo, pendant 60 ans, il aura assuré le service du courrier entre le Prieuré et le bureau de poste du village. Un autre service important qu’il a assumé presque aussi longtemps, c’est celui du secrétariat de la Chronique FMC-SC. Longtemps aussi il a participé à la vie paroissiale de Neufmoutiers, y secondant l’abbé Colmet Daâge.
Les abeilles !
Depuis le rucher du Prieuré qu’il a créé et n’a cessé de développer, il entre en contact avec d’autres apiculteurs du département.
En 1968, il devient « conservateur » (responsable) du rucher école du jardin du Luxembourg à Paris. Il se souvenait de Mai 68 !
En 1973 il commence a assurer les cours théoriques et pratiques du rucher école (115 inscrits en 1974). C’est dans ce cadre là, en reconnaissance de son travail et de ses compétences qu’il est décoré dans les salons du Sénat de la médaille du mérite agricole.(photo ci-dessous)
C’est Mr Poher, président du Sénat qui lui remettra sa décoration, entouré de nombreux collègues apiculteurs.
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Fr. René-Jean Marmou reçoit la Croix de Chevalier du Mérite agricole
« En 1968, vous êtes nommé Conservateur du rucher-école du Jardin du Luxembourg, où vous assurez seul et sans aucune défaillance depuis 23 ans, la totalité des cours pratiques. En 1985, Alain Bougrain-Dubourg vous a consacré un court-métrage et votre renommée a dépassé nos frontières puisque, très souvent, vous participez à des congrès, non seulement en Europe mais aussi au Japon et en Amérique du Sud. Votre barbe, votre chapeau colonial et votre blouse blanche sont bien connus et vous êtes, tous les ans, le personnage central sur le stand du rucher-école lors de l’Exposition d’Automne à l’Orangerie du Luxembourg. La Croix de Chevalier du Mérite Agricole vient justement consacrer votre œuvre... »
Extrait du panégyrique fait par Alain Poher, Président du Sénat, le mercredi 18 septembre 1991.
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Comme apiculteur il participe à divers congrès nationaux et internationaux. Au salon de l’agriculture à Paris, plusieurs années, il fera partie du jury pour décerner les médailles des meilleurs hydromels.
Beaucoup de monde passe au Prieuré St Martin ; tout le monde connaissait Fr. René-Jean, c’était ‘’le frère abeilles’’ ou ‘’le frère miel’’. Il avait le souci de vendre sa production !
[Allocution de Gilles Bodaert, de la Société Centrale d’Apiculture, aux obsèques du Frère René-Jean Marmou
à La Houssaye-en-Brie]
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Un aspect moins connu peut-être ?
Il était aussi un militant de l’Espéranto, secrétaire national de l’espéranto catholique. Il a participé là aussi à de nombreux congrès nationaux ou internationaux. Peu bavard, il rêvait de pouvoir parler avec les hommes de tous les pays !
Dans les années 80-90, il a accompagné un groupe MCR (Mouvement Chrétien des Retraités) de la paroisse : lieu de partage de la vie et de la foi chrétienne. Volontiers, il participait aux voyages et aux repas du club des anciens du village.
Fr. René-Jean n’était pas un expansif. Il livrait peu de choses de sa foi, de son expérience spirituelle, mais jusqu’au bout, il aura été fidèle à la prière commune à la chapelle. Une fois ou l’autre il a quand même pu nous dire qu’une de ses jambes abîmée par un ulcère lui demandait plus d’une heure de soins le matin, avant de venir à la prière.
C’est vrai Fr. René-Jean ne se livrait guère, c’était son tempérament, mais pour moi, la manière dont il a vécu des passages difficiles de sa vie ont fait mon admiration.
Quand il a fallu quitter sa responsabilité au Jardin du Luxembourg ou d’autres services, laisser des lieux auxquels il tenait dans le Prieuré, quitter le Prieuré où il avait passé toute sa vie pour aller à la maison de retraite à Sens, il l’a fait ; parfois en ronchonnant un peu, mais quand c’était fait, on n’y revenait plus !
