Le Fr. Charles de La Chapelle
est décédé le 23 juin 1977 à l’âge de 61 ans.
Un Frère de son Prieuré de La Motte – Chalancon, Fr. Hubert-Louis de Goy, nous évoque à grands traits sa vie et sa «spiritualité».
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Charles de La Chapelle est né le 1er novembre 1916, à Paris. Son père, tout d'abord fabricant d'automobiles, devient agriculteur sur la propriété familiale à Chapaize en Saône-et-Loire vers 1920. Sa mère est de la région d'Elbeuf. La famille se fixe à Rouen en 1929 et Charles bénéficie de l'enseignement des Frères des Ecoles Chrétiennes au collège Saint-Gervais avant d'entrer à l'école d'agriculture des Mesnières en Seine-Maritime.
Après une préparation de l'Ecole militaire de Saint-Maixent, il s'engage pour trois ans. C'est la guerre de 39-40, la Belgique, le reflux. Fait prisonnier, évadé deux fois, il revient travailler sur l'exploitation de son père avant de devenir lui-même cultivateur-éleveur. Il aime la moto, les chevaux ; il sort avec des jeunes de son âge et de son milieu mais, dès ce moment-là, il est en amitié avec les habitants de son pays qui ne sont pas en vue et « bien placés ».
En 1950 il prend contact avec les Frères et rentre au noviciat à l'automne 1951. La première initiation terminée, il arrive à La Motte-Chalancon (Drôme) en 1953 avec les premiers Frères, au moment où la maison mitoyenne de la cure n'était pas encore finie d'aménager. Il se met aussitôt au travail, que ce soit pour piocher les vignes de Combe-Reboul où le soleil tape fort ou pour monter à Volvent faire les lavandes... ou le catéchisme.
Il revient à La Houssaye (S.-et-M.) en 1957 pour une année de formation, puis rejoint les Frères de Vimory (Loiret) où il reste jusqu'en janvier 1961. allant de préférence vers ceux qui sont les plus isolés (La Cour Maripny) et les familles d'origine étrangère.
Revenu à La Motte, il participe à la vie de cette petite région, à l'écart des courants d'activité, mais non repliée sur elle-même : il travaille avec les cultivateurs pour les foins, les cueillettes (tilleul, prunes, etc.), la lavande, les noix ; il se perfectionne — y compris par des stages — dans la taille des arbres fruitiers et s'efforce de faire profiter de ses connaissances ceux avec qui il travaille ou discute métier. Il participe aux travaux de réfection de l'église de La Motte en extrayant et charriant les «lauzes» qui serviront à paver le chœur.
Frère Charles "se met en quatre" pour accueillir ceux qui viennent ou séjournent au Prieuré et il tient beaucoup à la vie et à la prière commune qu'il nourrit de lectures et conversations, notant et reprenant ce qui lui est lumière et force. Ceux qui l'approchent sentent très vite que le secret et la source de sa vie est la foi.
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Frère Charles aimait profondément ce pays, ses habitants, leur finesse, leur «humanité» et cherchait à faire partager cet amour à ceux qui venaient d'ailleurs.
Son frère arrive-t-il en moto le voir, il prévoit de monter avec lui aux « Ruelles » qui dominent les vallées et villages et où la vue découvre les sommets du Vercors ou des Alpes. Mais là-haut, et c'est beaucoup plus important, il pourra parler un bon moment avec un berger isolé.
Souvent en retard sur le programme d'activité qu'il s'était fixé, il n'interrompait pas de lui-même les conversations commencées au hasard des rencontres ou des visites imprévues. Sa délicatesse, en voici un trait : un cultivateur, seul dans une ferme isolée de la montagne, perd sa mule ; devinant le chagrin de cet homme, Frère Charles monte passer la soirée et la nuit avec lui.
Son excellente mémoire lui permettait de connaître l'histoire de chacun et ses liens de famille mais à travers les nouvelles dont il s'enquerrait, les conseils qu'il donnait, les livres qu'il passait aux uns et aux autres, les paroles ou histoires qu'il rapportait pour éclairer et encourager, chacun sentait qu'il comptait, qu'il était estimé avec ce qu'il avait d'unique ; avec lui on était en confiance.
