Témoignage de Marie-Paule et Daniel Leroy

Le souvenir que Daniel et moi voulons garder de Frère Roger, c’est son énergie, son besoin d’entreprendre, son besoin d’agir.
Quand il est arrivé à Lorris il revenait du Togo où il avait voulu apporter des moyens de communication aux populations en construisant des ponts. Il y avait exercé des fonctions de véritable architecte et de chef d’entreprise.
A Lorris Roger animait un groupe de catéchisme et s’il aimait éveiller la Foi chez les enfants, il aimait aussi accompagner les plus grands en les emmenant dans des randonnées à vélo, où les jeunes pouvaient se défouler et se laisser interroger par lui.
Son passage au Togo l’a rendu sensible aux actions du CCFD et ensemble nous avons animé plusieurs soirées bol de riz avec des débats. Chaque année nous découvrions un nouveau pays, une nouvelle action.
A cette époque-là il avait accompagné notre équipe CMR du secteur, nous avons vécu de bons moments de rencontre et de partage.
Je veux garder aussi de Roger toute l’attention et la disponibilité qu’il avait pour sa maman. Pour rester proche de sa maman malade il a différé son retour au Togo.

Roger aimait sa Giettaz, la Giet comme il disait. Quel bonheur pour lui d’y retourner, de retrouver sa maman, la famille, et d’effectuer plusieurs marches en montagne. Il devait y mettre de l’énergie !!!
Nous voulons aussi rappeler ses rires quand il racontait ses exploits et de son plaisir à venir partager quelques parties de belote. Même à la belote distribution de cartes et jeu étaient dynamiques. Ses visites à l’improviste seul, avec un frère ou des amis de passage, c’était sa façon de garder le lien.

A son 2ème retour du Togo, alors qu’il avait pris en charge le secteur paroissial de Bellegarde, il a aussi accompagné l’équipe de préparation au mariage et à nouveau nous avons eu le bonheur de travailler avec lui.

De Roger, avec Daniel, nous voulons nous souvenir de son énergie, de sa passion pour le monde rural dont il était issu, de son attention aux hommes, de sa sensibilité. Sa Foi était inébranlable solide comme un roc, comme sa Giet.

Marie-Paule Leroy

 

Témoignage de Michel Meunier, prêtre

J'ai connu le frère Roger au moment où il arrivait dans le doyenné du Gâtinais-Sud  pour son premier séjour. En 1986 il lui avait été confié la responsabilité du groupement paroissial de Lorris.

Je me contenterai de trois flashes  :
1. Ce que je retiens en premier : Roger était un religieux... je ne vous apprends rien... mais c'est essentiel! Il était profondément relié à la communauté des Frères Missionnaires des campagnes avec le souci de témoigner de la Bonne Nouvelle à travers la prière, la vie fraternelle et le service des  hommes et des femmes. Avant d'être le curé de Lorris , il était frère des campagnes.
2. La particularité qu''il apportait c'était son expérience pastorale en Afrique qui l'avait profondément marqué et qui nous ouvrait à d'autres horizons.
3. Dans le souci des Frères d'être présents à toute la population, Roger s'était rendu proche des familles marocaines, nombreuses à cette époque. Plus spécialement il était arrivé à provoquer des rencontres entre jeunes marocains et jeunes français.

Merci frère Roger !

Frère Jacques a écrit ses souvenirs d’enfance et de jeunesse…

Son frère, René DENTIN, en a lu quelques extraits à l’assemblée des obsèques…

Au début de ce mois, lors d’une visite où Jacques avait encore une parole, mais très affaiblie, il évoquait un nom aimé de notre jeunesse. Je lui ai dit « tu replonges dans ton enfance », il m’a répondu « Elle ne m’a jamais quitté ».C’est cette enfance que je vais évoquer avec les mots de ses souvenirs et les noms des êtres qui lui étaient si chers.

Il a écrit :

Avant même ma naissance, j’ai appris que j’avais été aimé, désiré et confié à Dieu.

Cousine Berthe, la marraine de maman, est liée à mes plus vieux souvenirs religieux, sinon mes premières émotions spirituelles. Je l’accompagnais le soir, lorsqu’elle se rendait en visite au Saint-Sacrement. Elle s’arrêtait au 1er banc du fond de l’église, et de là, je voyais briller la petite lampe rouge du sanctuaire. Tout cela m’ouvrait à un univers mystérieux qui me fascinait et je pense l’avoir accompagnée sans réserve dans cette dévotion quotidienne.

Marraine, la tante de maman, a été pour moi la vraie grand-mère, toujours présente, attentive, ne me refusant rien ou extrêmement rarement. C’est à elle que je dois l’essentiel de mon initiation à la prière personnelle. Le soir Marraine nous couchait et elle se mettait à genoux au bord du lit pour dire avec nous « Notre Père », « Je vous salue Marie », « les Actes » .

