2019 christian desjobert

 

1924-2019

''Jésus prit avec Lui Pierre Jean et Jacques, gravit la montagne et fut transfiguré devant eux." Lc 9

Frère Christian Desjobert, 5 jours après avoir fêté ses 95 ans, a rejoint son Seigneur le mardi 6 Août, Jour de la fête de la transfiguration.

Né le 8 juin 1932 à Romorantin (Loir et cher) de Jean Sevaux et Marie Fortat.

Baptisé le 2 juillet 1932, à Romorantin. Confirmé le 13 mai 1945 à Menneton s/Cher

Études secondaires à St Enverte Orléans (bac, math élem )

1 an au séminaire vocation tardive à Montmagny (S et O)

Entre à la Houssaye le 28 août 1952. Il fait son Noviciat puis sa première profession le 29 septembre 1953

Il fait une année de philosophie à la Houssaye en 1954.

Militaire dans les paras du 15 juin 1955 au 1 octobre 1957;

C’est à partir de Pibrac qu’il fera sa théologie chez les dominicains de Toulouse d’octobre 1957 à juillet 1961.

Profession perpétuelle le 12 avril 1959 à Lombreuil entre les mains du fondateur le Frère Michel Dominique Epagneul. Le Frère Léon Taverdet, nouveau Prieur Général, est là ; ainsi que Frère Roger Schutz en ami.

Il a reçu l’ordination presbytérale : le 24 Mars 1961 à Paray le Monial.

Il commence alors une longue étape d’engagement pastoral en 1962 au prieuré St. Vincent de Paul à St. Sulpice dans l’Oise puis au prieuré St. Joseph à Urciers en 1963 et à Charny en 1965. Il aura là la responsabilité pastorale du secteur et deviendra Prieur de la communauté. Il y restera jusqu’en 1977. Il dit lui-même que pendant ces 15 années il a surtout travaillé avec les jeunes du MRJC mais il y avait aussi la catéchèse, l’animation liturgique et la participation aux différents conseils de paroisse. Il avait un grand souci de travailler avec les laïcs.

Les responsables lui demandent d’être maître des novices en 1977 à la Houssaye en Brie.

Il passe ensuite une année au prieuré de Noailles en 1985-1986, puis arrive de 1987 à 1997 au Prieuré St Bertrand de Boulogne-sur-Gesse. Il y est encore responsable de la pastorale paroissiale mais trouvera aussi le moyen de prendre un travail salarié à mi-temps.

Il est élu membre du Conseil Général en 1997 et demeure deux années à la Houssaye-en-Brie.
Deux ans plus tard, en 1999, il rejoint Chateaumeillant toujours pour l’activité pastorale.

On lui demande de rejoindre Coquelandia au Brésil et y restera de 2004 à 2008.
En 2008, C’est la retraite ! Il rejoint la communauté de Dieulefit. Il rendra encore beaucoup de services…
C’est en 2016 qu’il rejoint la maison de retraite des FEC à La Blache.

Merci à vous tous de votre présence en venant célébrer le passage vers le Père du Frère Hubert-Louis DE GOY. Membres de sa famille, sœur, neveux et nièces, habitants de Lorris et des environs, Frères et Sœurs des Campagnes, membres de la Fraternité des Frères et Sœurs, vous qui avez été en lien avec lui. Et en cette période de vacances, beaucoup n’ont pu assurer ce déplacement.

Le Frère Hubert-Louis est né en 1924 à Nevers ; le quatrième de la famille. Son père, plusieurs fois blessé à la guerre décèdera quelques semaines après la naissance de Hubert.

Des problèmes de santé vont le toucher très rapidement et le poursuivront toute sa vie l’obligeant à arrêter des mois durant toute responsabilité.

C’est en 1945 21 ans, qu’il entre au noviciat des Frères Missionnaires des Campagnes où son frère ainé, Pierre, l’avait précédé dès 1943 au tout début de la Congrégation.

Il fait ses études chez les dominicains, Profession perpétuelle en octobre 1949. Après plusieurs temps de repos-convalescence, il poursuit ses études chez les Oratoriens, il est ordonné prêtre en 1952.

Il est chargé d’accompagner les frères étudiants en philosophie, et, selon son expression, « j’apprends plus que je ne donne en enseignant spiritualité et Pères de l’Eglise ».

Mais la fatigue l’oblige à s’arrêter de nouveau. Il rejoint la Communauté de Canappeville puis le Neubourg dans l’Eure, où il fait du défrichage et quelques autres services, avant de reprendre du service paroissial.

Un an dans l’Aisne comme aide-jardinier avant de rejoindre la communauté de la Drôme à La Motte-Chalancon en 1972. Il y restera jusqu’en 1987.Une région qui le marquera beaucoup

En 1987 il rejoint Montricoux dans le Tarn-et-Garonne, avec pour mission le soutien de la communauté paroissiale et la préparation de l’avenir pour les petits villages. Une responsabilité de curé et de responsable de la communauté qui lui pèse et le « désinstalle » en même temps.
C’est en 2003 qu’il rejoint la communauté de Frères ainés à Lorris, assurant une présence fraternelle et priante, selon les moyens de chacun et rendant quelques services dans les communautés chrétiennes voisines.
Et en octobre 2018, il y a 10 mois, il rejoint la « Maison d’Emilie » (EHPAD de Lorris, accompagnant le Frère Marius Aubry, partageant la vie des pensionnaires, y compris le scrabble, et selon ses propres mots, « attendant la rencontre redoutable et pleine de miséricorde avec Celui qui nous aime tant qu’il veut nous faire aimer comme lui. »
Depuis quelques semaines on le sentait souffrant mais faisant face. Hospitalisé à Gien vendredi soir, il nous a quittés samedi soir.
Avec modestie, son écoute de l’autre, sa profondeur il avait une place très importante dans la communauté.

