TEMOIGNAGE de Philippe Lecocq

Ma participation depuis 8 ans environ à la préparation des ADAL (Assemblées Dominicales Animées par des Laïcs), une fois par mois m’a permis de connaître et d’apprécier Fr. Gérard chez lequel j’ai découvert de grandes qualités :
Toujours disponible, toujours de bonne humeur et même quand on lui demandait de quitter son jardin qu’il aimait tant, pour répondre à notre groupe, il le faisait volontiers.
Il avait une grande culture religieuse et une foi profonde qui était ancrée sur sa connaissance des textes bibliques et de la vie du Christ dont il connaissait les décors ayant été en Israël.
Il avait une grande aptitude à saisir le sens des messages contenus dans les lectures sur lesquelles reposaient nos assemblées.
Très souvent, il était animateur de nos assemblées. Pour prendre un exemple concret, lors de la préparation de notre ADAL de dimanche dernier, Gérard avait tout de suite souligné que les disciples d’Emmaüs n’avaient pas reconnu le Christ ressuscité lorsqu’il avait fait appel à leur foi, mais seulement au moment du partage du pain et avait souligné qu’il était allé à Emmaüs lors d’un voyage en Israël.
Il avait aussi le sens de l’humour et ne se formalisait pas lorsque nous trouvions qu’il choisissait trop souvent le texte du Credo de Vatican II alors que nous préférions celui du symbole de Nicée.
Enfin, il connaissait beaucoup de chants appropriés aux textes du jour.
Pour tout ce que vous nous avez apporté à nous équipe de préparation des ADAL
et à la paroisse de Lorris,
nous vous disons
Gérard : MERCI et A DIEU.

 

Gerard en_maconnerie_img040-500x329Quelques jalons dans sa vie.

Né le 17 septembre 1932 à Bondues (Nord), d’une famille d’agriculteurs; le 4ème de 11 enfants.
Après une année (1953-1954) au Grand Séminaire de Merville (59), il rentre au Noviciat des Frères Missionnaires des Campagnes à La Croix-sur-Ourcq (Aisne) le 25 mars 1955.


1960-1968 : à Hermes dans l’Oise.
Après avoir fait une formation accélérée en maçonnerie, il est nommé à la Communauté FMC de Hermes dont la mission principale était de rejoindre le milieu ouvrier.
Pendant 8 ans, il travaille chez le même artisan maçon.


Salarié chez des artisans maçons pendant toute sa vie professionnelle
Il accompagne aussi une communauté paroissiale à Berthecourt, à quelques kilomètres de Hermes, y assurant l’animation des eucharisties, la visite aux malades, dans un milieu de tradition ouvrière peu marquée par le christianisme.

1968-1980 : A Crévecoeur-le-Grand dans l’Oise, après la fermeture du Prieuré de Hermes.

1980-1994 : A Châteaumeillant dans le Cher.
Pendant toute sa vie professionnelle, Frère Gérard a toujours été salarié dans le bâtiment, tout en s’insérant dans les communautés chrétiennes par l’animation liturgique.

1994-2011 : A Lorris dans le Loiret. Frère Gérard réside jusqu’en 2001Gerard Hubert-L_Marius_Roger_avec_famille_Molin-500x329 au 36 Grande Rue : le Prieuré a alors la responsabilité du secteur pastoral.
Il s’intégre en faisant partie de diverses associations : les Jardins Solidaires (pour et avec les Rmistes) ; lui-même fait aussi le jardin du Prieuré.
Il est aussi membre du Secours Catholique, de Solidarité Emploi Service et de l’Association Jeanne d’Arc.

En 2001, les Frères laissent à un prêtre diocésain la responsabilité du Secteur paroissial et quittent le presbytère; Frère Gérard rejoint alors la communauté des Frères aînés, au 1 Faubourg de Montargis.

(Frère Gérard à gauche sur la photo : les Frères avec la famille du Fr. Jean-Baptiste Molin, ancien membre de la Communauté)

 

 

Il y a une semaine, nous recevions la lettre de vœux des Frères de Brienon. 
Les fêtes sont une occasion pour nous d’échanger quelques nouvelles, de tisser des liens de fraternité entre nos communautés... 

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Je vous lis les premières lignes de cette lettre :

 A Brienon, nous nous préparons à célébrer Noël, mais ce que nous vivons à travers les multiples passages que nous sommes provoqués à assumer, nous rend peut-être plus sensibles au mystère de Pâques : 
‘’passage’’ si soudain de Frère Jean-Marie Goutierre et rapidité de son décès qui rendent plus difficile le travail de deuil ; passage de trois frères à la résidence St Loup : Frère Léon Taverdet en Juillet, Frères Jacques Dentin et Etienne Kauffeisen en septembre.

(Quand cette lettre a été écrite, Fr. Etienne était encore là avec eux). 

 

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Il y a deux jours, nous arrivait la lettre des Frères de Chichery. 


Chaque Frère a écrit un passage.

