1927 - 2010
Frère André Leroy, né le 22 septembre 1927 est décédé le jeudi 14 octobre 2010 à Lombez (Gers). Ses obsèques ont été célébrées le lundi 18 octobre en l’église de La Houssaye en Brie (77).
A la fin de la célébration, Frère Victor Beaumard a rendu hommage à notre Frère André.
--------------------------------------------------------
Dans ce dernier adieu, c’est une occasion de te dire André, toi l’homme imprévisible, notre reconnaissance de ce qui a fait l’essentiel de notre vie commune, de notre vie fraternelle.
Bien sûr, nous aurions aimé parfois un peu plus d’échange, d’informations sur ton emploi du temps, un peu plus de tenue vestimentaire... (il est vrai que tu aimais être pris pour un SDF).
Tu étais si peu exigeant, si ce n’est que d’être respecté dans ta personnalité, comme chacun de nous d’ailleurs ! Tu aimais les personnes vraies et directes. A ta manière, tu savais plaider leur cause. C’est sans doute pourquoi tu étais si à l’aise sur les terrains de pétanque, dans les salles de jeux de cartes.
Dans ces lieux, comme en Communauté d’ailleurs, tes impatiences étaient connues, reconnues ! Boules ou jeu de cartes volaient parfois ! Ton caractère non rancunier permettait de repartir.
Nos personnalités font la richesse de nos vies communautaires. Oui, notre vie communautaire, que de questions elle a fait se poser à nos voisins, à nos amis, à ceux qui nous connaissent bien.
Frère André, ce qui nous a fait vivre ensemble, c’est ce oui discret que nous avons fait un jour du fond de notre coeur, répondant à cet appel" = ’Va, quitte ton pays, ta famille et viens suis-moi’ !"
C’est bien ainsi que chacun de nous s’est retrouvé en communauté de vie chez les Frères Missionnaires des Campagnes. Sans nous être choisis, c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à vivre en Frères au Prat-Béziau. Notre force se renouvelait chaque jour dans les trois temps de prière communautaire : tu y étais fidèle.
N’est-ce pas cela qui nous permet de répondre à ceux qui nous connaissent et nous posent la question : "Comment faites-vous pour vivre ensemble ?" Sans l’appel, sans nos "oui", sans la prière, c’est vrai cela aurait été impossible ! C’est dans les GRACES de nos OUI que nous avons vécu fraternellement.
De la part de tous les Frères Missionnaires des Campagnes : " Merci Frère André !" A bientôt ! car comme le dit le psalmiste " A tes yeux Seigneur, mille ans sont comme un jour."
Frère Victor BEAUMARD
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
La spiritualité de Frère André LEROY
1925 - 2010
Frère Eugène RENOUX, né le 24 août 1925 aux AUBIERS (DEUX-SEVRES), est décédé paisiblement le vendredi 23 avril 2010, dans sa chambre, au Manoir St Joseph à Bernay (EURE); cette chambre où depuis des mois, soutenu par ses Frères et le personnel de la maison, il se préparait au grand passage. Ses obsèques ont été célébrées le jeudi 29 avril en l’église de Quatremare (Eure). Il a été inhumé ce même jour au cimetière de La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne), où se trouve la maison-mère des Frères Missionnaires des Campagnes.
Une belle intelligence
Quelle vie atypique que celle de Frère Eugène, une personne passionnée et fragile qui ne laisse personne indifférent ! Dès trois ans, il veut être instituteur. A dix-huit ans, il devient instituteur à Argenton Château (Deux-Sèvres). Frère Eugène est habité par le désir de se donner tout entier à Dieu. Il entre à la trappe de Bellefontaine. De santé fragile il ne peut pas continuer.
A Bressuire il reprend l’enseignement comme professeur. Il se donne à fond, si bien qu’il craque !
Le Père Épagneul, en lien avec sa famille par sa mère, lui propose d’aller se reposer chez les Frères missionnaires des campagnes. Là il souhaite lier sa vie à celle des Frères.
Il est envoyé à Canappeville (Eure). Au Centre de formation en élevage le Frère Eugène va prendre en charge les cours sur les porcs et la formation générale. Son talent de pédagogue va pouvoir s’épanouir.