Quand il a fallu renoncer à marcher et ne plus se déplacer qu’en fauteuil roulant, devenir dépendant complètement, là encore il l’a fait tout en gardant une certaine paix, et sa capacité de sourire. Parfois il se fermait, mais c’est quand il souffrait.
Pas de grands discours, mais pour moi, l’esprit avec lequel il a vécu ces passages pouvait laisser transparaître quelque chose de sa vie intérieure et de sa ressemblance avec Jésus.
A sa manière !
Au revoir Fr. René-Jean ! Tu étais le doyen de notre famille religieuse. Avec tes dons et tes limites, ta part de péché, tu as essayé d’être un frère. Rejoins en Dieu, en Jésus vainqueur du mal et de la mort, tous ceux auprès desquels tu vas reposer au cimetière de La Houssaye ; ceux de ta famille aussi !
Fr. Claude Bocquillon
Prieur régional
à La Houssaye-en-Brie
le 28 avril 2008 jour de l’inhumation.
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Deux anectodes
Voici deux anecdotes qui complètent le souvenir que l’on a du frère René Jean.
La première est une agresssion dans le couloir du métro parisien. Il est 17 heures. Coup de téléphone au prieuré Saint Martin. "Le Frère René Jean a été agressé à sa descente de métro à la gare de L’Est, pouvez-vous venir le chercher au commissariat de police de la gare . amener un pantalon." J’y vais intrigué et légèrement angoissé. Est-il blessé ? Quand j’arrive, je vois le frère souriant et dixcutant avec des agents. Il est assis et sur ses genoux une serviette de toilette. Par force car il est en caleçon. Que s’était-il passé ? Un homme avait voulu lui prendre son porte feuille et l’avait bousculé si fort qu’il était tombé par terre et son pantalon était déchiré du haut en bas. Il s’était donc défendu.. Malin le frère n’avait pas perdu le nord, même à terre. Avec sa canne il avait attrapé le voleur par la patte et il s’était lui-même écroulé par terre lachant le portefeuillle. Puis il s’était enfui à toute jambe. Des passant félicitèrent le frère René et le conduisirent au commisariat de la gare ....en caleçon, le pantalon à la main. Ca ne l’a pas troublé et c’est dans cette tenue que je l’ai trouvé. Au retour nous avons bavardé de tout et de rien comme s’il ne s’était rien passé. Ca prouve une dose de courage et de conscience tranquille.
La seconde aventure est encore plus pitoresque : Un 11 novembre le frère René Jean est appelé par les pompiers de Paris pour venir chercher un essaim d’abeilles dans les jardins du Luxembourg car il était administrateur du rucher. Quand nous arrivons, il y a foule autour de la grande échelle de pompiers qui est déployée. Ca ne trouble pas le frère. Il s’équipe et grimpe les échelons de l’échelle lentement juqu’à ce qu’il disparaisse dans les feuillages ’un maronnier. Quelques minutes plus tard nous le voyons réapparaître une main sur la rmabarde de l’échelle et l’autre tenant une assez grosse caisse en bois autour de laquelle virevoltent une nuée d’abeilles. La foule s’émeut. Lui descend tranquillement, mais l’échelle étant en trois parties à chaque intercessions, il s’érrête et son pied cherche le rayon suivant. Il hésite et la foule fait : OH ! A la deuxième intercession, son pied cherche plus longuement et semble même le rater. La foule hurle un OH ! retentissant. Mais tout rentre dans l’ordre et enfin tout va bien et il met pied à terre au milieu des applaudissements. Quand nous renons en 2 CV, je lui dis : " C’est tout de même très dangereux ce genre de sport." Il me répond avec un sourire : "J’ai l’habitude et il faut bien faire un peu de cinéma. " C’est un frère qui m’a toujours impressionné et que j’ai beaucoup admiré, donc aimé.
Frère Guy Ollivon
1932-2008
Le Fr Yves-Henri Denis de Bonnaventure est né le 24 avril 1932 à Aytré, à 5 Kms de La Rochelle (Charente-Maritime). Il gardera toute sa vie le goût des grands espaces et des larges horizons... Au cours de ses études classiques au Collège de Paimpol, il sent monter en lui le désir de l’aventure maritime. Deux ans de navigation le préparent à faire son service militaire dans la marine nationale, à l’époque de la guerre d’Algérie.