Je vous lis ce qu’a écrit Fr. Pierre-Michel Laborey. 
[Depuis l’arrivée de F. Etienne à Brienon, il a essayé de se faire proche de lui, et plus encore depuis sa première hospitalisation.]
"J’ai été marqué par le long combat de Fr. Etienne Kauffeisen. 

1926-2010 Etienne Kauffeisen sacocheSi actif et dépouillé peu à peu de toutes ses facultés,
si personnel et entouré de sa famille et de ses Frères impuissants à l’aider dans ce long chemin de pauvreté, 
si volontaire et acceptant la dépendance de plus en plus grande du dévouement inlassable du personnel soignant de la maison St Loup où l’on peut mourir presque comme à la maison."

Nous sommes à quelques heures de la nuit de Noël. Nous allons célébrer l’Eucharistie. 
Qu’elle soit liturgie d’action de grâces pour ce que le Seigneur a fait à travers Fr. Etienne. Action de grâces pour ses dons, ses talents. Tout le travail accompli pour que l’évangile soit vécu et annoncé. Pour que l’Eglise prenne visage de Peuple de Dieu où chacun trouve sa place, où chacun a même dignité. 
Cette Eglise que nous avons chantée tout au début de la célébration.

Action de grâces pour l’Evangile qu’il a choisi pour nous aujourd’hui (Luc 15 : le fils perdu et retrouvé). 
Reconnaissance humble de sa face cachée, de son appartenance à la terre. 
Accueil confiant, reconnaissant d’un Dieu, Père plein de miséricorde pour lui et pour les pécheurs. 
Expérience chrétienne de Fr. Etienne. 

Pour conclure, un credo raccourci, un credo personnel de Fr. Etienne. 
Il l’a écrit il y a un an à Brienon où il était venu passer quelques jours depuis Bernay.

 

Frère Claude Bocquillon

 

Evocation du chemin d’humanité et de foi de Fr. Etienne à partir de quelques objets symboliques

Des membres de la famille déposent sur son cercueil un album-photos ( album familial réalisé par Fr. Etienne) et quelques lumignons allumés au cierge pascal en souvenir de son baptême.

Sa sœur Solange, religieuse du Sacré-Cœur, évoque l’enracinement familial de Fr. Etienne

Un compagnon de Fr. Etienne en Algérie apporte son béret militaire et quelques insignes de leur régiment.
‘’ Je me suis toujours intéressé à la Défense Nationale. Je suis de l’Est et d’une famille où les militaires comptaient. Je n’ai jamais oublié mes larmes de 13 ans à l’annonce de la défaite de 1940.’’ 
Dans un recueil mis en forme en 2009, Fr. Etienne évoque les années 1958-59 durant lesquelles il a été rappelé en Algérie. Ses qualités et son courage ont été reconnus. Dans ce recueil se trouve une de ses homélies à une messe de Noël : dans la situation rude et risquée où il se trouvait, ses paroles étaient celles d’un chrétien et d’un homme de paix.
Fr. Joanny Ouedraogo apporte sa Bible et Fr . Pierre-Michel Laborey Les Constitutions FMC 
Le 17 octobre 1945 F. Etienne entre au noviciat ici à La Houssaye. Il a 19 ans.
Le 12 novembre 1946, il fait sa première profession dans cette église.
Le 2 octobre 1949, lors de la reconnaissance officielle de la congrégation à la cathédrale de Meaux, il fait sa profession perpétuelle.

Frère Etienne Kauffeisen (1926-2010)
Il y a un peu plus d’un an, Fr. Etienne relisait son parcours. 
Il a écrit ‘’Quelques réflexions’’. 
"Lors de mes études à St Sulpice dans l’Oise, l’abbé Steinmann m’a donné le goût de la Bible. Deux pèlerinages en Palestine...ont renforcé mon attachement fondamental au Christ.
Joie, signes de l’Esprit pour moi, la mise en route de 12 groupes bibliques à Châteaumeillant (Cher), plus de 100 personnes".

Fr. Paul Rougnon dépose sur le cercueil une Etole. 
Le 12 juillet 1953, Fr. Etienne est ordonné prêtre à Berneuil dans l’Oise. 
Dans des notes écrites le 31 octobre 2009 à Brienon, Fr. Etienne écrit : J’ai désiré être prêtre et être Frère pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous. Mon seul désir était de servir et d’aller aux tâches les plus urgentes : E.S.P.E.R...’’

Son appareil photo est amené par F. Léon Rousselet et un recueil des ‘’ Chroniques’’ par Sr Henriette de Rancourt.
"J’ai beaucoup aimé la nature... marcher, admirer, rendre grâces... J’ai toujours apprécié ce qui était beau, l’art roman, puis l’art ogival, les fresques simples et vraies des églises romanes..." 
La Chronique des Frères et des Sœurs a bien profité de la culture de Fr. Etienne, de ses photos. Pendant plus de 10 ans Fr. Etienne a été membre du comité de rédaction de la Chronique.