Retenons que de porcher, qui n’est pas un métier, il va contribuer à en faire un métier d’une grande technicité. Exigeant avec lui-même et avec les autres. Il note tout, il rencontre les chercheurs du CNRZ* de Jouy en Josas, de l’ITP** et ITCF*** pour faire part de ses observations. Il s’ensuit des relations régulières, jusqu’à présider les journées de la recherche porcine à Paris.
Si le départ de la production avec la 1ère truie est un échec, sa capacité d’observation et d’analyse feront de lui un spécialiste reconnu par son expérience et ses écrits. Il recevra la médaille du mérite agricole.
Plein de talents : il écrit des poèmes, il dessine ; capable d’une grande concentration: jeu d’échecs, mots croisés, dévoreur de livres il s’intéresse à tout avec passion. Méticuleux il va relever la météo chaque matin pendant de nombreuses années.
Il marche chaque jour bâton à la main pour retrouver un équilibre et se refaire une santé à travers la forêt du Prieuré N.D. des Bois. Là il se désencombre d’un cerveau trop plein pour entrer en relation avec Jésus Christ et la méditation du chapelet.
Méthodique il lira plusieurs fois la Bible en continu avec un fil directeur comme par exemple : les femmes dans la Bible…
A soixante ans c’est la mise à la retraite. Le vide, puis il reprend des activités diverses : caté, accompagnement des familles en deuil, équipe Mouvement chrétien de retraités, relations avec les habitants de Canappeville.
Puis c’est le passage en maison de retraite à Bernay (Eure). Lui, l’impatient va sur la fin y mourir lentement sans se plaindre.
"Tandis que l’homme extérieur s’en va en ruine l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour" (2 Co 4,16). Paisible, Frère Eugène va sortir de la vie et entrer en Vie auprès de Dieu.
Extrait de l’homélie prononcée par Frère Jean de FLAUJAC (qui a vécu avec lui au Prieuré Notre-Dame des Bois à Canappeville de 1970 à 1998) ; donné le 29 avril 2010 aux obsèques à Quatremare (Eure)
* CNRZ : Centre National de recherche zoologique
** ITP : Institut Technique du Porc
*** ITCF : Institut Technique des Céréales et des Fourrages
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Le Frère Eugène a été moniteur au Centre d’élevage, au Prieuré Notre-Dame des Bois de Canappeville,
de 1951 à 1998.
Depuis sa retraite professionnelle, il était au Manoir St Joseph à Bernay.
Toute sa vie, en plus de ses recherches pointues sur le porc, il a cultivé ses dons artistiques, en particulier le dessin à la plume et la poésie...
Frère Maurice-Marie GEORGE (1924-2009)
Né le 7 mai 1924, à Châlons-sur-Marne,
aîné d'une famille de huit enfants,
Maurice entre en 1945 dans la Congrégation des Frères Missionnaires des Campagnes
qui venait d'être fondée en 1943 par le Père Epagneul, à La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne).
Il a été en mission dans différents Prieurés de France, en particulier en Seine-et-Marne, dans l'Yonne, dans le Tarn-et-Garonne, avec comme activité principale un travail professionnel de plombier.
Dans l’Yonne dans les années 70-80, il a travaillé dans l’entreprise de M. Vée à Charny. Là il a eu la joie d’exercer son métier avec compétence et d’aider les apprentis pour leur formation.
Le Journal « Fraternité » lui doit beaucoup pour la rédaction des articles.
Chaque année il participait à l’organisation du Rallye Voiture qui permettait de mettre une très bonne ambiance dans le village.
En 2004, il quitte le Prieuré de Montricoux (Tarn et Garonne) pour entrer à la Maison de retraite du Neubourg (Eure) dans le but d'accompagner le Frère René-Marc Goeury (bien connu lui aussi à Charny), devenu assez handicapé (il décédera l'année suivante).
Resté seul Frère Missionnaire des Campagnes dans cette Maison de retraite, mais en lien avec les Frères de Bernay et de Canappeville, le Frère Maurice trouvait bien sa place, en participant activement à l’aumônerie et aux différentes activités proposées aux résidents.