Mon grand-père, « Papa Médée », avait fait la guerre 14-18. A 90 ans, il en faisait encore des cauchemars de cette folie suicidaire de l’Europe. Il avait les valeurs d’honnêteté, de droiture, de courage, du travail fait avec amour et intelligence sans oublier une foi commune, sincère et solidement enracinée dans la vie. Il n’aurait pas supporté la moindre malhonnêteté. Il avait un grand amour de la terre, une vraie joie à bien la travailler. J’oserais penser qu’il me l’a transmis et je lui en suis profondément reconnaissant entre autres choses.

Enfant, c’est avec Maria que je vivais tous mes loisirs à la ferme. Comme j’aimais passionnément les bêtes, le jeudi j’allais avec elle « gratter » l’étable quand elle sortait le fumier, je l’accompagnais pour conduire les vaches en pâture, elle m’a appris à jardiner, à semer, à repiquer, en suivant les saisons. J’allais traire avec elle et dès 8 ans, elle me réservait les vaches les plus faciles et les plus douces. Elle avait une foi profonde : cet échange avec elle a duré 72 ans.

La 1ère fois où j’ai quitté Bourseville, la maison familiale et tout l’environnement rural dans lequel j’ai grandi, ce fut pour « aller en pension » chez les jésuites à la Providence, puis à Sailly-Flibeaucourt avec les « Frères des Écoles Chrétiennes ». J’ai eu beaucoup de mal à m’habituer à cette vie collective. J’ai un bon souvenir du travail scolaire demandé et sans m’en rendre compte j’avais été bien préparé par les instituteurs de Bourseville, Mr Leroy, père de Maryse, qui sera déporté en 1944 et Mme Dufrien.

Après le brevet, j’avais 16 ans, le retour à Bourseville s’est vécu dans un enthousiasme fou. J’étais tellement heureux de commencer à travailler sérieusement et de prendre ma place à la ferme surtout pour tout ce qui concernait l’élevage.

Le grand initiateur de mon engagement à la JAC fut Pierre Delabie, mon aîné de 4 ans et qui devint aussi un grand ami. D’emblée, il s’est situé dans une optique de responsabilité missionnaire : "Tu as beaucoup reçu au plan de la foi, durant tes années de formation dans l’école chrétienne, tu dois maintenant penser à partager avec les autres"

Le congrès de la JAC à Paris fut le grand événement marquant de ma jeunesse. J’avais juste 18 ans, l’âge minimum requis. Il a duré 3 jours. Quelle ambiance partout dans les lieux de Paris où nous nous retrouvions !, entre autres bien sûr le parc des princes archi-bondé de jeunes enthousiastes, reconnaissables à leurs foulards, sinon aussi par leur origine provinciale.

Pour mon service militaire, Je pense avoir compris assez vite que si on ne voulait pas avoir trop d’ennuis avec les gradés, il valait mieux ne pas se faire remarquer ni pour les horaires, ni pour la tenue ; pas d’excès de zèle. A la fin du peloton, plusieurs ont été nommés «  sergent ». Je suis sorti « caporal-chef », avec la mention : « Bon élément, manque de dynamisme ». La constatation me semblait assez juste...

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N.B. : Je laisse ici les souvenirs de Jacques pour ajouter les miens…

Quand Jacques parle de son enthousiasme fou de commencer à travailler sérieusement après le brevet, ( il a oublié de préciser qu’il était le seul reçu des 14 candidats présentés par les Frères à la dernière mouture du BE en 1948), je peux en témoigner : je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi efficace, organisé, rapide dans son travail, sauf Maria et Papa Médée. Il assurait tout le service de l’élevage, la traite, l’affouragement, le nettoyage. Dès six heures le matin, on entendait les brocs de lait s’entrechoquer…

Avec les jeunes de la JAC, les préparations des fêtes de moisson, des coupes de la joie, toutes ces activités occupaient le peu de loisirs restant en prenant même beaucoup sur le temps de sommeil. Mais le lendemain matin, quelle que soit l’heure de son retour de réunion en vélo ou derrière la moto de Pierre Delabie, à six heures pile, la journée de travail recommençait au même rythme…

Sa foi était si profonde avec une attirance mystique que j’étais persuadé qu’il rentrerait dans la vie religieuse. Sa décision de reprendre ses études pour être prêtre coïncidait avec notre mariage. Jacques était si bien intégré et reconnu dans le monde paysan que la nouvelle marqua le village. Je revois le vétérinaire dire, un jour qu’il soignait une vache, Jacques tenant la patte arrière avec un bâton serrant une longe torsadée: « Eh bien, les Frères font une sacrée recrue ! » ; en me regardant, je voyais clairement qu’il pensait : " et vous, vous allez être dans une sacrée panade ! "

Les Frères missionnaires des campagnes sont devenus sa deuxième famille…

2015 Pierre Roulon(1928 - 2015)
« Parce que nous aimons nos frères,
nous savons que nous sommes passés
de la mort à la vie. »  1 Jean 3, 14

Frère Pierre Henri Roulon participait à la retraite d’Aiguebelle avec ses frères. Il a choisi ce lieu pour nous quitter. Il est parti dans la nuit du 20 au 21 février 2015. Frère Pierre Henri est né le 25 mai 1928 à Estouy (Loiret). Il a fait sa 1ère profession le 12 juin 1960.