Le retour à la vie civile s’accompagne du désir de se mettre au service des autres, et comme il l’exprime lui-même dans la « radioscopie » parue dans Chronique de juin 2008 : « Je ne voulais pas être prêtre. En entendant parler des Frères Missionnaires des Campagnes, j’ai pensé pouvoir vivre en milieu rural, en laïc religieux dans le monde ».
Entré dans la Congrégation des Frères Missionnaires des Campagnes le 11 novembre 1959, il fait sa profession perpétuelle le 5 septembre 1965 à Beaumont en Véron (Indre et Loire). Les paroles bibliques qu’il a choisies pour l’image-souvenir de son engagement sont révélatrices de sa sensibilité spirituelle : « Vers les eaux du repos Il me mène pour y refaire mon âme » et « Par la mer passait son chemin, son sentier par les eaux profondes... »
Après les années de formation à la spiritualité biblique, liturgique et missionnaire de la Congrégation et des stages de travail dans le Vaucluse, l’Eure, la Seine-et-Marne, il fait un premier séjour à Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne) où il travaille comme maçon dans les villages alentour.
Dans la radioscopie déjà mentionnée, il parle des années de travaux saisonniers, où, avec Fr. Charles-François Mansuy, ils suivaient les gens du voyage en caravane.
Puis il vécut 18 ans à Ille-sur-têt (Pyrénées-Orientales) au Prieuré, avec un travail salarié dans le maraîchage et l’arboriculture, jusqu’à sa retraite professionnelle ; puis 5 ans en Ariège, au Prieuré du Fossat.
Enfin, en 1998, c’est son retour au Prieuré de Boulogne sur Gesse où il est resté jusqu’à son décès subit le 31 octobre 2008.
A Boulogne sur Gesse, il continue à lire beaucoup et à se tenir au courant des événements du monde. Peu désireux qu’on parle de lui et évitant toutes les situations qui lui auraient donné l’impression d’être mis en avant, Fr Yves-Henri se sentait très à l’aise parmi les gens simples, ceux qui se reconnaissent « petits » et qui disent sans détour ce qu’ils pensent.
Il cachait sous un humour parfois grinçant mais qui visait juste, sa culture littéraire, la richesse de son expérience humaine et sa vive sensibilité aux marques d’amitié et d’affection.
Durant les années passées avec lui, j’ai toujours sollicité et apprécié son bon sens et la sûreté de son jugement spirituel quand j’hésitais devant des décisions à prendre, concernant la pastorale du Secteur ou la confiance à accorder à une personne ou à un groupe.
Quand il sentait le témoignage évangélique en cause, il ne se dérobait jamais. Certes, comme tout être humain, il avait aussi ses faiblesses ; mais la force de la vie religieuse c’est d’être solidaires, dans un chemin d’humilité qui va, selon l’expression si juste du Père Rondet, jésuite, « de la sainteté désirée à la pauvreté offerte ».
Lors de la célébration de son passage « de ce monde au Père », un de ses neveux et filleul faisait l’unanimité de ceux qui l’entouraient dans l’église de La Houssaye-en-Brie (S.et M.) le 4 novembre avec ces mots concernant celui qu’ils appelaient "Oncle Yvon" : « Il était fier et content de nous montrer la terre où il travaillait ou la montagne qui l’entourait. Il était fier et content de nous présenter ses compagnons de travail et tous les gens simples qu’il côtoyait tous les jours : paysans, ouvriers, gens du voyage... Il ne nous racontait pas l’Évangile, il nous racontait ce qu’il vivait et c’était l’Évangile ».
Des objets symboliques ont été alors déposés sur son cercueil :
- La casquette de marin : qui évoque sa soif des grands espaces et les ports où il avait fait escale en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie... mais aussi la passion de l’au-delà des mers qui l’a toujours habité.
- le sécateur : qui évoque sa vie de salarié de l’agriculture. Des années durant, il a taillé vignes et arbres fruitiers...
