Lundi 12 novembre, juste après sa fête et la veille de son anniversaire, en l'église de Quatremare, rassemblés autour de notre évêque, du Père Epagneul, fondateur des Frères Missionnaires des Campagnes, et du Frère Jean-Louis, prieur général, les Frères, les Sœurs et sa famille, moniteurs, personnel du Centre, stagiaires, anciens moniteurs, anciens stagiaires et beaucoup d'amis, nous avons célébré la messe d'enterrement du Frère Léon.
Entrecoupés de chants pleins d'espérance et de moments d'un silence très priant, des témoignages ont été donnés sur notre Frère.
Frère Léon a quitté son exploitation agricole des Libaudières, en Vendée, à 35 ans pour entrer chez les Frères selon l'appel du Seigneur. Après quelques années de formation, il a été neuf ans au Prieuré de Pibrac, près de Toulouse, et est venu à Canappeville en 1972, où il travaillait comme chauffeur de tracteur.
Bien qu'il n'ait pas été moniteur, il connaissait tous les stagiaires depuis 12 ans, les appelait par leur prénom et pour la plupart, savait ce qu'ils étaient devenus. Il était membre de l'A.S.A.V.P.A. qu'il appréciait beaucoup.
Avec Frère Léon, la vie n'était pas triste. Combien n'ont-ils pas fait avec lui une partie de tarot où il avait de la chance plus qu'à son tour. On se demandait parfois s'il ne reconnaissait pas les cartes rien qu'à voir leur dos ! En tout cas, il était très observateur, et à 50 mètres, distinguait un lièvre d'une hase... Il aurait voulu qu'on soit tous gais comme des pinsons.
Très coloré et souvent blagueur dans ses paroles, il était très simple dans la réalité de sa vie de religieux fidèle, plus préoccupé par l'heure de sonner la cloche, par le traitement des blés ou la cuisine du dimanche midi qu'il assurait souvent, que par les grandes idées - ce qui ne l'empêchait pas d'avoir des connaissances précises de géographie et de s'intéresser à tous les peuples du monde, sur le plan humain et missionnaire.
Alphonse Spriet, son compagnon de travail nous dit de lui : « Frère Léon était bon, foncièrement bon. Jamais on ne l'entendait formuler une critique désobligeante. Il excusait toujours. Il avait sur les lèvres le mot aimable qui fait plaisir. Empressé de rendre service, il le faisait avec tact et modestie ».
Il avait un cœur gros comme ça. Il l'a lâché en pleine nuit. C'est la mort qu'il souhaitait.
Merci, Frère Léon !
Les Frères du Prieuré Notre-Dame-des-Bois
Canappeville (Eure)
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Témoignage d'un foyer ouvrier de Brax
Adieu Léon, Frère et ami...
« Nous ne savons pas l'heure... »
Ce dimanche, à la fin de la messe : une annonce... Ton retour à Dieu.
Un regard avec Jeannot : « C'est notre bon Léon qui nous a quittés, non ! Ce n'est pas vrai... nous ne voulons pas...
Tu es parti si vite, en silence, comme si tu nous faisais une farce, car tu aimais en faire, te souviens-tu ? Vous souvenez-vous Frères de Pibrac ?
Nous revoyons ton visage souriant, toujours heureux. Quand nous sommes-nous connus? Nous ne savons plus... qu'importe. Où ? à Pibrac bien sûr... tout simplement, l'amitié était là, simple et belle ; c'est comme ça chez nos Frères et Sœurs des Campagnes.
Nous nous souvenons de ton accueil chaleureux ; nous nous arrêtions au Prieuré parfois, souvent pour rien... nous étions chez nous ! Pour dire bonjour à toi, à tous, à chacun ! Jouer à la belotte, à la pétanque, partager le repas. Tu venais aussi chez nous.
Homme de la terre, tu aimais la terre, tu aimais ton verger, ta vigne gorgée de vie, les belles fleurs ; on revoit ta fierté dans le chais qui sentait le vin nouveau...
Un jour, l'Office manqué, car nous bavardions dans l'entrée, tu nous as dit « c'est important aussi, le temps qu'on passe avec ses amis ». Tes amis sont nombreux, et tu les as aimés. Tu étais souriant, cordial, aimant rendre service. Brave homme !
Mais sais-tu que c'était « LUI » que nous imaginions dans ton accueil, car la prière à la chapelle, aussi, nous l'avons partagée.
Ton départ de Canappeville... regret de nous quitter, tu n'aimais pas déménager...
Un jour - un an après - à la Profession d'un Frère à Lavannes : « mes amis... mes amis, c'est vrai » la larme à l'œil, c'était bien toi ; quelle joie ! Ce que nous avons pu bavarder !
Ensuite à Canappeville, quelle était belle la Normandie ! Merci à toi, à nos Frères de ce voyage.
Ton souvenir restera parmi tes amis, nos prières sont pour toi. Mais toi, qui vois le Père, demande-lui que tous les hommes retrouvent le sourire ; car le sourire c'est le bonheur...
Adieu, Léon !
Reine et Jeannot, Brax (H.-G.)
Frère Jean-Paul Cornet
nous quittait le 19 mai 1985
au terme d'une longue maladie. Il avait 60 ans (1925-1985).
Voici le témoignage d'un de ses amis, engagé comme lui au service des ouvriers agricoles.