Ce que résumait un Mottois au lendemain de sa mort : « Il était tellement avec tout le monde. Il avait une parole pour tout le monde. Partout où il sentait qu'il y avait quelqu'un... (sous-entendu : dans la peine) il était là ».
Fr. Hubert de GOY
La Motte-Chalancon (Drôme)
(Extrait de la CHRONIQUE des FMC et SC - N°121 de décembre 1977)
Entré chez les Frères Missionnaires des Campagnes en 1945, à l'âge de 41 ans, Frère Alfred Charrier était notre « doyen d’âge » (5 semaines de plus que le Père Epagneul !)
Le samedi 17 juillet 1993 au soir, nous est parvenue la nouvelle de sa mort. Pris d'un malaise en gare de l'Est, à Paris, vers les midi, le SAMU le transporta à l'hôpital où il devait décéder peu après. Il devait se rendre à La Houssaye-en-Brie et, de là, à la Maison de retraite de Charny (Yonne) pour visiter Frère Emile Laloué.
Vendéen à l'œil vif, passionné du contact avec les autres, homme de foi, missionnaire dans l'âme, sillonnant les routes pour rejoindre les ouvriers agricoles. Frère Alfred était aussi un travailleur infatigable, toujours à l'affût du progrès.
Depuis 1980, il était au Prieuré Saint-Hilaire de Francueil (Indre-et-Loire).
Cet article paru dans la CHRONIQUE des FMC et SC du 1er septembre 1993 lui avait été demandé pour souligner le Cinquantième anniversaire de la Congrégation.
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La vie est devant nous
C’est un des doyens qui vient s'entretenir aujourd'hui avec vous. Eh oui, chez nous, il, y a deux doyens. Il y a le Père Épagneul, qui a lancé l'appel en 1943 pour fonder la congrégation dont nous fêtons le 50ème anniversaire. Pourtant, il est battu en âge par un de ses Frères, puisque l'autre doyen le précède d'un mois !
Mais pour ce qui est de la vie chez les FMC, en 1943, j'étais encore bavarois, comme prisonnier de guerre.
Il faut bien le dire, la mort approche, car les centenaires restent assez rares. J'ai souvent entendu dire par les responsables : « Surtout, évitez le vieillissement ». Jusque là, cela m'a paru une chose impossible, car tous les ans il faut sauter une barrière et, en juin 93, si Dieu me le permet, je devrai sauter la 89ème !
En lisant un article de Mgr Elchinger, il m'a semblé que je me trompais, car au nom de l'Église il proclamait : « Je crois en la vie éternelle ». Je me suis dit en première analyse : « Quel sens peut avoir le vieillissement si on est engagé en une vie qui ne finit pas ? ». Ça me paraissait tellement important que je suis allé fouiller les Écritures. Et, en effet, au chapitre 11, verset 25, Jean cite la parole du Christ : "Celui qui croit en moi, fut-il mort, vivra et quiconque croit en moi ne mourra point"».
« Je crois en la vie éternelle »
Les saints que nous implorons, saint Martin, notre patron, la petite sainte Thérèse, implorée dans le monde entier, en sont un témoignage. Qu'ils aient pris une autre forme au départ de ce monde, bien sûr. Mais, puisqu'ils peuvent nous venir en aide, c'est qu'ils vivent.
Plus près de nous, les dix-sept Frères que Dieu a rappelés comme prémices de notre famille, et que je ne manque pas de rappeler chaque matin pour remercier Dieu de tant de faveurs dont il nous a entourés.
Notre passage sur cette terre ne serait donc qu'une étape bien courte, hélas, pour notre vie. Et je me pose encore la même question : « Quel sens a le vieillissement en une vie qui ne finit pas ? ».