Lecture de la première lettre de saint Jean 1 Jn 3,14.16-20

Mes bien-aimés,
nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie
parce que nous aimons nos frères.
Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
Voici comment nous avons reconnu l’amour :
lui, Jésus, a donné sa vie pour nous.
Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.
Celui qui a de quoi vivre en ce monde,
s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion,
comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ?
Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
car si notre cœur nous accuse,
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc Luc 12,35-38.40

Jésus disait à ses disciples :
Restez en tenue de service,
et gardez vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »

 

Homélie

Il y a quelques années, aux obsèques d'un de nos Frères, j'étais assis dans l'église à côté de Frère Hubert-Louis ; et à un moment, je l'entends dire : « Il a de la chance lui ! » J'ai été assez étonné, mais j'ai alors pensé que notre Frère espérait que vienne assez vite cette rencontre qu'il qualifie lui-même de « redoutable et pleine de miséricorde avec Celui qui nous aime tant. » Il a vécu maintenant cette rencontre et il peut contempler dans le face à face ce Père aimant et plein de miséricorde.
« Restez en tenue de service, »
Frère Hubert-Louis a connu des moments de fatigue, au point d'interrompre études et activités pastorales. A plusieurs reprises, il a dû prendre de longs moments de repos.
Mais notre Frère n'était pas du genre à rester sans rien faire, alors il se met au travail manuel, parce que ,disait-il, « parfois je ne peux rien faire d'autre ». Je pense que dans les prieurés où il est passé, presque toujours, c'est lui qui a travaillé le jardin et qui en a cuisiné la production. Nous avons pu le voir dans ces dernières années ; c'était parfois à la limite de ses forces physiques.
« Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller... c'est lui qui les fera prendre place à table et passera pour les servir. »
Celui qui est venu se faire Serviteur vient accueillir ceux qui, tout au long de leur vie, ont servi Dieu en prenant soin de leurs frères.
Frère Hubert-Louis a servi les autres, physiquement... manuellement
Il a les servis aussi spirituellement.
Frère Hubert-Louis état un homme d'écoute.
Écoute de la Parole de Dieu..... Écoute des autres.
C'est pour cela qu'il lui a été demandé d'accompagner des communautés, des Frères, des Sœurs, des laïcs, divers groupes de chrétiens, dont tout récemment à Lorris les équipes du Rosaire.
Homme d'écoute, il a intériorisé la Parole de Dieu et la parole des autres ; aussi ses prises de parole étaient éclairantes et toujours appréciées.
Cet accompagnement, il l'a vécu dans l'humilité que nous lui connaissons. Une humilité réaliste, pleine de bon sens. Quand on lui demande d'enseigner aux frères étudiants la spiritualité et les Pères de l’Église, il écrit : « Enseigner permet d'abord d'apprendre... J'apprends plus que je donne ».
Sur le plateau du Neubourg dans l'Eure, Frère Hubert-Louis commence une responsabilité pastorale que la fatigue lui fera arrêter trop vite. Mais il accompagne des équipes d'ACGF, l'Action Catholique des Femmes. Il écrit : « des équipes de grande qualité qui m'aident à mûrir et à m'ouvrir, en particulier à la situation des femmes dans la société et dans l’Église ».
« Je ne suis pas fait pour diriger » écrit-il encore. Et c'est heureux! Alors, il poursuit : « Ce m'est une grande joie d'être avec un peuple, d'avancer avec des chrétiens qui ont conscience d'être l’Église, en ce temps du Concile ».
Un homme de foi qui sait voir l'Esprit à l’œuvre dans la vie de l’Église, et qui rend grâces à Dieu.
La foi de Frère Hubert-Louis, c'est dans la vie ordinaire et quotidienne, la certitude d'être aimé de Dieu, même s'il reconnaît que c'est toujours à commencer et à recommencer : « En toutes circonstances, il est possible, sinon d'aimer vraiment, du moins de commencer à aimer. » C'est de cette manière que notre Frère a vécu la parole de la lettre de saint Jean : « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »
Notre Frère a fait profession de suivre Jésus. Il l'a contemplé dans sa parole et dans sa vie : « Voici comment nous avons reconnu l’amour : lui, Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. »
Nous avons pu parfois nous agacer quand Frère Hubert-Louis parlait de ses limites, de ses incompétences. Il a fait maintenant la rencontre avec Dieu dont saint Jean nous dit qu'il apaise notre cœur, « car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. »
Nous sommes là pour remettre la vie de Frère Hubert-Louis entre les mains de Dieu notre Père, pour rendre grâces pour tout ce qu'il fait de bon. Que nous sachions suivre l'exemple qu'il nous donne.
Je vous livre encore une de ses belles paroles : « Dieu nous aime tellement qu'il veut nous faire aimer comme lui ».
Frère Paul Fruchet