2020 Pierre blachon"Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »"  Jean 11,25-26 


Frère Pierre est décédé le 16 mai 2020 au matin à l’hôpital de Bagnols sur Cèze.

Témoignage de Marguerite Carbonare, de la communauté protestante.  

Je suis triste du départ de frère Louis et en même temps reconnaissante de l’avoir connu.
Je l’admirais pour son engagement, même après ses 80 ans, que ce soit au Collectif citoyen- je le revois en train d’éplucher les légumes pour la soupe au pistou -, que ce soit aux rencontres citoyennes ou aux Cercles du silence, fidèlement chaque vendredi, sur la place de l’église. Nous attendions qu’il arrive appuyé sur son bâton, coiffé de son sympathique bonnet.

Toujours très discret sur sa foi chrétienne : pas de prosélytisme, être relié aux autres, les écouter tous, c’était l’expression de sa foi, C’est pourquoi nous l’aimions tous beaucoup.

J’ai toujours bien aimé le voir présent à toutes les rencontres œcuméniques. Cela me faisait chaud au cœur, lorsque j’entrais au temple ou à l’église Saint-Roch, de le voir, fidèlement présent, pour assister avec à ces moments de partage de la Parole, dans une prière commune.

Il venait aussi, fidèlement, le premier vendredi de mars à la Journée Mondiale de prière, organisée par les femmes de nos deux communautés, elles présentaient un thème préparé chaque année par des chrétiennes d’un pays différent.

Quelle ouverture de sa part. Tout ce qui concernait l’univers l’intéressait!
Il n’était pas très bavard, plein d’humilité. Cette humilité, je le comprends bien, lui a fait tirer sa révérence avant qu’on ne lui fête son centenaire.
Après tant d’années d’engagement en Afrique et en France, qu’il repose enfin en paix auprès de notre Père

 

 Lectures : Rom 5,1-5 et Luc 12, 35-38 et 40

Nous avons coutume de dire, nous frères et sœurs des campagnes que notre spiritualité s’alimente de la parole de Dieu et de la vie des hommes. Louis était bien l’un de nous, animé par la foi et l’espérance dont nous parle l’auteur de l’épitre aux romains. Son espérance et sa foi se vivaient avec calme et patience et avec la simplicité du paysan qu’il était. C’était un « sage » un « roc » dit une amie. Oui il était solide dans ses convictions comme un « roc » et même parfois un peu « têtu » ; et pourtant il ne cherchait jamais la dispute ; s’il n’était pas d’accord il disait simplement : « oui faut voir » ! Ces derniers temps, si on lui communiquait le bonjour d’un ami rencontré il disait toujours : « merci, tu lui diras merci » A notre tour, Louis, nous te disons :
Pour ce que tu étais, merci et gloire à Dieu

Restez en tenue de service, votre ceinture serrée autour des reins ! Louis était un marcheur pour aller dans la nature ou dans le village rencontrer des gens. Il a gardé jusqu’à la fin la ceinture de cuir que nous avions autrefois au-dessus de notre tunique de Frères des campagnes. On se souvient aussi de son bonnet, de ses brodequins et de son bâton de pèlerin qu’il ne voulait jamais lâcher même en partant à l’hôpital. Il aimait aller dans des associations, jouer aux cartes, aux boules et avec d’autres s’engager pour des causes justes : Collectif citoyen et Cercles du silence.
Pour ta solidarité, Louis, merci et gloire à Dieu

Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Louis veillait avec « une grande curiosité » en accord avec la parole du Père Epagneul « mes frères soyez sagement curieux de tout » Il restait des heures à regarder par la fenêtre le paysage, les gens qui passaient : tout l’intéressait. En Afrique son nom était « Kiitou » : celui qui regarde avant d’agir et à qui rien n’échappe !
Pour ton regard de guetteur, Louis, merci et gloire à Dieu

A son départ d’Atchangbadè au Togo, après 9 ans de présence dans le village, les paysans ont voulu faire la fête : en réponse aux discours et applaudissements qu’il recevait, il dit aux gens : « ces applaudissements ne sont pas pour moi seul mais pour tous les frères ; vous avez bien compris que nous avions voulu ensemble travailler avec vous : vous avez accepté de vous unir pour avancer ; si un homme a une idée et en rencontre un autre qui a la même idée puis 2, 3, 4: c’est que l’idée est bonne. Et vous vous êtes mis en route !
Pour ton humilité, Louis, merci et gloire à Dieu

Quelques jours après, tu disais au Frère Remi : « Une amitié se manifestait. C’était une amitié partagée, une présence. Les paroles de louange à mon départ, s’adressaient à moi et à tous les frères. Nous ne sommes pas des individus, mais une communauté. Nous sommes réunis pour vivre ensemble dans des villages et pour travailler avec les paysans. Ils ont vu qu’on était venu pour aider tout le monde : ils nous ont vu travailler avec la houe, la pioche, les bœufs. Notre présence est un témoignage d’évangile, un témoignage de vie et de vie communautaire. Annoncer l’Evangile, c’est une proposition et c’est Dieu qui se fait reconnaitre. Vouloir annoncer l’Evangile dans un village sans partager la vie des paysans, ce ne serait pas normal. Partager la vie des ruraux c’est espérer ensemble un meilleur avenir. (extrait de Paysans africains)
Pour ton témoignage, Louis, merci et gloire à Dieu