Des témoignages éloquents
Si j'ose parler ainsi, c'est que ma formation de jeunesse ne tolérait aucun doute en cette matière. Et j'ose vous faire part des témoignages reçus de ma famille, à commencer par ma grand'mère. Je me vois encore dans sa chambre quand Mr le Curé vint lui administrer le sacrement des malades, de répondre : « Mr le Curé, ça ne me coûte guère de partir, puisque ma famille est plus nombreuse là-haut qu'ici ».
Celui de ma mère est aussi éloquent. Puisque, étant novice, un télégramme m'annonce que sa vie était en danger, je pars donc l'accompagner par un dimanche de septembre. Arrivé en famille, je trouve ma mère, la figure un peu fatiguée mais en pleine connaissance, et de me dire : « Tu dois être heureux, maintenant, depuis si longtemps que tu rêvais cela ». Et d'ajouter : « Maintenant que je t'ai vu, ça ne me coûte pas de partir ». Quatre heures après, elle partait.
Après de tels témoignages, m'est-il permis de douter en ce qui concerne la foi ?
En 1988, à notre Assemblée de Lisieux, j'avais parlé aux Frères des appels de la Mère de Dieu au monde actuel. Depuis, les choses ont bien évolué, car ce n'est plus à un ou deux pays que la Sainte Vierge s'adresse, mais au monde entier, de la Corée et du Japon à la Syrie, et de là vers l'Europe, par la Yougoslavie et l'Italie, remontant le Nord par l'Irlande et partant vers les Amériques par l'Equateur et l'Argentine.
Les messages de la Mère de Dieu
Une chose jamais vue en humanité. Et partout le même message : « Priez, priez et mettez-y tout votre cœur ». Ces témoins, quasi tous jeunes et du milieu dit populaire, nous annoncent une période de grandes grâces durant laquelle ce sera plus facile de croire aux données de la foi.
Je devine que vous allez me dire : « Depuis le Christ, la Révélation est close ». Ce dont je suis d'accord, et la Mère de Dieu ne peut annoncer autre chose. Mais je cite les paroles d'un des témoins à qui on faisait cette réflexion : « Oui, mais on en oublie une partie, et c'est cela que la Mère de Dieu vient nous rappeler ».
Pourquoi Marie ne s'adresse-t-elle qu'à d'assez jeunes ? Sans doute parce qu'ils sont l'avenir. Dieu les aime particulièrement. Ne tombons pas dans une prudence excessive qui fut celle des Pharisiens à l'époque de la venue du Christ et réfléchissons aux difficultés que rencontrent nos jeunes pour être fidèles à leur profession de foi.
Alors, écoutons Marie qui nous dit : « Ayez confiance ! ». Et encore une fois : « Prions, prions et mettons-y tout notre cœur ».
Frère Alfred CHARRIER ■ (1er juin 1993)
En février 1978, Frère Joseph MOULAY, membre du Prieuré du Neubourg (Eure) devait arrêter tout travail pour être hospitalisé à Rouen. Malgré la recherche assidue des médecins et l'attention constante du personnel hospitalier, il achevait, le 13 septembre 1978, sa route sur cette terre, ouvert à l'amour éternel de Dieu. Il était âgé de 34 ans.
Jusqu'au bout, il est resté dans la paix, accueillant chacun, fortifié par la foi et la prière.
De nombreux amis ont participé à ses obsèques le 16 septembre, au Neubourg (Eure) et à Champéon (Mayenne).
« Je vous exhorte
par la tendresse de Dieu
à Lui offrir votre personne
et votre vie
en sacrifice saint.
Cherchez à comprendre
les événements dans leur profondeur
pour savoir quelle est
la volonté de Dieu. »
(Saint Paul aux Romains)
Frère René-Joseph CHARRIER est décédé le 11 janvier 1981, à l'hôpital de Coulommiers, après une longue maladie de deux ans. Il était chez les F.M.C. depuis 1951. Il fit son noviciat à La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne). Il vécut dans les Communautés de Saints (Seine-et-Marne) et de Saint-Sulpice (Oise).