Il se faisait aussi un plaisir de rendre service aux personnes ayant des difficultés pour se déplacer (en poussant leur petite voiture par exemple).
Hospitalisé à Evreux pour des examens médicaux, il est décédé subitement le 3 décembre 2009.
L'inhumation a eu lieu à La Houssaye-en-Brie (en Seine-et-Marne) le lundi 7 décembre 2009 dans ce village où se trouve la maison-mère de la Congrégation des Frères, et où le Frère Maurice avait fait son Noviciat en 1945.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
1924-2009
Le 7 décembre 2009, en l’église de La Houssaye-en-Brie, famille et amis, Frères du Chapître général et quelques Frères et Sœurs de divers Prieurés, ont célébré les obsèques du Frère Maurice. Sa sœur Solange a rappelé le terreau familial et des souvenirs de famille, puis à partir de quelques symboles, les 64 ans de vie dans la congrégation furent évoqués (1945-2009) ; une vie active jusqu’au bout :
• durant de longues années, en Seine-et-Marne et dans l’Yonne, il a éprouvé la rudesse du travail professionnel et missionnaire, comme plombier. Avec talent, il a su analyser les résistances au message évangélique et partager ses découvertes dans de remarquables articles.
• longtemps il a apporté une précieuse collaboration à l’équipe de rédaction de Chronique et au petit groupe “Patrimoine” qui autour de Sœur Ghislaine Aubé a voulu mettre en valeur les écrits et réflexions du Père Epagneul. Il prévoyait tout avec rigueur et minutie.
• A Montricoux (Tarn et Garonne), puis au Neubourg (Eure) il a accompagné le Frère René Goeury dans les mois difficiles de la fin de sa vie. A la maison de retraite du Neubourg sa présence discrète et rayonnante a été reconnue par les résidents et le personnel.
Toujours très présent à la vie quotidienne locale et à celle de la communauté chrétienne, chercheur de Dieu à travers les visages rencontrés et les dépassements personnels à assumer, il disait de lui : …ainsi sommes nous lumière et ténèbres. Nous voulons une vie féconde, donnée, sans parvenir à nous oublier nous-mêmes. Longue quête jamais achevée ici-bas… Pour comprendre l’amour, il ne fallait ni sentir ni savoir : il fallait aimer… Enfin j’ai abandonné cette opiniâtreté à vouloir faire la conquête de Dieu. Si Dieu est quelque part, c’est dans les hommes qu’on peut le trouver. Son visage se cache sous chaque visage rencontré.
Le Frère Hubert De Goy a terminé son homélie par ces mots : C’est dans ce débat permanent entre conquête et don, aveuglement et foi, contrôle et accueil de l’imprévu, que Frère Maurice s’est acheminé vers cet ultime soir qu’il entrevoyait. Il a franchi cet horizon mystérieux où Dieu dévoile enfin son visage, il nous met à table et passe de l’un à l’autre nous servir lui-même. La part d’enfance, d’étonnement admiratif que Maurice a toujours gardé pourra s’en donner à cœur joie face à l’éternelle séduction de Celui qui a réuni son peuple en liesse.
Comme l’a souligné le Fr Claude Bocquillon, prieur régional : A travers et au-delà des turbulences de la vie, les liens de fraternité sont restés forts, comme aux premiers jours. N’est-ce pas là un beau signe de ce Royaume du Christ au milieu de nous ? ce Royaume pour lequel Frère Maurice a engagé sa vie avec nous.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
AUTOBIOGRAPHIE
Frère Maurice-Marie GEORGE
ou 64 ans de vie dans la CONGREGATION FMC
(1945-2009)
Il y aura bientôt soixante ans, le 2 octobre 1949, je faisais partie du groupe de Frères qui faisait profession ce jour-là. J'avais 25 ans. A défaut d'expérience, nous avions certes la confiance et l'enthousiasme des départs pour une grande cause. Nous n'avions pas trop d'idées préconçues quant aux moyens à mettre en oeuvre mais, comme les disciples, nous nous mettions à la disposition du Christ pour vivre ensemble en fraternité, tâcher de discerner ce qu'il attendait de nous, être envoyés par lui dans les campagnes, essayer d'être de modestes témoins de l'Évangile.