- la caravane : malgré son attachement à sa culture et à sa famille naturelle, il a su s’ouvrir à la famille des gens du voyage dont il a aussi partagé la vie et le travail.
Frère Jacques Dentin
1924 - 2009
Frère Gilles est né le 10 septembre 1924 à La Rochebeaucourt et Argentine, en Dordogne ; son enfance familiale va se dérouler à Oujda (Maroc), non loin de la frontière algérienne, jusqu’à ses 13 ans. Il rejoint le Périgord pour continuer ses études secondaires au Collège St Joseph de Périgueux en 1937.
La guerre touche sa famille. Son père, obligé de rester à Oujda, loue en Périgord une petite exploitation agricole pour y faire vivre les siens. Gilles va y travailler et, après le départ de son frère aîné au STO en Allemagne, en prendre la responsabilité à 19 ans ! Ce sera pour lui la découverte du monde agricole.
Et c’est là que l’appel du Seigneur le rejoint, déterminant son entrée chez les Frères Missionnaires des Campagnes en 1946, quand cela devient possible pour sa famille.
Il y fait sa profession perpétuelle de religieux le 2 octobre 1949, en la cathédrale de Meaux, avec tous les premiers Frères de la Congrégation, et reçoit l’ordination presbytérale le 18 juillet 1954.
Durant ses années d’études ecclésiastiques (1947 - 1957), sa vocation de bibliste se fait jour, auprès des Pères Auvray (Oratorien) et Steinmann. Après sa licence en Théologie à l’Institut Catholique de Paris, il part deux ans à l’Institut Biblique Pontifical de Rome (55-57), suivis de quelques mois en Palestine, à l’Institut Biblique de Jérusalem, puis sur les pas de St Paul.
De 1958 à 1974, il rejoint son Prieuré de la Houssaye en Brie (Seine et Marne), la maison de famille FMC, où il devient Maître des étudiants en Philosophie et Professeur d’Ecriture Sainte.
Parallèlement, il suscite en rural des groupes bibliques de laïcs et assure une formation auprès des Sœurs des Campagnes (novices et jeunes professes).
Il fait paraître trois livres : « Lectures d’Evangiles » (Années A, B, C) aux éditions du Seuil (1972 et 1973) et assure une participation très substantielle à la parution de la Collection « Aujourd’hui la Bible ».
En 1974, il est nommé au Prieuré de Chateaumeillant (Cher) chargé de l’animation d’un grand Secteur Pastoral. Par ailleurs, les mouvements d’Action Catholique Rurale (CMR, MRJC) et l’ACE le demandent au plan national comme référent biblique.
De 1980 à 2001, il va poursuivre cette tâche à partir du Secteur Pastoral de Lorris (Loiret).
En 1984, il est nommé président de l’A.P.C.R. (Association Pour la Catéchèse en Rural) qui se spécialise pour les milieux pauvres en foi, prônant une méthode active. Il y assurera la publication de « Parcours Catéchétiques » avec documents pour enfants, pour animateurs et pour parents (aux Editions Le Sénevé) :
C.E.2 : Joie de vivre, joie de croire
C.M. : Tu nous appelles
C.M. : En marche, en Eglise
Randonnée pour les 11-13 ans
Coccinelle pour les 7-8 ans
Pour préparer la Profession de Foi : "Fleuris là où Dieu t’a planté" et "Viens et vois"
Sa santé le fait revenir en 2001 au Prieuré de la Houssaye avant de rejoindre en 2006 celui de Brienon (Yonne) où il décède le 4 février 2009.
Il laisse à sa famille religieuse missionnaire et aux laïcs avec qui il a constamment travaillé un beau et grand visage d’homme de foi, chaleureux, passionné et passionnant.
Frère Paul ROUGNON
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Homélie du Frère Léon Taverdet
aux obsèques du Frère Gilles
le 10.02.2009 à La Houssaye-en-Brie
Dire Frère Gilles c'est dire Bible.
Parole humaine - Parole de Dieu
II n'eut de cesse de traduire, transmettre, par des paroles humaines
l'Unique Parole de Dieu ..