Les Frères du Prieuré Saint-Martin à La Houssaye, sa dernière Communauté, expriment ici comment ils ont vécu, en union étroite avec le Frère, ces moments délicats de la maladie et de la mort.
Au cours d'une veillée, précédant la sépulture, Frères, parents et amis ont fait revivre pour quelques instants très denses, le visage du Frère.
LES DERNIERS MOIS
Hospitalisé en 1979, Frère René-Joseph a reçu un traitement chimio-thérapique qui devait stopper l'évolution d'un cancer des ganglions. Au printemps 80, il a pu reprendre son travail à mi-temps, à l'entretien dans une école de Meaux où il logeait sur semaine. En août, le cancer récidive ; il doit écourter son séjour en famille et est de nouveau hospitalisé pour examens. Dès octobre, les médecins laissent entendre qu'ils ne maîtrisent plus l'évolution du mal ; seule chose possible : soulager les souffrances.
Nous prenons conscience alors, en communauté, de l'importance de l'événement qu'il nous est demandé de vivre. Progressivement, nous décidons de l'entourer de façon plus étroite : il aura une visite pratiquement chaque jour. Beaucoup de Frères, de Sœurs, d'amis, sa famille aussi, ont bien vite assuré avec nous près de lui, une présence régulière soit par des visites, soit par lettres.
Dimanche 11 janvier 1981, à 0 h 15, Frère François recevait son dernier souffle, au moment où Frère Roger venait prendre le relais de veille pour la nuit.
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Frère René, tu faisais partie de notre famille. On t'aimait bien. Tu étais toujours là pour nous rendre service. Tu aimais tant nos enfants ! Tu nous comprenais et on aimait bien parler avec toi. On n'en finirait pas de dire de bonnes choses de toi, des bons moments qu'on a passé ensemble. Et même, quand des gens nous voulaient des ennuis, tu n'hésitais pas à nous défendre, allant jusqu'à te compromettre. Tu aimais aussi à nous parler de Dieu, à nous expliquer la Bible, à nous aider à prier et à mieux nous aimer les uns les autres. Ta longue maladie nous a beaucoup peinés, mais toi tu avais toujours le courage. Dernièrement, quand nous t'avons souhaité la Bonne Année, tu nous as répondu : « C'est surtout à vous : que vous ayez la santé et du Bonheur et que Dieu et la Sainte Vierge soient toujours avec vous ». Nous ne te verrons plus, mais ton souvenir restera toujours avec nous. Comme tu nous l'as montré, nous nous tournons vers Dieu pour le remercier et nous le prions de tout notre cœur pour que tu sois heureux avec lui.
Les gens du voyage.
Il aimait le jeu... les enfants... il aimait la fête... les voyages... c'était le boute-en-train de la famille. Il n'a jamais voulu inquiéter sa famille sur sa maladie. Il était attentif à chacun des siens pour les rejoindre dans leur vie quotidienne.
Sa famille.
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UNE QUESTION DIFFICILE : PARLER ?
Plusieurs fois, des Frères nous ont demandé si nous parlions avec lui de la mort. Cette question est sans doute posée trop souvent dans l'abstrait, «autour d'un tapis vert»... mais "un dessus-de-lit n'est pas un tapis vert" disait l'un de nous.