1944-1945, pour le pays et pour l'Église de France, c'était l'époque déjà de la liberté retrouvée et de la reconstruction envisagée. Nous étions du côté des modernes, un peu grisés par les perspectives infinies du "progrès". Les sciences scripturaires presque démuselées, une prière et une liturgie dépoussiérées, une catéchèse débarrassée du dogmatisme et revenant à l'Évangile, l'histoire (presque) affranchie des silences et des tabous, la foi en l'homme...
Naïveté ou instinct chrétien, en faisant nos premières armes de "missionnaires", nous n'éprouvions alors aucune prévention à l'égard de quiconque. Nous avions l'a priori d'aimer les gens, le culot de manifester de la sympathie pour toutes les catégories sociales, les domestiques de ferme comme les exploitants, les pratiquants comme les personnes soupçonneuses envers la religion ou même franchement hostiles.
Il faut savoir que dans les débuts nous nous sommes tous interrogés avec surprise - inquiétude, soupçon et déception pour certains - en constatant que le Père Epagneul, toujours si brillant dans les grandes perspectives et si méticuleux pour l'organisation de la vie religieuse et communautaire, nous "faisait confiance", comme il disait, quand il s'agissait du concret de la vie apostolique. Carence ou sagesse ?
Les urgences de la vie matérielle et des relations publiques concernant le développement si rapide de la fondation, le souci - malgré son audace - de rester dans des normes acceptables aux yeux du "magistère", l'ont sans doute empêché d'envisager avec le recul nécessaire l'évolution des temps.
D'où les frictions - pour rester dans le politiquement correct - des années 55-65 dans la Congrégation. Je pense qu'une partie de ce que l'on déclare être notre "charisme" être avec, vivre avec, faire corps, a pris naissance du fait que, ne sachant trop comment travailler à "récapituler dans le Christ" la vie des hommes et des femmes, le monde rural, la société, nous avons commencé par le commencement, à savoir: vivre en amitié et fraternité avec les gens de notre entourage dans la vie de village et la vie de travail.
Alors je dirais heureuse et sage carence qui ne nous a pas enfermés dans une idéologie!
La plante mise en terre par le Père Epagneul a été malmenée par les intempéries de la sécularisation, par la transformation inouïe du monde rural et de la société, emportés sur les vagues d'un libéralisme matérialiste et inhumain. Malmenée aussi par nos infidélités, nos frilosités ou nos raideurs.
Mais la plante était robuste. Elle a accueilli avec passion l'eau fraîche du Concile Vatican II. Malgré sa petite taille, elle a poussé des racines jusqu'au Portugal, en Afrique, au Brésil.
Elle peut avoir l'air chétif, mais elle bourgeonne encore!
--------------------------------------
Les deux ordinations diaconales des Frères Alain et Pierre le 15 juin 2008 à St Sulpice, les premières professions des Frères Eloge, Emmanuel, Etienne, François-Xavier, Mathieu, Parfait et Stéphane, le 4 octobre 2008 à Pama (B.F.), les professions perpétuelles des Frères Urbain et Louis le 27 décembre 2008 à Ouahigouya (B.F.), les entrées en noviciat de Paul, Serge, Pascal et Stéphane le 25 janvier 2009 à Pama, le professionnalisme missionnaire de tous les Frères dans les prieurés, le soin apporté à la prière, est-ce que tout cela n'est pas signe de vie et de fidélité ?
J'ai douté, parfois, je l'avoue. Et j'avais tort. La vieille Sarah avait ri sous cape aux propos des trois voyageurs, la pauvre Anne priant dans le sanctuaire pour avoir un garçon avait subi les sarcasmes du grand-prêtre, la rumeur traitait Élisabeth de femme stérile. Et voilà que les anges proclament que rien n'est impossible à Dieu.
Que le Seigneur, malgré nos indignités,
achève ce qu'il a commencé!
Deo gratias
Frère Maurice-Marie GEORGE
Bulletin InFMC – Noël 2008
Page 41 sur 41