Nous sommes venus aujourd'hui te dire : « A Dieu ».
Mais avant, nous voudrions te dire que ta vie a été pour nous, salariés de l'agriculture, un exemple de courage, de force et de vérité devant les événements de la vie.
Tu as su nous montrer le chemin à suivre, non seulement par des paroles, mais aussi par des actes, pour aider les plus démunis d'entre nous.
Malgré ta maladie, tu as lutté de toutes forces jusqu'au bout pour faire avancer le progrès social. Tu as su passer tes responsabilités en temps voulu pour nous apporter tes derniers conseils.
Tous ces messages, nous les garderons bien précieusement sans les oublier, et nous les utiliserons le moment voulu.
Nous t'en remercions et te disons tous : « A Dieu, Jean-Paul ! »
Albert Lebrun
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Témoignage du Prieur Général
«Jean-Paul avait la conviction que lorsqu'un homme donne le meilleur de lui-même dans le travail, les relations aux autres, la lutte contre la maladie ou toute forme de souffrance, l'Esprit de Jésus est là, à l'œuvre...
Aux bons, comme aux mauvais jours, la Parole de Dieu écoutée et priée a été sa Lumière. Lorsque les hommes refusent la fatalité, la pauvreté, l'égoïsme, qu'ils relèvent la tête et s'organisent, ils rencontrent un certain combat sur leur route, ils sont la sève de roses qui fleurissent et s'ouvriront demain.
Jean-Paul a vécu longtemps avec les fleurs, mais surtout pour l'homme : celles qui fleurissent sur la terre de la fraternité annoncent celles que Dieu veut faire fleurir pour toute l'humanité rassemblée dans son amour, en laquelle notre frère a espéré»
Frère Jean-Louis Lejay
Frère Alphonse DISTINGUIN
vient de nous quitter le 2 mars 1986.
Il a connu les Frères de La Houssaye directement, car il travaillait à Rebais en Seine-et-Marne. Ses copains avaient remarqué sa piété ; ils lui avaient dit : « Pourquoi ne vas-tu pas vivre avec Alfred et les autres à La Houssaye ? » Il rejoint la communauté et s'engage comme religieux à 25 ans.
Son handicap ne lui permet pas les gros travaux. Il soigne les poules, cultive les fleurs. Il prend sa part de travaux ménagers (cuisine, lessive, balayage) dans les prieurés de La Croix, La Houssaye, Charny et Luzillé.
Il a terminé sa vie dans une maison de repos près du prieuré de Lorris (Loiret).
«Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? La détresse ? L'angoisse ?
Le danger ? Non, car en tout cela, nous sommes les grands vainqueurs, grâce à
Celui qui nous a aimés.» (Romains, 8, 35 et 37)
(Extrait de CHRONIQUE des FMC et SC - N° 155 - Juin 1986)
Né dans le Calvados, il se sentait proche de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Il a cherché à se faire petit comme un enfant pour entrer dans le royaume de Dieu.
Déjà prêtre, il devient Frère Missionnaire des Campagnes dans une Congrégation qui en était à ses débuts.
Il exerce divers ministères, entre autres il prêche des missions en Seine-et-Marne. Il consacre du temps à composer des chants comme celui-ci :
«Je suis la résurrection et la vie
qui croit en moi fût-il mort vivra
celui qui vit et qui croit en moi
ne connaîtra pas la mort éternelle».
De la Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne) il passe à la communauté de Charny (Yonne). Il devient aumônier départemental de la «Fraternité Catholique des Malades et Handicapés».
«Il aidait les personnes à se mettre en route. Il savait leur donner confiance en elles-mêmes et il savait les soutenir».
C'est en 1978 qu'il fit une expérience spirituelle très forte. Il fut bouleversé par l'Esprit de Jésus. Il voyait avec le cœur, source de relations fraternelles nouvelles.
Le poème des pages suivantes a été écrit par Frère Bernard- Jean Domin le 18 mars 1986 alors qu'il devait nous quitter le 10 juin 1986.
Au bout de toutes les routes
la maison
Au bout de toutes les ascensions
le refuge
Au bout de tous les déserts
l'oasis
Au bout de toutes les tempêtes
le port
Au bout de tous les tunnels
la lumière
Au bout de toutes les nuits
l'aurore
Au bout de tous les hivers
le printemps
Au bout de toutes les guerres
la paix
Au bout de toutes les défaites
la victoire
Au bout de toutes les larmes
le sourire
Au bout de toutes les haines
l'amour
Au bout de toutes les maladies
la guérison
Au bout de tous les péchés
le pardon
Au bout de toutes les séparations
les retrouvailles
Au bout de tous les dangers
la sécurité
Au bout de tous les doutes
la certitude
Au bout de toutes les tristesses
la joie
Au bout de toutes les détresses
la consolation
Au bout de tous les désespoirs
l'espérance
Au bout de toutes les faims
la nourriture
Au bout de toutes les soifs
l'eau vive
Au bout de toutes les croix
la résurrection
Au bout de toutes les morts
la vie
Au bout de tous les abandons
MARIE
Au bout de toutes les faiblesses
l'ESPRIT
Au bout de tous les chemins rudes
JÉSUS
Au bout de tous les désirs
LE PÈRE
(Extraits de CHRONIQUE des FMC et SC – N° 156 – Septembre 1986)
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