Ses obsèques ont été célébrées à la maison de retraite N.D. de La Blache à Pont Saint Esprit le Lundi 23 février 2015 .  
Une célébration a eu lieu le Mercredi 25 février  à l’Eglise de la Houssaye en Brie suivie de l’inhumation au cimetière du village.

Frère Jacques est né le 3 juin 1932 à Bourseville dans la Somme. Deux ans plus tard naît son frère René, puis en 1940 une sœur, Monique. Les deux sont agriculteurs. Après l'école communale, Jacques fait la sixième et la cinquième à la Providence d'Amiens. Puis il fait deux ans chez les Frères des écoles chrétiennes à Sailly-Flibeaucourt (Somme). Il passe le brevet élémentaire. Ensuite, il continue le travail à la ferme, en suivant les cours de la chambre d'agriculture pendant trois ans.

Il accomplit son service militaire du 14 novembre 1952 au 13 avril 1954. Rappelé le 26 août 1956. Il est libéré le 22 février 1957.
Au retour du service militaire, il reprend le travail à la maison.

Il a fait 8 années de JAC (deux ans comme responsable de secteur et deux ans comme responsable de zone).
Il a été conseiller municipal...


Sa vocation et sa formation comme Frère Missionnaire des Campagnes

1932 2016 JacquesDentin LaCroix 61 62Né dans une famille chrétienne, il a été  baptisé le 17 juillet 1932 (voir la photo de l’église de son baptême à BOURSEVILLE  -  Somme).
Deux de ses oncles étaient prêtres, Paul et Pierre Dentin. Une de ses grands-tantes était religieuse contemplative.
Il ressent un appel à être prêtre. Son père l’encourage.
Et en 1959 (à 27 ans) il entre au Séminaire de St Jean-les-deux-Jumeaux pour compléter ses études secondaires. Il y reste deux années.


Il entre au Noviciat des Frères le 28/9/1961 et fait ses premiers voeux le 29/9/1962. Photo ci-contre : Noviciat à La Croix-sur-Ourcq (Aisne)  

Il fera sa Profession perpétuelle en 1965.Il a fait ensuite ses études de théologie à Toulouse, depuis le prieuré de Pibrac (Haute-Garonne), de 1964 à 1968.

Il devient prêtre pour le service des ruraux dans la Congrégation FMC le 31 mars 1968 à Rozay-en-Brie (Seine-et-Marne).


Ses engagements et son ministère

Il a commencé son ministère à La Croix sur Ourcq (Aisne) en Septembre 1968. Il est venu au Noviciat pour remplacer le Frère Robert comme Maître des novices. Ses jeunes frères ont apprécié sa passion pour l'histoire de l'Église et en particulier pour les Pères de l'Église. Au bout de 3 ans le Noviciat dont il était responsable s’est transporté à La Houssaye en Brie (S. et M.), la Maison-Mère.
Premiere equipe Dentin Aubry Becquet Masthias Marmion MansuyDebout, de g à d. : Frs Jacques Dentin, Marius Aubry, Gilles Becquet, Michel Masthias

Agenouillés, de g. à d. : Frs Clément Marmion, Charles Mansuy

Ensuite, Il a continué sa présence religieuse et ministérielle à Lorris (Loiret) en 1976 [photo ci-contre],

à Ille sur Têt (Pyrénées orientales) en 1990, au Moulin de l'Oulme (Gard) en 1997, à nouveau à La Houssaye (Seine et Marne) en 1999 puis à Boulogne sur Gesse (Haute Garonne) en 2001.

Enfin à Brienon (Yonne) en 2007. Après un temps passé au Prieuré, il est entré à la maison de retraite d'à côté, suite à des problèmes de santé importants. Peu à peu ses forces ont diminué. Sa maladie a été une épreuve, bien sûr, mais il a vécu cela dans une foi très grande. Tous nous avons été fortement touchés par ses paroles simples et pleines de sagesse. Il aimait réconforter le Frère, le parent ou l'ami qui passait alors que c'était lui qui en aurait eu besoin. Il ne tarissait pas d'éloges sur le personnel de la maison de retraite, sur les soignants des hôpitaux où il est passé. Il se préparait à faire le grand passage avec humilité et toujours avec son sourire, il disait : «je me prépare au grand passage, Jésus m'attend».