« L’espérance ne déçoit pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». dit Paul. Louis tu as espéré cent ans, maintenant tu vois Dieu en face ! Tu emmènes avec toi chez Dieu l’amitié de ceux qui t’ont connu et comme dit un couple d’amis protestants en parlant de toi : « Louis a été « colporteur » en actes de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ! Son humanité, son ouverture œcuménique, sa simplicité, sa fidélité à Dieu et aux hommes ont été des cadeaux pour nous tous, tout au long des années où il passait, presqu’incognito, se satisfaisant d’un verre d’eau, d’amitié et de partage fraternel…
A l’image de Son Maître, il a été pour nous tous « un ami fidèle et tendre » !
Louis, pour ta fraternité merci et Gloire à Dieu.

                                         Frère Edmond

Frère Marius Aubry 1921-2020
 
Quelques mots sur le parcours de celui qui nous rassemble aujourd’hui…
De nombreux messages nous sont parvenus de personnes qui auraient souhaité être présentes à cette célébration, mais confinement et handicaps obligent.
 
Marius était le dernier survivant de sa génération. Sa dernière sœur est décédée il y a quelques années et son beau frère,  97 ans, dépendant  demande beaucoup d’attention de la part de ses deux enfants Jean-Marie et Philippe, , ce qui explique leur absence aujourd’hui.,
Marius est né le 16 février  1921.  Il approchait donc de ses cent ans.., à Sémézances, en Côte d’Or une petite commune rurale  à l’ouest de Dijon. C’est là qu’il est scolarisé et travaille sur la ferme avec son père en polyculture .
 
Très vite, un jeune prêtre au service de la paroisse,  lui propose des rencontres de JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne). Il y répond  et s’engage progressivement et deviendra responsable de l’équipe local.
Ce prêtre lui parle un jour des Frères  Missionnaires des Campagnes.  Il va prendre contact et  les découvrir. Et en novembre 1951, à 30 ans, il rejoint La Houssaye-en-Brie, Maison mère de cette jeune Congrégation fondée  quelques années plus tôt, par le Père Michel Epagneul, en 1943.
Après 18 mois de découverte et de préparation,  il prononce ses premiers vœux et rejoint la communauté de Canappeville dans l’Eure., il restera 2 années.
 
Puis c’est l’Indre, en 1955, à Urciers  où démarre une nouvelle communauté en plein secteur rural. De Urciers, la communauté va bientôt rejoindre Sainte-Sévère, le chef lieu du canton.  Il y restera jusqu’en 1977.
Durant toutes ces années, pour être présent et partager la vie des gens,  il est embauché comme ouvrier avec des formes bien diverses : on le retrouve dans l’équipe saisonnière qui mène la batteuse par exemple. Et à Sainte-Sévère il va se retrouver comme livreur de pain à faire la tournée dans la campagne. Les journées sont bien longues mais riches de contact. Et  il a à cœur d’avoir un petit mot gentil pour chacun.
Cette présence dans le milieu rural lui fait découvrir peu à peu la population des gens du voyage, nombreuse dans cette région. Il sait être attentif à leur divers besoins, n’hésitant pas à donner de son temps pour tenter de solutionner des  situations difficiles. Marius n’oublie pas qu’il est religieux et que c’est une façon de témoigner de ce qui le fait vivre.
En 1977, à 56 ans,  Marius rejoint Lorris, qu’il ne quittera plus. 43 ans de présence  :
- d’abord dans l’équipe responsable de la Pastorale du secteur, à la maison paroissiale 
- puis avec quelques Frères âgés, en location, dans la rue aux Chèvres, et en 1994, au 1 Faubourg de Montargis dans une maison spécialement aménagée pour des Frères âgés .
 
A Lorris, Marius continue son travail, surtout  près des gens du voyage. Il sillonne le Loiret (en 4 L).- Entouré d’une équipe de laïcs, il devient responsable de la Pastorale des Gens du Voyage pour le département. Avec les années il passera progressivement la main à d’autres.
- Et en  2018 c’est la Maison de retraite de Lorris, la Maison d’Émilie. qui l’accueille. Toujours souriant malgré sa surdité.
Un grand merci à tout le personnel.
 
Merci Marius pour tout ce que tu as apporté à tous ceux que tu as pu rencontrer. Ton sourire, ta gentillesse, le souci des autres, les dépannages multiples, transport par exemple. A travers ces petits gestes, c’est toute ta vie qui a e été missionnaire.

Depuis des années tu attendais sereinement ce grand passage. Te voici comblé, même si les circonstances sont difficiles.

                                                                                                                                                                                                    Merci Marius.