2016 Jacques Maitre 2010 meditatif1928 – 2016
C’est bien, serviteur bon et fidèle
entre dans la joie de ton Seigneur
                                Mt 25, 23

Sans faire de bruit,  Frère  Jacques s’en est allé paisiblement dans la nuit du 15 au 16 juin. Il avait 87 ans et était depuis quelques mois à la maison de retraite de Chéroy (89).

Ses obsèques ont été célébrées à l’Eglise de la Houssaye en Brie le lundi 20 juin 2016, suivies de l’inhumation au cimetière du village.

                              Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul..  Julien n’est pas resté seul - la preuve, c’est déjà notre présence ce soir - Julien savait nouer des relations  dans tous les milieux, dans toutes les circonstances. C’est sans doute un trait de sa personnalité, mais c’est aussi lié à sa foi, à sa manière de témoigner de la Bonne nouvelle de Jésus.

Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt il donne beaucoup de fruits. Qu’est-ce que veut dire mourir ? Le grain de blé se transforme, une part de lui-même disparait pour donner la pousse puis plus tard le fruit. Julien s’est laissé façonner par le Seigneur. Il est né en terre  picarde, de parents ouvriers agricoles. Lui-même a été ouvrier d’usine, puis agricole. Durant son service militaire, il fait une expérience spirituelle et retrouve de manière plus vivante, plus personnelle la foi de son baptême. Puis il rencontre la JAC (jeunesse agricole chrétienne) Il dira souvent lui-même « ce fut la chance de ma vie ». La JAC qui l’entraine sur des chemins imprévus des responsabilités nationales comme permanent au service des ouvriers agricoles, la JAC qui lui fait rencontrer les Frères Missionnaires des campagnes, et résonner en lui un appel à la vie religieuse.

Si quelqu’un veut me servir qu’il me suive, et là où je suis là aussi sera mon serviteur
On peut dire que Julien est avec Jésus, pas seulement maintenant après sa mort mais depuis toujours, et on peut dire aussi que Julien a rendu présent le Christ là où il passé. Il a été présence du Christ dans ses différentes activités. Il insistait beaucoup sur la formation, et il regardait comme une chance d’avoir fait le stage en élevage au centre de formation de Canappeville. Il a été présence du Christ dans son travail d’ouvriers agricole à Charny dans l’Yonne, et dans ses engagements à l’ASAVPA (Association de salariées agricoles )
Il a été présence du christ en Afrique, au Togo, au Burkina puis au Bénin dans son travail de développement et d’accompagnement des jeunes Frères africains, pays auxquels il est resté très attaché, mais qu’il a du quittés en catastrophe pour raison de santé.
Après un temps de repos à Crancey, il passe quelques années à La Houssaye et rejoint Canappeville en 2000 où il restera jusqu’en avril 2016

Celui qui aime sa vie la perd, celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle nous dit encore Jésus. Julien n’hésitait à donner, son temps, son amitié, ce qu’il avait. Il avait du mal à dire non, ce qui l’entrainait parfois dans des situations difficiles. C’était sa manière d’être témoin du christ, à travers l’accueil, le service, la rencontre, son enthousiasme, sa disponibilité.
Ces derniers mois il a senti ses forces diminuer. Il n’arrivait plus à faire ce qu’il voulait. Il en souffrait au point d’avoir des crises d’énervement, mais avec simplicité il savait le reconnaitre et demander pardon. Très attaché à Canappeville il a généreusement accepté de rejoindre une maison plus adaptée à sa santé. Je l’ai revu à Brienon il y a aujourd’hui 15 jours. Il n’était pas centré sur lui-même mais restait ouvert aux autres. Il m’a remercié pour la carte que je lui avais envoyée de Lourdes 15 jours auparavant.
Ce soir, dans l’Eucharistie, nous pouvons apporter toute cette vie de Frère Julien, qui s’épanouit en vie éternelle. Nous pouvons faire monter vers Dieu un grand merci.
Pour nous y aider, je reprends l’expression de l’un ou l’autre quand il a appris le décès de Julien :
Julien était pour nous tous, famille, enfants, amis en communion, un vrai rayon de soleil, dépassant ses soucis, ses souffrances et ses limites pour nous entrainer dans la foi de la louange. Merci d’avoir été au milieu de nous tout simplement un frère.

Je garde le souvenir d’un homme toujours souriant et toujours positif, un homme de foi.

Je le vois là-haut, souriant, avec le pouce en l’air, nous disant : super, c’est formidable

ou encore : Julien est pleinement heureux. Il a surement été enthousiasme en découvrant le Seigneur dans sa splendeur.

Si le grain de blé tombé en terre ne meure pas, il reste seul ; s’il meurt il donne beaucoup de fruits… Ces paroles en lien avec la vie de Julien sont un appel pour chacun d’entre nous.
Frère Emile Duthoit

Homélie de Fr Paul Fruchet aux obsèques de de Frère Jacques Maître,
le 20 juin 2016 à La Houssaye-en-Brie

« Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. » : 1 Jn 4, 7-10

Notre vie, nous la recevons comme un cadeau. Ce que nous avons de mieux à faire, c’est de rendre grâce, à notre Créateur d’abord. En rendre grâce pour celles et ceux qui sont nos compagnons de route et qui nous aident à développer cette vie, la faire grandir. C’est dans la relation aux autres que se manifeste la valeur d’une vie. Les personnes qui ont rencontré frère Jacques et en premier lieu sa famille et ensuite les Frères qui ont vécu avec lui en communauté ont pu être témoins et bénéficiaires de son écoute attentive, de sa délicatesse, de sa prévenance ; c’était le fruit de sa grande sensibilité ; et il donnait ainsi toute sa valeur au mot de Frère, vis-à-vis de nous ses Frères en communauté et envers les gens qu’il rencontrait.
C’était sa manière de vivre à la suite de Jésus qui a été attentif à toute personne rencontrée, qui allait au-devant des plus faibles, leur manifestant la bonté et la miséricorde du Père. Frère Jacques a vécu ainsi en allant parfois jusqu’à la limite de ses forces.