La parole humaine : acte par lequel un esprit humain
communique avec un autre
Mais la parole n'est pas simple communication de pensées,
elle est intervention personnelle de celui qui parle,
dans la vie de celui auquel il s'adresse.
Frère Gilles était passionné par cette communication.
Ses travaux d'initiation catéchétique à travers une pédagogie alerte en étaient l'expression
Ces travaux disaient aussi que la Sainte Écriture est une source inépuisable.
Frère Gilles n'hésitait pas à lutter contre vents et marées, dans les bourrasques qui, à une certaine époque secouaient la catéchèse et ses instruments.
La parole humaine, si importante qu'elle soit n'est, encore que relative.
La parole revêt un aspect plus important quand il s'agit de la Parole de Dieu
Chez l'homme
il y a un certain décalage entre la parole et l'action effective.
En Dieu
Parole et acte ne font qu'un.
Dieu n'est pas une juxtaposition d'éléments . IL EST
II suffit que la volonté de Dieu s'exprime pour qu'elle se réalise.
Sa Parole est vraie. Il ne peut ni se tromper ni nous tromper.
La Parole de Dieu s'identifie à Jésus
La Bonne Nouvelle du salut est la Parole définitive de Dieu.
Elle trouve dans le Fils Éternel venu à nous, son contenu.
Dieu a parlé définitivement en Jésus.
Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous.
Frère Gilles avait le souci permanent d'ouvrir à une vision chrétienne des choses et de l'existence
Cette démarche n'est pas rêverie mais acte de foi en une venue définitive du Christ.
Christ déjà victorieux de la mort par sa résurrection.
S'arrêter à la mort ( de Jésus et la nôtre) conduit au désarroi.
Croire en sa résurrection remplit d'espérance.
D'où cette attente constante
car le Fils de l'homme viendra à l'heure
où vous ne le penserez pas
Attente du " pas encore" qui est "déjà là".
Le Royaume de Dieu est déjà parmi nous.
La Parole de Dieu nourrit notre espérance.
Nos paroles humaines en disent les chemins.
« Notre cœur n'était-il pas tout brûlant lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures »,
s'étonnaient les disciples d'Emmaüs.
Ce n'est qu'au moment où Jésus rompt le pain qu'ils le reconnaissent.
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Frère Gilles était prêtre
Frère Gilles, aux tâches si diverses, n'était pas un "fonctionnaire du culte" encore moins un "fonctionnaire de Dieu!", mais un serviteur de la Parole et de l'Eucharistie.
La prédication évangélique de la Parole et la célébration eucharistique sont comme deux tables inséparables où le même pain nous est donné.
Célébrer l'Eucharistie est un acte de foi exultant et d'hommage à la Parole reçue non seulement comme révélation mais comme un événement.
Évènement où Dieu se communique
L'eucharistie nous entraîne dans la réponse de foi à l'amour qui nous y est manifesté.
Aujourd'hui, comme naguère, Jésus marche avec nous sur nos routes humaines
Soyons toujours prêts à sa rencontre
Tenons nos esprits éveillés au lieu de vivre au jour le jour comme des gens insouciants.
Comme les disciples d'Emmaüs nous avons souvent peine à le
reconnaître
Puissions nous, comme eux,
1'entendre nous expliquer les Écritures,
le reconnaître à chaque Eucharistie.
II est là comme au premier jour.
"Prenez et mangez ceci est mon corps
Prenez et buvez ceci est mon sang
Faites ceci en mémoire de moi."
Pain rompu pour un monde nouveau
Gloire à Toi Jésus Christ
1932 - 2009
Frère Isidore est né le 17 mars 1932 à Mansué, en Italie, petit village de la province de Trévise, au nord de Venise. Il est le second d’une famille de 6 enfants : cinq garçons, une fille. La famille est très unie : il vit là, intensément, ses 15 premières années, dont la période de guerre (39-45).