Une maladie comme le cancer - Frère René-Joseph connaissait la nature de son mal - peut avoir des évolutions inattendues. Le Frère n'attendait pas la mort, mais s'accrochait au moindre petit détail pour croire en la guérison ; jusqu'au bout il a fait des projets, au risque de se donner des illusions : par exemple, quand les corticoïdes le faisaient grossir ou excitaient sa faim, il y trouvait un signe de mieux. Il faisait grande confiance aux médecins qui l'avaient tiré d'affaire plusieurs fois. Nous n'avons jamais entretenu ces illusions, dans un faux jeu ; ce qui nous paraissait le plus important, c'est que le Frère soit devenu capable de remettre en cause lui-même les projets qu'il faisait, dans une grande disponibilité. N'est-ce pas cette attitude de fond qui est essentielle ? Avec d'autres malades, il est peut-être possible de vivre un autre cheminement
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... Frère René s'intéressait beaucoup aux autres malades de l'hôpital et très souvent, il me demandait des nouvelles de tel malade dont je lui avais parlé et pour qui je lui avais demandé de prier. Frère René dans sa maladie était demeuré avant tout un Frère missionnaire : il avait gardé le souci de la mission. Il me posait des questions sur ce qui se fait, ce que les confrères faisaient dans les différents secteurs d'apostolat. Très souvent il m'a parlé de ses amis les gitans, les gens du voyage ; il était toujours très touché quand ceux-ci venaient le visiter. Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que Frère René continue à partager avec nous nos soucis, nos projets, nos essais au service de la mission dans ce secteur, et aussi à l'hôpital de Coulommiers...
P. Marcel HUCHON Aumônier de l'hôpital de Coulommiers.
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UNE AVENTURE SPIRITUELLE
Le temps fort de cette « remise entre les mains de Dieu », a été l'onction des malades. « J'y pensais, a-t-il dit, depuis mon pépin de santé de 68 ». L'un de nous lui en avait parlé en septembre. C'est lui-même qui a fait ensuite la démarche, à l'occasion de la célébration que préparait le secteur de Rozay –en-Brie pour une vingtaine de malades.
Jusqu'aux derniers jours de sa vie, Frère René-Joseph a trouvé appui dans ce sacrement : il en parlait souvent aux uns et aux autres. Plusieurs fois, on a pu lui demander : « Comment vis-tu ce temps de maladie ? ». Un jour, il a répondu : « Quand on est malade, on est dépendant pour tout ; c'est plus facile de se sentir dépendant de Dieu ».
Les uns et les autres, Frères, Sœurs, aumôniers de l'hôpital, nous avons pu prier très facilement avec lui. Il aimait exprimer sa foi et surtout ouvrir la prière sur les malades de l'hôpital, le personnel, les événements du monde. Plusieurs fois, nous avons pu célébrer la messe ou l'office avec lui, ou plus simplement le chapelet. Il aimait en particulier, que l'on dise un psaume et lui, écoutait... ce n'était pas sans émotion, car ces « cris d'hommes » que sont les psaumes sont une rude école pour prier face à la maladie, à la souffrance, à la mort.
Aller lui rendre visite devenait une aventure spirituelle : il fallait s'y préparer par un temps de prière personnelle, pour se mettre dans un climat de rencontre profonde. Parfois, nous avons eu conscience de le fatiguer, surtout dans les derniers moments où il était pris dans l'étau d'une souffrance sourde. Alors, nous restions, près de lui, en silence.
C'EST LUI, LE PAUVRE QUI ETAIT RICHE
« Plusieurs fois, disait l'un de nous, il m'a amené avec lui chez les gens du voyage. Il arrivait en pauvre chez eux. C'est eux qui le soutenaient. Et c'est lui le pauvre qui était riche ». Les limites personnelles ne sont-elles pas souvent chances pour le Royaume ? C'est ce que nous pensions en voyant les amis du voyage lui rendre visite à l'hôpital ou venir prendre de ses nouvelles. Et nous avons été bien plus heureux encore quand ils sont arrivés de Montargis par un temps épouvantable, pour être avec nous à l'enterrement, et quand ils ont accepté de partager le repas qui suivit. C'était un des derniers projets du Frère René-Joseph : « Quand je reviendrai à La Houssaye-en-Brie, nous les inviterons tous pour un grand repas »...
Aujourd'hui, nous avons devant nous, à la chapelle, la belle croix où sont gravés son nom et les dates de ses deux années de « naissance » 1928-1981. Et nous aimons reprendre le chant : « Tu es le pauvre... en toi, la vie éternelle de Dieu. »
Face à la mort, les mots se font plus lourds de sens.
Les Frères du Prieuré Saint-Martin
(Extrait de CHRONIQUE des FMC et SC N° 135 Juin 1981)
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