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même » : Luc 9, 18-24

En s’engageant à vivre la vie de Frère Missionnaire des Campagnes, frère Jacques a voulu marcher à la suite de Jésus.
La suite du Christ, frère Jacques l’a vécue dans l’humilité : il se disait souvent inférieur aux autres, souvent tracassé parce qu’il aurait dû faire mieux, faire autrement. Au point que c’était parfois gênant pour ceux qui travaillaient avec lui.


« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

Sa croix, frère Jacques l’a portée dans son corps, dans sa chair. De santé fragile, il lui a fallu du temps pour ses années de formation première. Plus tard, en 1975, à Sainte Sévère (Indre), c’est à l’avant-veille de Noël qu’il a dû partir se reposer, tout désolé de nous laisser son travail à faire.
Porter sa croix à la suite de Jésus, Frère Jacques aurait voulu le faire encore en portant la croix des autres. C’était manifeste quand il revenait d’une visite et qu’il nous disait la grande peine qu’il avait rencontrée chez une personne ou dans une famille.
Porter sa croix, vouloir porter la croix des autres, çà n’empêchait pas Frère Jacques de garder le sourire. Il me plaît de penser que c’est avec ce bon sourire qu’il a vécu le face à face avec son Dieu.

Frère Jacques a achevé son chemin sur la terre. Nous le remettons entre les mains de Dieu notre Père. Que ce Père de miséricorde lui accorde son pardon; qu’il l’accueille dans son amour et dans sa vie.Seigneur, établis maintenant Frère Jacques dans ta paix.
Accueille-le dans ta lumière.

                                                     Frère Paul Fruchet

2016 danslacour canne maingaucheFrère Jacques   MAITRE.
au prieuré de Brienon (89)

 Jacques est né à Châtillon sur Seine, en Côte d'Or, le 23 décembre 1928 ; il fut baptisé dès le 27 décembre. Il reçoit la confirmation, le 21 mai 1938. Il a fait ses études au collège Saint Joseph à Reims, puis au collège Saint François de Sales à Dijon.
En 1949, il est accueilli à la Houssaye et fait sa première profession comme Frère Missionnaire des Campagnes, le 1er octobre 1950 : il avait 22 ans.

 Sa vie de communauté et de mission se déroule en cinq étapes de 10 à 13 années chacune.
De 1952 à 1962, c'est le temps de formation, en philosophie et en théologie, entrecoupé par le service militaire. Il fait sa profession perpétuelle le 28 septembre dans l'église de La Houssaye en Brie. Il est ordonné prêtre par Mgr Courrège, le 8 avril 1962. Frère Jacques est de santé fragile, mais il reste vaillant et fidèle.

 Après une année à Saint Sulpice dans l'Oise, il est envoyé au Prieuré Saint Joseph à Sainte Sévère dans l'Indre, de 1965 à1975.  Avec ses Frères, il anime un secteur pastoral.

Il quitte l'Indre pour le Prieuré Notre-Dame des Bois à Canappeville dans l'Eure, après être resté une année au Prieuré Saint Paul, à la Croix sur Ourcq ; il se donne pendant douze années au service paroissial de 1976 à 1988.

Son parcours fraternel et missionnaire se poursuit en Isère, à Pommier de Beaurepaire, de 1988 à 2001 ; ils sont quatre Frères en partenariat avec des Sœurs Dominicaines des Campagnes. Ensemble, ils forment, Sœurs et Frères, une communauté de prière et de vie apostolique au service de la région. Frère Jacques rend service, en lien avec le curé de la paroisse.

Il fait un cours passage à Montricoux, en Tarn et Garonne et entame sa dernière grande étape : de 2002 à 2014, à Dieulefit dans la Drôme, où il retrouve trois autres Frères à la retraite. Nous sommes venus de la Drôme, Frères Louis, Edmond, Lucien et moi-même, porter le témoignage des gens avec lesquels il a vécu pendant douze ans. Ils aiment dire que Frère Jacques avait une présence active et fraternelle, une insertion simple au milieu de la population, sans prise de responsabilité. Ils soulignent ses qualités d'écoute, de simplicité, de don de soi, de sourire malgré la fatigue et les ennuis de santé. Il donnait le meilleur de lui-même en participant à des associations : groupe de gymnastique, chorale, groupe de lecture... et surtout visite des malades en lien avec les protestants. Il avait une attention toute spéciale pour les personnes seules, en panne de vie sociale. Au Prieuré, Frère Jacques nous parlait de Voinette, une vieille femme seule qu'il aimait inviter à notre table ; de Lucien, un homme grabataire à l'EHPAD, près de chez nous ; de Simone, qui a retrouvé par lui le chemin de la foi. C'est d'elle que je ramène ce mot : ''Jacques, c'était un berger''...

Son départ de Dieulefit pour Brienon (89) en 2014 fut un arrachement ; sa santé était devenue de plus en plus fragile. Sa vie sur terre s'est achevée le 16 juin 2016, à la maison de retraite de Cheroy, dans l'Yonne ; il était dans sa 87ème année, la 66ème année de sa vie de Frère.

Qu'il contemple à jamais le Seigneur qu'il a aimé et servi !

                                                                                                                                   Frère Charles Jourdain