Mais après guerre la vie n’y est plus possible pour une famille nombreuse. En 1947, son père décide de partir en France avec Isidore, chercher du travail pour tous en région toulousaine. La famille suivra ensuite. Après diverses tentatives successives, ils se fixeront à Barran, dans le Gers, petit village à l’ouest d’Auch.
L’adolescent de 15 ans qu’il est, dépaysé, va vivre une période de solitude très pesante. Coupé de ses amitiés, il réagit en s’étourdissant dans la musique de percussion, dans de petits orchestres de jeunes en bals du soir. Il pense même en faire sa profession. Sa mère en souffre. Déséquilibré, il finit par s’en ouvrir au prêtre de la paroisse, qui l’écoute en profondeur et lui parle des jeunes de la JAC. L’idée mûrit. Il participe à une retraite et décide de quitter l’orchestre.
Il s’engage dans la JAC, prend petit à petit des initiatives et retrouve un équilibre. Professionnellement, il s’engage comme employé à l’école d’agriculture de Masseube (Gers), tenue par les Frères des Ecoles Chrétiennes. Il y suit des cours de formation agricole. Leur vie, leur sens des jeunes le marquent. Et le voici qui cherche sa voie.
Son ami prêtre lui conseille une nouvelle retraite, qui l’amène à se décider pour la vie religieuse. Mais quelle vie religieuse ?
C’est au cours d’une visite au collège des Frères des Ecoles Chrétiennes de Pibrac, non loin de Toulouse, que la réponse lui est donnée : ce sera chez les Frères Missionnaires des Campagnes qu’il rencontre là, où ils ont également un prieuré.
Isidore, frère missionnaire des Campagnes
Il rentre chez les frères en septembre 1961, à 29 ans. Sa première profession a lieu le 25 mars 63. Il vient d’avoir 31 ans.
De 1963 à 66 il suit au prieuré de La Houssaye la formation pour les frères laïcs.
Il est ensuite nommé au prieuré de Châteaumeillant dans le Cher, où il va vivre ses 6 premières années de vie et de travail missionnaire, de 1966 à 1972. Salarié en maçonnerie, il se révèle déjà tailleur de pierre professionnel, notamment dans la restauration de l’église de Néret.
En 1972, les FMC ouvrent un prieuré en rural touristique aux Orres, dans les Hautes-Alpes : Fr. Isidore fait partie de la communauté. C’est là que, sans qu’il le sache, va commencer son aventure avec Boscodon, où Sr Jeanne-Marie et le P. Aussibal arrivent eux-mêmes fin 72.
La communauté FMC va rester 2 ans aux Orres (1972-74) puis s’installer à St. André d’Embrun (1974-1988). Fr.Isidore trouve à s’embaucher comme maçon à l’entreprise Riorda, habilitée pour les monuments historiques. Il va y travailler sur les chantiers de maisons neuves autour d’Embrun et à l’Abbaye de Boscodon, quand la restauration commence.
Là, comme en dehors de son travail, son besoin d’expression artistique marque sa vie : sculpture sur pierre et sur bois, peinture, musique, fabrication de flûtes de Pan, textes poétiques... En tous domaines il se forme lui-même, s’informe par des ouvrages spécialisés. Expression spontanée et réflexion vont de pair chez lui, avec le sens inné du message spirituel d’une oeuvre. Avec aussi cet art de savoir associer d’autres acteurs à ce qu’il entreprenait. Et son art de dire les choses avec vie.
Quand le prieuré de St.André d’Embrun ferme en 1986 - pour devenir un ’ermitage’- Fr.Isidore, atteint dans sa santé au niveau pulmonaire (par le travail de la pierre) va rejoindre la Communauté inter-religieuse de Boscodon pour rester en altitude et poursuivre son investissement missionnaire à partir de l’Abbaye : FMC et membre de la Communauté de Boscodon... jusqu’à sa mort. De 1988 au petit matin de février 2009 il participe à l’animation communautaire, culturelle et missionnaire du projet Boscodonien. Il aura donné au pays embrunais 36 ans de sa vie de travailleur et de témoin spirituel.
Frère Paul Rougnon
- Autobiographie (Chronique de Mars 2005)
- Poème de Fr Isidore : beauté naissante
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